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Contre la drogue, les députés UMP se lâchent
Lors d'un débat, hier à l'Assemblée, ils ont défendu une ligne rigoriste et répressive.
Par Matthieu ECOIFFIER
vendredi 15 avril 2005 (Liberation - 06:00)
Le cannabis ? «C'est le sas d'entrée vers l'alcool, l'héroïne et la schizophrénie» voire «un fléau pernicieux» ; il peut aussi «provoquer l'embolie donc la mort». Les médicaments de substitution à l'héroïne ? «De la drogue aux frais de la Sécurité sociale.»
On a pu tout entendre, hier, lors du débat sur les drogues organisé à l'Assemblée par le groupe UMP. Face à Gérard Bapt, le seul député socialiste présent, une douzaine d'élus de droite ont semblé pris de bouffée délirante : confusion des chiffres, lecture tronquée des expertises scientifiques. Exagérant sans peine le lien tenu entre cannabis et schizophrénie, évitant également de parler d'un usage occasionnel, sans véritable dommage pour la santé. Dans le collimateur : les 450 000 jeunes fumeurs quotidiens de shit. Pas un mot sur les cinq millions de Français qui ont un problème avec l'alcool. On a ainsi vu Christine Boutin (UMP) taper des pieds et des mains : «Ce que nous voulons, c'est une France sans drogue.»
De fait, ces élus se sont livrés à une descente en règle de la politique de réduction des risques menée par tous les gouvernements depuis quinze ans. «Elle instille le renoncement» pour Christian Decocq (UMP). Josiane Boyce (UMP), elle, a fustigé les «distributeurs automatiques de seringues» qui ont pourtant contribué à réduire l'épidémie de sida chez les toxicomanes. Au nom de la «protection de la jeunesse», les orateurs UMP ont prôné l'«abstinence». Puis ils ont applaudi la création de trois communautés thérapeutiques où le sevrage complet sera la règle. Enfin, ils se sont réjouis de l'annonce, par le secrétaire d'Etat à l'Assurance maladie, d'une nouvelle circulaire pénale adressée le 8 avril aux parquets pour «réaffirmer l'interdit de l'usage».
Ce texte préconise pour les «usagers majeurs et sans antécédent judiciaire» arrêtés en possession de «très faibles quantités de stupéfiants» un classement assorti d'un «rappel à la loi», ce qui était déjà le cas. La circulaire demande des poursuites volontaristes «pour incitation» contre «les boutiques dans lesquelles sont mises en vente des graines de cannabis», les «vêtements et bijoux arborant une feuille de cannabis» et la diffusion d'ouvrages «vantant les mérites des produits stupéfiants».
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