La Main Verte

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Semaine du jeudi 8 décembre 2005 - n°2144 - Notre époque

Vu Lu

La prohibition au crible

Discrètement sorti fin octobre aux Presses universitaires de Rennes, ce
livre aurait dû faire bondir plus d'un député. Sous couvert d'une étude
juridique transversale, cet ouvrage collectif se livre en effet à un procès
en règle de la législation française en matière de lutte contre la
toxicomanie. Les auteurs y posent les bases d'une autre politique qui ne se
focaliserait plus sur les produits, licites ou illicites, mais sur les
comportements, et qui ne considérerait plus l'usager de drogue comme un
délinquant, mais comme un citoyen à part entière. Les analyses de juristes,
de sociologues, d'historiens ou de professionnels battent en brèche
l'illusion d'une société sans drogue. Une utopie que seuls « les Chinois
sous la férule du Parti communiste et l'Afghanistan sous celle des talibans
» sont parvenus à réaliser, rappelle en préface Me Henri Leclerc, président
d'honneur de la Ligue des Droits de l'Homme.

Jérôme Hourdeaux

«La Prohibition des drogues. Regards croisés sur un interdit juridique»,
sous la direction de Renaud Colson et Serge Karsenty, Presses
universitaires de Rennes, 12,50 euros.

Jérôme Hourdeaux




© Le Nouvel Observateur

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Renaud Colson, juriste, maître de conférence à l'Université de Nantes, et Serge Karsenty, sociologue au CNRS, co-auteurs de "La prohibition des drogues. Regards croisés sur un interdit juridique", étaient les invités des forums du Quotidien Perm@nent nouvelobs.com le jeudi 8 décembre de.
Vous pouvez lire leurs réponses en cliquant ici.

Renaud Colson, juriste et maître de conférence à l'Université de Nantes a consacré sa thèse, publiée en 2005, à "La fonction de juger : Etude historique et positive" (LGDJ, 2005). Il a co-dirigé, avec Serge Karsenty, la réalisation de l'ouvrage collectif "La prohibition des drogues. Regards croisés sur un interdit juridique" (L'univers des normes, Presses universitaires de Rennes, 2005).

Serge Karsenty est sociologue, chargé de recherche au CNRS, membre du laboratoire droit et changement social à Nantes, membre du collège scientifique de l'Observatoire français des drogues et toxicomanies et membre du conseil scientifique du Comité français d'éducation pour la santé (CFES).



Il a co-dirigé la rédaction de l'ouvrage "La prohibition des drogues. Regards croisés sur un interdit juridique".

Au travers des analyses successives d'historiens, juristes, sociologues, magistrats, avocats, policiers et militants associatifs, ce livre "fait le pari d'une étude critique de l'institution prohibitionniste au moyen d'une mise en perspective des connaissances théoriques de chercheurs et des expériences pratiques d'acteurs sociaux."
Cette étude transversale passe ainsi en revue l'histoire de la prohibition, de la vente légale d'opium par l'Etat français en Indochine à la loi de 1970, les incohérences actuelles du dispositif légal, l'échec du modèle actuel de prohibition ou encore "les effets géopolitiques pervers" de la guerre mondiale contre la drogue.
"En jouant sur les peurs, en remplissant les prisons, on rassure peut-être, mais on ne fait qu'amplifier le problème", affirme dans la préface Me Henri Leclerc, avocat et président de la Ligue des droits de l'Homme, qui rappelle que seuls "les Chinois sous la férule du parti communiste et l'Afghanistan sous celle des talibans" sont parvenus à éradiquer les drogues illicites.
"Les citoyens ne peuvent aujourd'hui feindre d'ignorer les risques que font courir à la démocratie les moyens employés dans cette guerre à la drogue", affirme le juriste en demandant l'ouverture "d'un débat serein et démocratique".
Outre Me Henri Leclec, Renaud Colson et Serge Karsenty ont notamment participé à cet ouvrage Francis Caballero, avocat et professeur de droit, Anne Coppel, sociologue et présidente de l'Association française de réduction des risques, Jean Danet, ancien président du Syndicat des avocats de France, Jean-Pierre Galland, écrivain et militant anti-prohibitionniste, Michel Kokoreff, sociologue et chercheur au CNRS, Olivier Ménard, historien du droit, André-Michel Ventre, haut-fonctionnaire, ou encore Jean-Luc Venisse, chef du service d'addictologie du centre hospitalo-universitaire de Nantes