fibres de chanvre : 10 a 50 kg par véhicule
Posté: 21 Jan 2013, 03:59
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Terre
Le biocarburant, c'est bon pour jouer au golf
Que faire des déchets de maïs, betterave, blé... utilisés pour la production de carburants verts ? Des tees, par exemple. C'est le domaine de la chimie verte, secteur en pleine expansion.
Par Laure NOUALHAT
jeudi 27 octobre 2005
C'est bien joli de vouloir développer la filière des biocarburants, mais que fait-on des déchets issus des cultures dévolues au pétrole vert ? Rafle de maïs, paille de blé, tourteau de tournesol, les débouchés de ces coproduits végétaux vont rapidement être saturés. Pour en trouver de nouveaux, la filière agricole s'est associée à un allié de choix : la chimie verte. Le concept, qui fait fureur aux Etats-Unis, consiste à fabriquer des molécules non toxiques, à produire moins de déchets, à utiliser moins d'énergie.
Exemple : quand on produit du biodiesel, on obtient de la glycérine. Déjà utilisée comme adjuvant de peinture ou agent assouplissant, on lui cherche d'autres débouchés, notamment dans le laboratoire de chimie agro-industrielle de l'Inra, à Toulouse. Transformée en carbonate de glycérol, la glycérine entre dans la composition de savons ou de lubrifiants. Et le «lubrifiant vert», ça cartonne chez nos voisins. Dans les pays nordiques, la filière a connu son essor grâce à l'industrie forestière : toutes les huiles de tronçonneuses ont été remplacées par des lubrifiants verts. Idem en Allemagne, où l'on en produit 40 000 tonnes chaque année, contre 1 000 tonnes seulement chez nous. Au-delà des tronçonneuses, les lubrifiants verts peuvent servir dans les machines agricoles, l'hydraulique ou le décoffrage de béton.
Des tees et des os. Le labo toulousain travaille aussi sur toutes les parties des plantes : la tige, la rafle et le grain de maïs, la paille de blé, la graine, l'huile ou le tourteau de tournesol. Si bien qu'il dispose d'une farandole d'échantillons propres à séduire quantité d'industriels. Avec de la paille de blé, les chercheurs ont élaboré un genre de contreplaqué, tandis que le tourteau de tournesol leur a permis de fabriquer des pots de repiquage qui se désagrègent dans la terre. Avec la pulpe de betterave, ils ont mis au point un film dont la biodégradabilité complète serait fort utile aux agriculteurs s'ils s'en servaient comme film de paillage. D'anciens chercheurs du labo ont même créé leur entreprise, misant sur les perspectives de débouchés de la chimie verte. Vegeplast, par exemple, utilise tige, rafle et grain de maïs pour fabriquer... des tees de golf ou des os à ronger pour chiens. L'entreprise a même passé un contrat avec la direction générale des armées pour fournir des sangles de parachute biodégradables qui permettent au sauteur de laisser son équipement dans la nature sans remords...
Le monde des matériaux va probablement devenir l'un des débouchés majeurs des coproduits issus de l'agriculture : on trouve déjà des fibres de chanvre dans les tableaux de bord de certains scooters, mais aussi dans les voitures (10 kg de fibres par véhicule en France, 40 à 50 kg en Allemagne).
Flamblée du pétrole. Autre secteur qui utilise déjà des produits verts : les biosolvants, les détergents et les cosmétiques. «Les tensio-actifs d'origine végétale représentent déjà 20 % des tensio-actifs utilisés en France», calcule Elisabeth Borredon, directrice du laboratoire toulousain. Toutefois, ces tensio-actifs d'origine végétale ne sont pas encore suffisamment compétitifs face à leurs alter ego pétrochimiques. «En tout cas, la différence n'est pas suffisamment significative pour qu'un industriel se lance là-dedans.» Avec la flambée du prix de pétrole, la part des produits chimiques issus de la matière végétale va probablement augmenter dans les années à venir. «On vise les 50 % d'ici à quelques années», annonce la chercheuse, en saluant le volontarisme américain sur la question. «Bush avait dit : "Un grain pour la filière alimentaire, un grain pour les non alimentaires".» Résultat, les Etats-Unis ont mis le paquet sur la chimie verte et comptent en tirer 60 % de leurs produits chimiques en 2050, carburants exclus.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=334060
© Libération
Terre
Le biocarburant, c'est bon pour jouer au golf
Que faire des déchets de maïs, betterave, blé... utilisés pour la production de carburants verts ? Des tees, par exemple. C'est le domaine de la chimie verte, secteur en pleine expansion.
Par Laure NOUALHAT
jeudi 27 octobre 2005
C'est bien joli de vouloir développer la filière des biocarburants, mais que fait-on des déchets issus des cultures dévolues au pétrole vert ? Rafle de maïs, paille de blé, tourteau de tournesol, les débouchés de ces coproduits végétaux vont rapidement être saturés. Pour en trouver de nouveaux, la filière agricole s'est associée à un allié de choix : la chimie verte. Le concept, qui fait fureur aux Etats-Unis, consiste à fabriquer des molécules non toxiques, à produire moins de déchets, à utiliser moins d'énergie.
Exemple : quand on produit du biodiesel, on obtient de la glycérine. Déjà utilisée comme adjuvant de peinture ou agent assouplissant, on lui cherche d'autres débouchés, notamment dans le laboratoire de chimie agro-industrielle de l'Inra, à Toulouse. Transformée en carbonate de glycérol, la glycérine entre dans la composition de savons ou de lubrifiants. Et le «lubrifiant vert», ça cartonne chez nos voisins. Dans les pays nordiques, la filière a connu son essor grâce à l'industrie forestière : toutes les huiles de tronçonneuses ont été remplacées par des lubrifiants verts. Idem en Allemagne, où l'on en produit 40 000 tonnes chaque année, contre 1 000 tonnes seulement chez nous. Au-delà des tronçonneuses, les lubrifiants verts peuvent servir dans les machines agricoles, l'hydraulique ou le décoffrage de béton.
Des tees et des os. Le labo toulousain travaille aussi sur toutes les parties des plantes : la tige, la rafle et le grain de maïs, la paille de blé, la graine, l'huile ou le tourteau de tournesol. Si bien qu'il dispose d'une farandole d'échantillons propres à séduire quantité d'industriels. Avec de la paille de blé, les chercheurs ont élaboré un genre de contreplaqué, tandis que le tourteau de tournesol leur a permis de fabriquer des pots de repiquage qui se désagrègent dans la terre. Avec la pulpe de betterave, ils ont mis au point un film dont la biodégradabilité complète serait fort utile aux agriculteurs s'ils s'en servaient comme film de paillage. D'anciens chercheurs du labo ont même créé leur entreprise, misant sur les perspectives de débouchés de la chimie verte. Vegeplast, par exemple, utilise tige, rafle et grain de maïs pour fabriquer... des tees de golf ou des os à ronger pour chiens. L'entreprise a même passé un contrat avec la direction générale des armées pour fournir des sangles de parachute biodégradables qui permettent au sauteur de laisser son équipement dans la nature sans remords...
Le monde des matériaux va probablement devenir l'un des débouchés majeurs des coproduits issus de l'agriculture : on trouve déjà des fibres de chanvre dans les tableaux de bord de certains scooters, mais aussi dans les voitures (10 kg de fibres par véhicule en France, 40 à 50 kg en Allemagne).
Flamblée du pétrole. Autre secteur qui utilise déjà des produits verts : les biosolvants, les détergents et les cosmétiques. «Les tensio-actifs d'origine végétale représentent déjà 20 % des tensio-actifs utilisés en France», calcule Elisabeth Borredon, directrice du laboratoire toulousain. Toutefois, ces tensio-actifs d'origine végétale ne sont pas encore suffisamment compétitifs face à leurs alter ego pétrochimiques. «En tout cas, la différence n'est pas suffisamment significative pour qu'un industriel se lance là-dedans.» Avec la flambée du prix de pétrole, la part des produits chimiques issus de la matière végétale va probablement augmenter dans les années à venir. «On vise les 50 % d'ici à quelques années», annonce la chercheuse, en saluant le volontarisme américain sur la question. «Bush avait dit : "Un grain pour la filière alimentaire, un grain pour les non alimentaires".» Résultat, les Etats-Unis ont mis le paquet sur la chimie verte et comptent en tirer 60 % de leurs produits chimiques en 2050, carburants exclus.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=334060
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