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«Il est passé de 5 joints par jour à 4 par semaine»

MessagePosté: 03 Fév 2005, 09:34
par daniel
«Il est passé de 5 joints par jour à 4 par semaine»

A Bordeaux, un nouveau lieu d'accueil assiste les jeunes qui fument du shit, ainsi que leurs parents inquiets.

Par Matthieu ECOIFFIER

jeudi 03 février 2005 (Liberation - 06:00)

Bordeaux envoyé spécial




«Il me dit : maman tu psychotes ! C'est son grand mot.» Lui, c'est Martin, 17 ans, BEP de mécanique moto, fumeur à ses heures et planteur d'herbe «dans la petite pièce derrière sa chambre». Elle est assistante sociale, la quarantaine bien mise. Elle est surtout «sa petite maman» et elle va, semble-t-il, beaucoup plus mal que son fils. Ce jour-là, Monique est venue à la «consultation cannabis» avec son mari. Mais sans Martin. Parce qu'elle «dramatise», disent le père et le fils. Et parce qu'elle «ne supporte plus l'idée de ces quatre plants de cannabis qui grandissent sous [leur] toit, d'être complice», dit-elle.

L'adolescent était déjà passé la semaine précédente avec son père pour un premier contact. A Bordeaux, Caan'Abus, l'espace santé jeune (1), a reçu le label de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt). Sans difficulté, puisque cette structure est l'une des premières à s'être spécialisée dans l'accueil de jeunes en difficulté avec leur fumette.

Equipe rodée. Les locaux, cours d'Alsace-Lorraine, petite rue pierreuse du centre-ville, ne sont pas tout à fait aménagés, mais l'équipe de huit personnes ­ éducateurs spécialisés, deux psychologues, un médecin, une animatrice santé ­ est déjà bien rodée. Entretiens, questionnaires d'évaluation de la consommation, repérage des usages nocifs ­ fumer seul, fumer le matin ­ et des facteurs de vulnérabilité. Le tout débouchant sur une thérapie brève (cinq rendez-vous) et, si besoin, sur une prise en charge médicalisée, mais ailleurs.

«Notre position n'est ni normative ni banalisante. On leur propose de voir s'il y a un problème, sans a priori. Le problème du cannabis, ce n'est pas la dépendance mais l'abus», explique Jean-Michel Delile, psychiatre et concepteur du lieu. Distribution de flyers au ciné-club, interventions dans les collèges et lycées, au centre de rééducation des jeunes accidentés de la route ont étendu la notoriété de Caan'Abus. «Depuis septembre, on a reçu 200 personnes dont 60 % de jeunes», explique Andres Pedreras, coordinateur du lieu.

La campagne du gouvernement risque de provoquer un afflux sans précédent. A partir du 8 février, les Bordelais qui composeront le numéro d'«écoute cannabis» (0 811 91 20 20) seront adressés ici. «A la Mildt, ils nous appellent, flippés, pour vérifier qu'on restera ouvert même pendant les vacances. Les spots télé vont faire monter l'angoisse des parents à coup sûr. Pour les ados, j'attends de voir», note, dubitatif, Jean-Michel Delile. Les parents de Martin n'ont pas attendu les spots du ministre Douste-Blazy (lire ci-dessous). Monique raconte son dilemme à l'éducatrice : détruire ou non les quatre plants de cannabis. «Il est taquin, Martin, il me provoque. Samedi, il avait cassé sa lampe UV et m'a demandé de le conduire au BHV pour en acheter une autre ! J'ai refusé.» Le père, passionné de jardinage, est partisan de lui laisser faire une seule récolte : «C'est un passage, l'autre jour il m'a demandé l'importance de la lune.» Lui préfère éteindre discrètement la lampe de temps en temps pour ralentir la pousse.

Dilemme. «Les gens me disent : "Arrache-les !" Mais c'est trop violent. On a toujours été dans le dialogue. Je ne sais plus comment être avec mon fils», sanglote Monique. Ils étaient tous les deux sur l'autoroute de Biscarosse quand Martin lui a dit qu'il fumait de la drogue depuis un an. Elle a failli lâcher le volant. Elle n'avait rien remarqué. C'était comme s'il perdait son innocence. «On était si proches... Je n'ai plus confiance», dit-elle, se le reprochant un peu. Le cannabis coupeur de cordon ombilical ? Il lui a raconté fumer des joints surtout avant et après les cours de mécanique. «Son prof avait des propos humiliants, ça l'a déprimé.» «Beaucoup de jeunes sont dans la dissimulation, pas lui. Vous le décrivez comme sympathique, il a de bonnes notes. J'entends le mot "provocation". Est-ce que vous ne pensez pas qu'il vous pousse à arracher les plants à sa place ?», suggère l'éducatrice à la mère. «Vous nous le conseillez ?», rebondit aussitôt le père. «Ce serait mal venu. Il faut juste que vous soyez tous les deux à l'aise avec votre décision pour la tenir face à lui», leur répond l'éducatrice. Avant de proposer de voir le jeune homme, seul, cette fois.

Privé de sorties. Dans une salle attenante, un autre adolescent de 16 ans a lui aussi des parents paniqués par sa fumette. Ils l'ont tellement vissé et privé de sorties qu'il a augmenté ses doses : fumer était devenu, selon lui, sa «seule liberté». Il s'est fait exclure une semaine de son lycée. «Avec lui, on a commencé à travailler sur une réduction de sa consommation. Il est passé de cinq joints par jour à quatre par semaine, explique Pierre Barc, éducateur. La semaine prochaine on attaque ses problèmes d'acné.»



(1) Caan'Abus : consultation avancée en addictologie sur
les nouveaux usages et abus de drogue chez les jeunes. Rens.: 05 56 01 25 66.

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Re: «Il est passé de 5 joints par jour à 4 par semaine»

MessagePosté: 03 Fév 2005, 17:21
par S0r0N
daniel a écrit: Le père, passionné de jardinage, est partisan de lui laisser faire une seule récolte : «C'est un passage, l'autre jour il m'a demandé l'importance de la lune.» Lui préfère éteindre discrètement la lampe de temps en temps pour ralentir la pousse.


Trop fourbe, j'adore ;)
Le gosse va avoir du mal à arriver au bout de sa flo, surtout avec des lampes UV made in BHV.

Plus sérieusement le contenu de cet article est encourageant. Cette consultation de prévention telle qu'elle est décrite à l'air un peu plus sérieuse et responsabilisante que ce qu'on à l'habitude de voir.

«Avec lui, on a commencé à travailler sur une réduction de sa consommation. Il est passé de cinq joints par jour à quatre par semaine, explique Pierre Barc, éducateur. La semaine prochaine on attaque ses problèmes d'acné.»


:jump:

Re: «Il est passé de 5 joints par jour à 4 par semaine»

MessagePosté: 03 Fév 2005, 17:49
par lee 'scratch' perry
c'est pitoyable (pas la consultation, mais le flippe des parents en générale et de la mere dans le cas cité ici), c'est eux qu'ils va falloir soigner en priorité lol, ils devrais faire des consultations specialisées pour soigner les parents , c'est eux qui en on le plus besoins

pfff, lacher le volant sur l'autoroute parecequ'on apprend que son fils fils cheri fume des joints, c'est pas raisonable, c'est pas des tests de depistage du canna qu'il faut mais plutot des tests de depistage de la connerie, c'est beaucoup plus dangereux dans le cas présent

«Il est passé de 5 joints par jour à 4 par semaine»

MessagePosté: 21 Jan 2013, 03:54
par crisss
mais la connerie est totalement légale :evil: