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une peine de sursis pour un petit trafic de résine de cannab

MessagePosté: 21 Jan 2013, 03:59
par daniel
Société

Pas méchant, mais influençable
Jérémy, condamné à quatre ans, la plus lourde peine depuis le début des troubles.

Par Haydée SABERAN
vendredi 18 novembre 2005



Lille de notre correspondante



«C'était pour faire comme tout le monde.» Voilà ce qu'a dit Jérémy V., 20 ans, un fils d'ouvrier qui vit chez ses parents, quand le juge lui a demandé pourquoi. Jérémy a avoué aux policiers et aux juges avoir mis le feu aux magasins de meubles But et Saint-Maclou d'Arras, près de chez lui. Puis à une R19, avec son copain Grégory B., la nuit du 8 au 9 novembre, il a mis le feu avec des bouteilles enflammées.

Avertissement. Ce soir-là, Jérémy avait fait la vaisselle avant de partir, indique la journaliste de la Voix du Nord qui a assisté à son procès en comparution immédiate au tribunal correctionnel d'Arras, ce mardi. Ce jeune homme blond à lunettes en survêtement, peu loquace, titulaire d'un BEP et d'un bac professionnel de peintre en bâtiment, a pris quatre ans de prison, la peine la plus lourde jamais prononcée jusqu'ici depuis le début des émeutes urbaines en France. Le procureur avait requis trois ans. Pourquoi une aussi lourde peine ? Son casier judiciaire ­ une peine de sursis pour un petit trafic de résine de cannabis ­ n'y est pour rien, selon son avocate, Me Marjorie Thuilliez. «C'est un avertissement du tribunal en direction de ses amis, présents à l'audience. On a voulu mettre en garde les futurs incendiaires d'Arras.»

Jérémy et Grégory vivent dans les quartiers ouest, où habitent côte à côte enfants d'ouvriers du Nord et de l'immigration. Son avocate a essayé de comprendre. Elle n'a pas réussi à tirer de Jérémy une explication pour son geste. «Il a endossé la responsabilité de l'incendie du magasin. Il s'est caché dans son mutisme, par peur de représailles, pour lui et sa famille. Ses amis de la cité étaient présents à l'audience», indique Marjorie Thuilliez. «Le soir, quand ses parents lui ont demandé de rester à la maison, il a préféré aller voir ses potes. Il m'a simplement dit qu'il ne pensait pas que cela prendrait ces proportions.» Son avocate le décrit comme un garçon «pas méchant, mais influençable. Un enfant, en rébellion un peu tardive».

Autoradio. Lundi 14, Jérémy aurait dû reprendre une nouvelle mission d'intérim. Il avait obtenu un brevet de secouriste. Après son permis de conduire, ses parents lui avaient offert une voiture. La voiture de sa mère avait brûlé cette année. Le 9 novembre à midi, la police est venue le chercher. En rentrant de l'usine, son père a retrouvé un mot de sa femme sur la table, mais pas d'explication. Il n'a pas fait le lien avec les émeutes de la veille. Il n'a pas voulu aller à l'audience. Seule la mère et la petite amie de Jérémy ont assisté au procès. Grégory, 24 ans, avait huit citations à son casier judiciaire, dont certaines pour vol et incendie. Il a avoué avoir plié la porte de la R19 pour prendre l'autoradio. Jérémy a avoué avoir mis le feu, avec une bouteille remplie d'essence. Grégory a pris dix mois. Les directions des deux magasins estiment les dégâts à douze millions. L'avocate de Jérémy lui a écrit en prison pour savoir s'il ferait appel. «Le risque, c'est quitte ou double, surtout en ce moment.»

http://www.liberation.fr/page.php?Article=339305



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