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"Les ravages du pot", décision d'éthique...

MessagePosté: 21 Jan 2013, 03:56
par digitall
On remarquera que ce Comité des plaintes et de l'éthique de l'information du Conseil de presse du Québec a encore tout compris, il conclue que "Les ravages du pot" touchent 1 usager sur 5.........
Il n'a encore rien compris : les "usagers fréquents" sont 1 sur 5, là-dessus, il ne faut pas confondre un "usage fréquent" d'un "usage problématique", l'OFDT nous explique dans son dernier rapport, qu'ils n'en sont que 10% de ces usagers fréquents, soit, en france 10% de 450000, c'est à dire 45000... et on nous explique même que dans la majorité des cas, il s'agit d'un indice problématique faible........
petit rappels : 500000 personnes ayant des séquelles physiques dus à l'alcool consommé par leur mère durant la grossesse, sans parler des millions ayant des problèmes de dépendance et des ravages médicaux, sociaux engendrés par l'alcool.... plus de 83000 personnes sous subutex, plus de 20000 sous méthadone... 20% de la population française plus de 6 mois par an sous anxiolitiques, anti-dépresseurs et autres somnifères aux effets et dépendances incomparables avec le chanvre psychotrope...

Et on voudrait nous faire croire que le chanvre est un problème de santé publique majeure !

Conseil de presse du Québec - Comité des plaintes et de l'éthique de l'information - Décision - Numéro de dossier : D2004-10-034
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DECISION
Numéro de dossier : D2004-10-034
Plaignant : Le Parti Marijuana
M. Marc-Boris St-Maurice, directeur de la Fondation
Marijuana
Mis-en-cause : Mme Marie-Claude Malboeuf, journaliste
M. Eric Trottier, directeur de l'information
Le quotidien La Presse
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MONTREAL, le 13 juin /CNW Telbec/ -

RESUME DE LA PLAINTE

La plainte de M. Marc-Boris St-Maurice, du Parti Marijuana, porte d'une
part sur un dossier de Mme Marie-Claude Malboeuf paru dans La Presse du
9 octobre 2004 et intitulé "Les ravages du pot", et d'autre part sur un
article de la même journaliste le 10 octobre 2004. Selon le plaignant, Mme
Malboeuf a cherché à manipuler l'opinion des lecteurs en dramatisant la
consommation de marijuana.

GRIEFS DU PLAIGNANT

Le plaignant explique qu'aucune recherche sérieuse et scientifiquement
valide n'est citée pour appuyer les données des articles et que la méthode de
sondage utilisée n'est pas mentionnée. Selon lui, la journaliste identifie à
tort la marijuana comme cause de problèmes sociaux sans offrir de
justification. Elle exprime ses opinions dans un texte à priori informatif.
M. St-Maurice reproche également à la journaliste un manque d'équilibre
et d'exhaustivité. En effet, elle traite des "ravages du pot" mais précise dès
le début de son article que "80 % des jeunes (faisant usage de la marijuana)
en tâtent sans problème." Le Parti Marijuana s'inquiète de ne trouver aucun
exemple d'utilisateurs responsables, alors que ceux-ci représentent 4/5 des
cas. Cette approche, qui se penche exclusivement sur des cas à problèmes, est
jugée sensationnaliste par le plaignant. De plus, les témoignages sont livrés
de façon anonyme, ce qui, selon M. St-Maurice, peut affecter la qualité de la
recherche documentaire du reportage.
Selon le plaignant, le dossier est basé sur des rumeurs non fondées
susceptibles d'être mal interprétées. Pour lui, ces faits anecdotiques ne sont
pas représentatifs de la situation générale de l'usage de la marijuana dans
nos sociétés et pourtant, Mme Malboeuf insiste sur ces aspects trompeurs. Le
plaignant estime que la véracité des faits dans ces articles laisse à
désirer : l'utilisation sélective de l'information prête à confusion et trace
des conclusions trompeuses, voire erronées.
Au surplus, M. St-Maurice estime que la journaliste manque de rigueur
lorsqu'elle fait un faux amalgame entre les termes "dépendance" et "usage
prolongé".
Le plaignant reproche à la journaliste d'avoir abusé de caractères de
grand format afin de manipuler l'opinion. En effet, le chiffre 15 %
(consommateurs de marijuana qui deviennent accro chez les 15-24 ans) est écrit
en grand format et la proportion de fumeurs de tabac qui deviennent dépendants
est écrite en plus petit alors qu'elle est plus élevée (32 %).
M. St-Maurice a joint à sa plainte le dossier publié par La Presse ainsi
qu'un communiqué de presse du 24 octobre 2004 invitant les médias à une
conférence de presse concernant sa plainte.

COMMENTAIRES DES MIS-EN-CAUSE

Commentaires de M. Eric Trottier, directeur de l'information
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M. Trottier précise que Mme Malboeuf est une journaliste consciencieuse
et qu'elle a fait une recherche exhaustive de tous les tenants et aboutissants
de l'usage du pot. Il considère donc, au nom du journal, que ce dossier a été
fait dans les règles de l'art journalistique et précise que le but était de
parler des ravages du pot et non d'en faire l'apologie.

Commentaires de Mme Marie-Claude Malboeuf, journaliste
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La journaliste Marie-Claude Malboeuf répond d'abord au grief du Parti
Marijuana concernant la pertinence du sujet. M. St-Maurice aurait préféré que
La Presse taise une certaine réalité, sous prétexte qu'elle ne touche pas une
majorité de personnes. La journaliste réplique qu'à ce compte, les journaux
n'écriraient pas sur quantité de problèmes sociaux.
D'autre part, l'angle choisi pour le dossier en cause lui semble
pertinent car inédit. La journaliste explique n'avoir jamais lu de reportage
racontant et expliquant l'abus de marijuana et ses conséquences. Pourtant, le
sujet est de mieux en mieux documenté, comme l'atteste le rapport 2002 du
Comité sénatorial spécial sur les drogues illicites ou encore un document des
spécialistes français de la santé. La journaliste estime avoir joué son rôle
de journaliste en allant auprès des jeunes, des parents, dans les écoles, les
hôpitaux et les centres de réhabilitation.
D'autre part, Marie-Claude Malboeuf explique que le problème est sérieux.
Tous les thérapeutes, les médecins, les travailleurs de rue et les
intervenants interrogés lui ont confirmé son existence et l'importance d'en
parler. D'après les études, un jeune sur cinq est touché et parmi les
consommateurs de 15-24 ans, 15 % sont accros.
Enfin, la journaliste précise que le rôle des médias est de parler des
problèmes sociaux pour alimenter les débats. L'importance de traiter des
consommateurs abusifs peut autant appuyer la thèse des tenants de la
décriminalisation que celle de ses opposants. En effet, elle soulève
d'importantes questions quant à l'allocation des ressources en toxicomanie, la
prévention médicale et l'éducation publique au sujet de cette drogue. Selon
Mme Malboeuf, la Fondation Marijuana censure une partie de la vérité et se
plaint au Conseil de presse dans le seul but de s'emparer des micros.
Quant à l'exactitude des faits, la journaliste précise que ses articles
ne sont pas basés sur des anecdotes et des rumeurs mais sur le témoignage de
six jeunes et parents (dont la demande d'anonymat est compréhensible compte
tenu du sujet) et de 41 experts, chercheurs et intervenants de première ligne.
Les données statistiques rapportées sont toutes tirées d'études
gouvernementales exhaustives (du Québec, du Canada, de la France et de
l'Organisation mondiale de la santé) et d'études universitaires. D'ailleurs,
les sources sont souvent citées au bas des articles.
D'autre part, la journaliste contredit le plaignant qui prétend qu'aucun
usager régulier n'a été interrogé. En effet, dans le cahier "PLUS" de
l'édition du dimanche 10 octobre 2004, Mme Malboeuf a demandé à son collègue
Nicolas Bérubé de rédiger un article dans cette optique. Le texte, intitulé
"On ne fait pas juste fumer dans la vie" laisse la parole à trois jeunes :
Eric, Sébastien et Michel, qui expliquent fumer occasionnellement sans
connaître de problèmes semblables à ceux évoqués dans l'enquête du samedi
9 octobre 2004. A la demande de Mme Malboeuf, l'article incorporait un extrait
de l'entrevue de M. Richard Pesant, un thérapeute qui précisait que la plupart
des jeunes n'ont pas de problèmes de consommation.
Mme Malboeuf répond ensuite au plaignant qui lui reprochait son manque de
nuances. La journaliste rétorque que dès l'introduction de la série
d'articles, l'enquête précise que 80 % de jeunes consommateurs de cannabis
s'en tirent bien. Mme Malboeuf a relevé toutes les paroles d'experts cités
dans son article et mentionnant qu'on peut très bien fumer sans grand danger.
D'autre part, l'enquête relativise l'ampleur du problème, montrant que l'abus
de marijuana résulte souvent d'autres problèmes liés à l'individu.
En outre, le plaignant se trompe lorsqu'il accuse La Presse de ne pas
distinguer la dépendance et l'usage prolongé. En effet, la journaliste a pris
soin de reproduire les critères de l'abus et de la dépendance, issus du manuel
des psychiatres.
Concernant l'impression de tel chiffre plus gros que tel autre, elle
témoigne du souci de la journaliste de situer l'information dans son contexte.
Ainsi, Mme Malboeuf explique avoir comparé la dépendance au pot aux autres
dépendances plus répandues. Selon elle, il est normal d'avoir fait ressortir
la statistique relative au pot par rapport aux autres statistiques,
puisqu'elle faisait l'objet de l'article. De même, il est normal, dans un
texte, de donner l'information principale en amorce et les comparatifs
ensuite.
Enfin, quant à l'exhaustivité de l'information, la journaliste mentionne
qu'elle ne pouvait traiter de tous les aspects de la consommation de
marijuana, dans la mesure ou elle avait circonscrit le problème à un angle
précis.
La journaliste réfute l'accusation de sensationnalisme. L'intérêt de La
Presse au sujet de la consommation de pot ne s'est jamais démenti, comme
l'attestent les 36 articles de Mme Malboeuf sur le sujet (dont sept citant
M. St-Maurice et près d'une vingtaine traitant des vertus thérapeutiques de la
marijuana) ou encore les éditoriaux de Mme Michèle Ouimet favorables à la
décriminalisation.
La mise-en-cause a joint à sa plainte la liste des experts interrogés, la
liste des sources documentaires utilisées par La Presse pour le dossier "Les
ravages du pot", la série d'articles du samedi 9 octobre 2004, les cinq pages
du cahier "PLUS" du dimanche 10 octobre 2004, 32 articles qu'elle a rédigés
sur le pot et six éditoriaux de Mme Ouimet sur la décriminalisation du
cannabis.

REPLIQUE DU PLAIGNANT

Selon le plaignant, la présentation de l'information porte à confusion
dans la série d'articles de Mme Malboeuf. Selon lui, le titrage de l'enquête
est exagéré et n'est pas représentatif du contenu des reportages. En effet, le
titre laisse entendre que "les ravages du pot" sont généralisés alors que les
experts cités démontrent le contraire. Par exemple, un titre tel que "Quand le
pot fait des ravages" aurait été plus représentatif du contenu de l'article et
moins susceptible de manipuler l'opinion des lecteurs.
Le plaignant revient aussi sur le commentaire de la journaliste qui
explique mettre toujours l'information principale en amorce. Pourtant, dans un
article publié en page 2 du cahier "PLUS" de La Presse du 10 octobre 2004, la
journaliste affirme dans le chapeau que "(l') usage du cannabis augmenterait
les cas d'agressions chez les jeunes consommateurs" et mentionne que les
jeunes consommateurs de cannabis commettent plus d'agressions que les autres
adolescents, s'appuyant sur une enquête du professeur Serge Brochu. Pourtant,
à la fin de l'article, ce même professeur ayant réalisé le sondage "doute
malgré tout que le cannabis puisse causer la violence ". Ainsi, selon M. St-
Maurice, l'information énoncée dans le chapeau n'exprime en rien le contenu de
l'article. Ceci prouve à ses yeux que La Presse tolère ce genre de commentaire
comme pratique courante.

COMMENTAIRES A LA REPLIQUE

Commentaires de M. Eric Trottier, directeur de l'information
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M. Trottier renouvelle son soutien à Mme Malboeuf et précise que la
présentation de l'information a été effectuée dans les règles de l'art. Le
directeur de l'information explique en effet que La Presse n'a pas dérogé à
son cahier de normes graphiques pour mettre en page le dossier "Les ravages du
pot".
D'autre part, M. Trottier précise que La Presse doit titrer court et que
les journalistes ne peuvent résumer en une courte phrase tout le contenu d'un
article. Les titres, sous-titres et exergues sont conçus pour inviter les
lecteurs à lire les articles et ainsi obtenir toutes les nuances que peut
contenir un sujet, sans pour cela tomber dans le sensationnalisme.
M. Trottier considère que Mme Malboeuf a fait une recherche sérieuse et
de longue haleine et que La Presse n'a pas à prendre position dans la croisade
de M. St-Maurice.

Commentaires de Mme Marie-Claude Malboeuf, journaliste
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Mme Malboeuf revient sur la présentation de son article du 10 octobre
2004, intitulé "Le pot ne rend pas seulement cool". La journaliste soutient
que le sous-titre (et non pas le chapeau) de l'article donne un parfait avant-
goût de ce qui attend les lecteurs en lisant le texte correspondant. D'une
part, l'usage du conditionnel signale que la question n'est pas tranchée et
d'autre part, certains experts, tels que les Drs Stéphane Proulx et Guy
Tremblay, cités dans l'article, attribuent bel et bien les dérapages violents
au cannabis.
Par ailleurs, bien qu'il ne veuille pas sauter trop vite aux conclusions,
le professeur Brochu envisage lui-même que certains actes violents puissent
être "attribuables à la consommation". La majorité des jeunes avec qui il
s'est entretenu lui ont dit que la drogue ne s'était pas "emparé d'eux", ce
qui lui fait conclure que "16 % des actes violents peuvent être attribués à la
consommation, pas plus". Selon Mme Malboeuf, que 5 %, 10 % ou 15 % des actes
violents soient causés par la consommation de pot, il s'agit de toute façon
d'une augmentation. Sans parler des jeunes qui, même s'ils n'attribuent pas
leur désir de violence à leur consommation, affirment qu'ils n'auraient pas eu
le courage de passer aux actes sans drogue. La journaliste précise que, juste
après la publication de cet article, le professeur Brochu lui a envoyé un
courriel pour lui dire que ses articles étaient bien recherchés et apportaient
des nuances nécessaires pour le lecteur.

DECISION

La déontologie du Conseil de presse mentionne que les médias doivent
traiter l'information recueillie sans déformer la réalité. Le recours au
sensationnalisme risque de donner lieu à une exagération et une interprétation
abusive des faits et des événements et, d'induire le public en erreur quant à
la valeur et à la portée réelles des informations qui lui sont transmises.
De l'avis du Conseil, la journaliste Marie-Claude Malboeuf a fait preuve
de pondération. Elle aborde la consommation de marijuana dans ses articles
depuis 1997 et avait décidé cette fois-ci d'informer les lecteurs d'un
problème ignoré des médias et pourtant souligné par de nombreux médecins. Même
si la plupart des jeunes consommateurs s'en tirent sans problème, un cinquième
d'entre eux subit bel et bien les ravages du pot. Le sujet est donc d'intérêt
public car il est susceptible de concerner directement ou indirectement les
lecteurs.
Contrairement à ce que prétend M. St-Maurice, le Conseil considère que la
journaliste a été suffisamment nuancée. Une recherche conséquente lui a permis
d'étayer solidement son dossier sur des statistiques ou des témoignages de
jeunes, de parents ou de spécialistes. En contrepartie, elle laisse souvent la
parole à des avis contradictoires dans ses articles et n'exprime pas son
opinion.
Aux yeux du Conseil, la journaliste s'est appuyée sur des recherches
rigoureuses et des sondages officiels même si leurs sources n'apparaissent pas
systématiquement. Cet oubli ne revêt qu'une importance mineure en regard de la
qualité de l'enquête. D'autre part, Mme Malboeuf ne fait pas d'amalgame entre
"dépendance" et "usage prolongé". Elle précise les définitions de l'abus et de
la dépendance au sens psychiatrique et prend soin de décrire les symptômes et
l'ampleur de la consommation des jeunes accros au pot.
Si la journaliste ne fait pas écho aux consommateurs réguliers dans
l'édition du 9 octobre 2004, la deuxième partie du dossier "Les ravages du
pot" (10 octobre 2004) laisse la parole à trois jeunes qui consomment du pot
sans problème (dans l'article de M. Bérubé intitulé "On ne fait pas juste
fumer dans la vie"). Au regard de la totalité de l'enquête, l'équilibre de
l'information est respecté.
Enfin, concernant la mise en page, le Conseil considère que la
journaliste a eu raison de mettre en valeur le pourcentage qui concernait
directement son dossier. D'autre part, dans l'article du 10 octobre 2004, "Le
pot ne rend pas seulement cool", le sous-titre correspond bien au contenu de
l'article, puisque l'utilisation du conditionnel exprime les nuances apportées
au sujet du sondage par différents spécialistes.
Le Conseil de presse ne retient donc aucun des griefs de M. St-Maurice et
rejette sa plainte contre Marie-Claude Malboeuf et le journal La Presse.

Daniel Giasson
Au nom du Comité des plaintes et de l'éthique de l'information



Renseignements: Daniel Giasson, Conseil de presse du Québec,
(514) 529-2818, direction@conseildepresse.qc.ca