France 2 : L'usage du cannabis et le volant

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L'usage du cannabis et le volant
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Plus d'un gros consommateur de cannabis sur trois reconnaît avoir "souvent" pris le volant après avoir fumé un joint

C'est ce qui ressort d'une étude de l'Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT), menée auprès de 1.500 usagers de 15 à 29 ans qui ont indiqué consommer au moins 20 joints par mois.

Par ailleurs, l'enquête révèle que les gros consommateurs de cannabis sont souvent dans une situation de plus grande "fragilité sociale".

L'étude de l'OFDT est parue mardi dans le bulletin épidémiologique hebdomadaire de l'Institut national de veille sanitaire (INVS).

Concernant l'usage de cannabis et la conduite d'un véhicule, 35% des sondés reconnaît avoir "souvent" conduit un véhicule dans les quatre heures suivant une prise de cannabis.

Le 23 janvier 2003, le Parlement a adopté une loi aggravant la peine pour conduite sous l'emprise de stupéfiants, désormais passible de deux ans de prison et 4.500 euros d'amendes.

Le ministre de l'Intérieur Dominique de Villepin envisage de "généraliser" l'usage du test salivaire de dépistage, expérimenté à plusieurs reprises en France.
Publié le 17/05 à 11:06
Le profil des gros usagers

"La consommation de cannabis est associée pour certains à des difficultés sociales", selon l'OFDT.

"Les personnes les plus en difficulté (vis-à-vis du cannabis) sont plus souvent (...) plus jeunes, au chômage, de faible niveau d'étude, avec un début précoce de consommation, un plus fort budget consacré au cannabis, un mode de consommation autre que le joint, une consommation d'autres produits illicites", énumèrent ainsi les auteurs de l'étude.

8% des sondés indiquent avoir eu à affronter "souvent" (plus de six fois) des disputes sérieuses ou des problèmes d'argent dans l'année écoulée, près d'un sur trois ayant été confronté à ces difficultés entre 1 et 5 fois. Durant la même période, "des difficultés dans les études ou au travail ont été souvent ressenties par 7% des personnes. Enfin 43% des sondés déclarent avoir eu des problèmes avec la loi dans l'année.

Si les trois premiers motifs de consommation avancés sont de connotation positive (se relaxer, être avec des amis, faire la fête), les trois suivants (par habitude, pour dormir, pour se défoncer) sont plus souvent cités par ceux qui sont au chômage. Ces usagers sont en très grande majorité des hommes (72%), consomment surtout des joints (85%) mais usent aussi parfois d'une pipe (39%) ou absorbent le haschisch sous forme de "space cake" ou d'infusion.

Les modes d'approvisionnement sont variés : achat à des amis (78%), à des dealers (59%), cadeaux (66%). Près d'un quart (24%) a eu recours à une culture personnelle. En moyenne, les enquêtés dépensent 80 euros par mois pour leur consommation.

La prise de produit se fait avant tout à domicile (66%) ou dans un cadre festif (61%), et en groupe (83%) même si 45% consomment aussi seuls.

Un enquêté sur cinq (21%) juge difficile de passer une journée sans cannabis tandis que 5% reconnaissent avoir échoué à réduire ou à arrêter leur consommation.

Cette population présente un niveau élevé d'usage au cours du mois précédent de tabac (81%) et d'alcool (85%). Près de 4 sur 10 ont essayé au moins une fois de l'ecstasy (45%), des champignons hallucinogènes (41%) ou de la cocaïne (40%).

L'enquête a été menée auprès de 1.500 usagers de 15 à 29 ans, qui déclaraient avoir consommé au moins 20 joints par mois ou pendant au moins dix jours de cette période. Cette population est estimée à 500.000 personnes en France par un chercheur.
Les consommateurs et la conduite

Plus d'un gros consommateur de cannabis sur trois (35%) reconnaît avoir "souvent" conduit un véhicule dans les quatre heures suivant une prise de cannabis, selon l'étude de l'OFDT.

Un autre tiers de ces consommateurs (36%) reconnaît avoir "parfois" pris le volant d'une voiture ou conduit un deux roues à moteur durant l'année après avoir fumé.

Cette enquête intervient alors que doit être prochainement rendue publique une vaste étude épidémiologique sur la dangerosité de la conduite sous l'emprise de stupéfiants ou d'alcool.

Réalisée pour le compte de la direction générale de la santé (DGS) à partir de tous les accidents de la route mortels entre octobre 2001 et septembre 2003, cette enquête devrait permettre d'évaluer la dangerosité du cannabis au volant, encore très mal connue et contestée.