Substitution à l'héroïne: menace sur l'accès au Subutex

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Substitution à l'héroïne: menace sur l'accès au Subutex

Messagepar Anonymous » 21 Jan 2013, 04:01

Date : 10/01/06
Source : Libération
Site : http://www.liberation.fr
URL : http://www.liberation.fr/page.php?Article=350192


Société

Le ministère de la Santé pourrait classer comme stupéfiant ce médicament.
Substitution à l'héroïne: menace sur l'accès au Subutex

Par Matthieu ECOIFFIER
mardi 10 janvier 2006

'est un vieux fantasme de la droite réactionnaire : prescrire des
médicaments de substitution à l'héroïne, ce serait donner de la drogue aux
drogués : «Est-il normal que le Subutex - une véritable drogue - soit
devenu le deuxième médicament remboursé par la Sécurité sociale, tout en
contribuant à hauteur de 30 % au trafic de rue», s'indigne ainsi le Dr
Bernard Debré, député UMP, en décembre 2005. Il se trompe : le Subutex est
le 16e médicament remboursé, mais l'obsession sur le trafic - un phénomène
marginal - est bien réelle. Elle pourrait trouver une traduction répressive
rapidement.

Selon nos informations, la Commission nationale des stupéfiants a adopté
mi-décembre un avis de classement du Subutex (buprénorphine) comme
stupéfiant, à l'instar de la morphine. Jusqu'à présent, cette molécule
avait un statut de «plante vénéneuse». Une ordonnance sécurisée - sans
photocopie possible - délivrée pour 28 jours maximum par un médecin de
ville était nécessaire au patient pour aller chercher ses cachets à la
pharmacie. Cet accès relativement large a permis de soigner 85 000
ex-usagers de produits opiacés en supprimant le symptôme de manque sans
pourtant procurer de «flash».

Boîtes au coffre. «Notre avis positif au classement de la buprénorphine
comme stupéfiant est pour l'instant confidentiel. Il appartiendra au
ministre de la Santé et à l'agence du médicament de le suivre», confirme un
des membres de cette commission composée de médecins, pharmaciens et
organismes publics. «C'est une demande du ministère de l'Intérieur. Les
policiers en ont assez de voir des mecs vider leurs poches pleines de
Subutex en disant : "Vous ne pouvez rien faire !" Avec le classement en
stup, ils pourront exiger une ordonnance. Si elle ne correspond pas à la
quantité, les personnes se verront sanctionnées au titre de la législation
sur les drogues. Du point de vue policier, c'est peut-être efficace, mais
pour les soins, il y a des risques», estime Jean Lamarche, président de
Croix verte et Ruban rouge, qui travaille à faire le lien entre pharmaciens
et toxicomanes. Autre conséquence pour les officines : «A partir du moment
où le Subutex passe stup, on ne pourra plus le commander par téléphone, il
va falloir noter toutes les entrées et sorties sur un registre et garder
les boîtes au coffre : cela va décourager certains pharmaciens.»

«Trafic de fourmi». Si cette fois, la commission a penché en faveur d'un
classement, c'est aussi parce que la Mission interministérielle de lutte
contre la drogue et la toxicomanie (Mildt) a appuyé la demande de
l'Intérieur : «En 2006, il y aura l'arrivée des génériques du Subutex. La
Mildt flippe et préfère refiler la patate chaude du trafic aux flics,
explique un acteur du dossier. Mais comme il s'agit d'un trafic de fourmi,
et pas de détournements de palettes entières de Subutex, les outils
policiers ne seront pas adaptés.»

Pour le pharmacien Lamarche : «Les prix baissant avec les génériques, il va
y avoir plus d'achats hors remboursement et cela alimentera le trafic. Pour
être efficace, il faudrait que le Subutex reste cher - son prix est de 22
euros la boîte de 7 comprimés, remboursé à 100 % - et que le laboratoire
Shering Plough s'engage, en contrepartie de son monopole, à reverser une
partie des bénéfices pour financer la lutte contre la drogue.»

Pour l'heure, le trafic ne concerne qu'environ 10 % des patients. Par
ailleurs, les ordinateurs de l'assurance maladie sont déjà capables de
repérer ceux qui se font prescrire du Subutex par plusieurs médecins en
même temps pour en revendre. «Dans le Sud-Ouest, les Caisses ont convoqué
ceux qui ont des prescriptions délirantes et cela a suffi à les calmer»,
explique Fabrice Olivet, directeur d'Asud, association d'usagers. Au
ministère de la Santé, on assurait hier qu'aucune décision ne sera prise
sans concertation.



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