Drogue: saisie de 27 tonnes de chira à Algésiras
Posté: 21 Jan 2013, 03:59Date : 2/11/05
Source : Libération (Casablanca)
Site : http://www.fr.allafrica.com/
URL : http://fr.allafrica.com/stories/200511020124.html
Drogue: saisie de 27 tonnes de chira à Algésiras
Libération (Casablanca)
2 Novembre 2005
Publié sur le web le 2 Novembre 2005
Tahar Abou El Farah
La Guardia civil espagnole vient de porter un coup dur à la mafia du trafic
de drogue opérant entre le Maroc et l'Espagne.
Environ 27 tonnes de résine de cannabis ont été saisies, la nuit de samedi
à dimanche, dans un camion transportant de la sardine congelée au port
d'Algésiras. La drogue, 26,8 tonnes plus exactement, qui a été embarquée au
port de Tanger et qui a réussi à passer à la barbe de la douane et de la
police tangéroise, était dissimulée dans de grandes caisses en bois entre
les autres caisses de poisson congelé.
Selon des responsables de la Guardia civil, cités par Europa Press, la
société propriétaire du camion aurait été suspectée depuis plusieurs mois
de se livrer à des activités douteuses entre le Nord du Maroc et l'Espagne.
Ses camions sont discrètement pistés depuis, les services de lutte
anti-drogue tenaient à connaître leurs itinéraires précis, les points de
leurs chargements et la nature de la marchandise qu'ils déclarent
transporter. Les soupçons se sont confirmés, et informés d'une tentative
d'introduction, en grande quantité, de la drogue en Espagne via le port
d'Algésiras, les services compétents ont aussitôt ordonné la fouille de ce
camion immatriculé en Espagne mais qui portait des plaques falsifiées. Un
homme de 36 ans, de nationalité espagnole, responsable de la société
propriétaire du véhicule a été arrêté pour son éventuelle implication dans
cette affaire.
Cette saisie de 26,8 tonnes de chira est la plus importante depuis
l'interception de 25 tonnes du même produit dans les mêmes lieux et
circonstances en juin de l'année 2003.
Cette saisie record porte ainsi le volume de la drogue interceptée dans
cette région de l'Andalousie à plus de 60 tonnes dont une grande partie au
port d'Algésiras. Pour rappel, plus de 25 tonnes de chira avaient été
trouvées à l'intérieur d'un camion de transport international routier censé
transporter des produits de mer, en provenance d'une société de
conditionnement de poisson à Agadir.
Aussitôt après l'interception du camion à Algésiras, la police tangéroise
avait ouvert une enquête dont les conclusions ont confirmé que le camion en
question était muni d'un document "Admis pour conforme" (A.C), procédure
douanière internationale qui lui a évité un contrôle au port de Tanger.
Chargé de 25 tonnes de poulpe et calamar et plombé selon les normes
internationales à son départ de la société gadirie, le camion se délestait
au fur à mesure qu'il s'approchait de la ville de Tanger de sa charge
initiale.
A l'orée de la Forêt diplomatique, indiquent les investigations de la
police, le camionneur avait déchargé les dernières centaines de kilogrammes
de marchandise. Entre-temps deux semi-remorques en provenance de Tétouan et
chargé de 25,7 tonnes de chira faisaient leur chemin vert le même bois.
Des manoeuvres entreprises à l'aide d'engins de stockage, des clarcks, ont
vite permis de charger la drogue dans le camion et procéder de nouveau à
son plombage. Au port, le camionneur muni de ce fameux "A.C" n'a trouvé
aucune difficulté à embarquer un mercredi, jour qui connaît, comme samedi,
une intense activité d'embarquement de camions TIR. La saisie a été
qualifiée alors de la plus importante depuis 1996, date à laquelle quelque
26 tonnes de chira ont été trouvées dans un camion au même port.
Ce dernier convoi saisi samedi dernier, devrait vraisemblablement suivre le
même modus operandi. Toutefois, seule une enquête sérieuse lancée par la
police marocaine pourrait élucider les circonstances de cette affaire. A
noter également qu'en plus de convois en vedettes rapides qui relient en
temps record les côtes marocaines à celles de l'Espagne, la technique des
"A.C" semble la manoeuvre la plus sûre pour exporter sans être inquiété du
chira en grande quantité. Bien sûr, il faudra "acheter la route". Mais,
cela semble un détail qui ne préoccupe aucunement des gens capables
d'investir des millions de dh dans des sociétés homologuées et qui
disposent de cet "agrément". L'enjeu vaut d'ailleurs bien un tel
investissement, aussi colossal soit-il. En effet au bout de la chaîne qui
lieMaroc-Espagne : le dossier de la délimitation des frontières maritimes
atlantiques est ouvert
les grosses pontes aux petits dealers des rues et lieux publics et privés
de l'Europe de l'Ouest, le consommateur final paie sa dose entre 2,7 euros
le gramme en Espagne et 21,5 euros pour la même quantité dans les pays
nordiques.
Une cargaison d'une tonne rapporte au moins 270 millions d'euros aux
différents intermédiaires et réseaux mafieux. Et la consommation est
d'autant plus accrue qu'elle inquiète sérieusement les autorités des pays
européens. Ainsi et selon des chiffres rendus publics récemment par
différents organismes européens, un Européen sur cinq a consommé du
cannabis au moins une fois dans sa vie. La proportion des Européens qui
consomment régulièrement cette drogue varie entre 10% en Grèce et dans les
pays nordiques et 30% en France et en Espagne.
Dans des pays comme l'Espagne, la France la Belgique, l'Allemagne ou le
Royaume-Uni, entre 5 et 10 % des adolescents se déclarent accros au
cannabis. Ils en ont consommé au moins une quarantaine de fois l'année
dernière.
En Espagne, une étude réalisée à Madrid par l'Agence antidrogue, citée par
le quotidien El Pais, montre une "croissance notoire de consommation de
cannabis chez les adolescents de 13 ans". Aussi une guerre contre les
mafias des trafiquants a-t-elle été lancée dans les régions les plus
touchées par cette activité: l'Andalousie, Valence et la Catalogne entre
autres.
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Drogue: saisie de 27 tonnes de chira à Algésiras
Libération (Casablanca)
2 Novembre 2005
Publié sur le web le 2 Novembre 2005
Tahar Abou El Farah
La Guardia civil espagnole vient de porter un coup dur à la mafia du trafic
de drogue opérant entre le Maroc et l'Espagne.
Environ 27 tonnes de résine de cannabis ont été saisies, la nuit de samedi
à dimanche, dans un camion transportant de la sardine congelée au port
d'Algésiras. La drogue, 26,8 tonnes plus exactement, qui a été embarquée au
port de Tanger et qui a réussi à passer à la barbe de la douane et de la
police tangéroise, était dissimulée dans de grandes caisses en bois entre
les autres caisses de poisson congelé.
Selon des responsables de la Guardia civil, cités par Europa Press, la
société propriétaire du camion aurait été suspectée depuis plusieurs mois
de se livrer à des activités douteuses entre le Nord du Maroc et l'Espagne.
Ses camions sont discrètement pistés depuis, les services de lutte
anti-drogue tenaient à connaître leurs itinéraires précis, les points de
leurs chargements et la nature de la marchandise qu'ils déclarent
transporter. Les soupçons se sont confirmés, et informés d'une tentative
d'introduction, en grande quantité, de la drogue en Espagne via le port
d'Algésiras, les services compétents ont aussitôt ordonné la fouille de ce
camion immatriculé en Espagne mais qui portait des plaques falsifiées. Un
homme de 36 ans, de nationalité espagnole, responsable de la société
propriétaire du véhicule a été arrêté pour son éventuelle implication dans
cette affaire.
Cette saisie de 26,8 tonnes de chira est la plus importante depuis
l'interception de 25 tonnes du même produit dans les mêmes lieux et
circonstances en juin de l'année 2003.
Cette saisie record porte ainsi le volume de la drogue interceptée dans
cette région de l'Andalousie à plus de 60 tonnes dont une grande partie au
port d'Algésiras. Pour rappel, plus de 25 tonnes de chira avaient été
trouvées à l'intérieur d'un camion de transport international routier censé
transporter des produits de mer, en provenance d'une société de
conditionnement de poisson à Agadir.
Aussitôt après l'interception du camion à Algésiras, la police tangéroise
avait ouvert une enquête dont les conclusions ont confirmé que le camion en
question était muni d'un document "Admis pour conforme" (A.C), procédure
douanière internationale qui lui a évité un contrôle au port de Tanger.
Chargé de 25 tonnes de poulpe et calamar et plombé selon les normes
internationales à son départ de la société gadirie, le camion se délestait
au fur à mesure qu'il s'approchait de la ville de Tanger de sa charge
initiale.
A l'orée de la Forêt diplomatique, indiquent les investigations de la
police, le camionneur avait déchargé les dernières centaines de kilogrammes
de marchandise. Entre-temps deux semi-remorques en provenance de Tétouan et
chargé de 25,7 tonnes de chira faisaient leur chemin vert le même bois.
Des manoeuvres entreprises à l'aide d'engins de stockage, des clarcks, ont
vite permis de charger la drogue dans le camion et procéder de nouveau à
son plombage. Au port, le camionneur muni de ce fameux "A.C" n'a trouvé
aucune difficulté à embarquer un mercredi, jour qui connaît, comme samedi,
une intense activité d'embarquement de camions TIR. La saisie a été
qualifiée alors de la plus importante depuis 1996, date à laquelle quelque
26 tonnes de chira ont été trouvées dans un camion au même port.
Ce dernier convoi saisi samedi dernier, devrait vraisemblablement suivre le
même modus operandi. Toutefois, seule une enquête sérieuse lancée par la
police marocaine pourrait élucider les circonstances de cette affaire. A
noter également qu'en plus de convois en vedettes rapides qui relient en
temps record les côtes marocaines à celles de l'Espagne, la technique des
"A.C" semble la manoeuvre la plus sûre pour exporter sans être inquiété du
chira en grande quantité. Bien sûr, il faudra "acheter la route". Mais,
cela semble un détail qui ne préoccupe aucunement des gens capables
d'investir des millions de dh dans des sociétés homologuées et qui
disposent de cet "agrément". L'enjeu vaut d'ailleurs bien un tel
investissement, aussi colossal soit-il. En effet au bout de la chaîne qui
lieMaroc-Espagne : le dossier de la délimitation des frontières maritimes
atlantiques est ouvert
les grosses pontes aux petits dealers des rues et lieux publics et privés
de l'Europe de l'Ouest, le consommateur final paie sa dose entre 2,7 euros
le gramme en Espagne et 21,5 euros pour la même quantité dans les pays
nordiques.
Une cargaison d'une tonne rapporte au moins 270 millions d'euros aux
différents intermédiaires et réseaux mafieux. Et la consommation est
d'autant plus accrue qu'elle inquiète sérieusement les autorités des pays
européens. Ainsi et selon des chiffres rendus publics récemment par
différents organismes européens, un Européen sur cinq a consommé du
cannabis au moins une fois dans sa vie. La proportion des Européens qui
consomment régulièrement cette drogue varie entre 10% en Grèce et dans les
pays nordiques et 30% en France et en Espagne.
Dans des pays comme l'Espagne, la France la Belgique, l'Allemagne ou le
Royaume-Uni, entre 5 et 10 % des adolescents se déclarent accros au
cannabis. Ils en ont consommé au moins une quarantaine de fois l'année
dernière.
En Espagne, une étude réalisée à Madrid par l'Agence antidrogue, citée par
le quotidien El Pais, montre une "croissance notoire de consommation de
cannabis chez les adolescents de 13 ans". Aussi une guerre contre les
mafias des trafiquants a-t-elle été lancée dans les régions les plus
touchées par cette activité: l'Andalousie, Valence et la Catalogne entre
autres.
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