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L'association Tandem ouvre une consultation cannabis

MessagePosté: 21 Jan 2013, 03:52
par daniel
Le Républicain Lorrain du 20/11/2004

>> sante centre de soins aux toxicomanes
L'association Tandem ouvre une consultation cannabis
L'expérimentation du cannabis est devenue majoritaire chez les ados. C'est pour cette raison que l'association Tandem met en place à Villerupt et à Jarny des consultations ouvertes aux usagers et à leurs parents. Pascal Schillé, responsable du centre de soins, s'explique...


Le Républicain Lorrain.- Jusque-là, votre centre de soins accueillait les personnes dépendantes aux drogues dures. Pourquoi mettre en place une consultation cannabis?

Docteur Pascal Schillé.- Le Gouvernement a décidé de mettre l'accent sur ce type de consommation chez les jeunes. Il faut dire qu'en dix ans, l'expérimentation a plus que doublé. En 2003, 55 % des garçons et 45 % des filles âgés de 17 ans avouaient avoir déjà essayé. Il s'agit donc d'un vrai problème de santé publique. Des consultations vont être mises en place sur la totalité du territoire. Pour le Nord du département, Tandem a été choisie.

R- Quel va être votre rôle exact?

PS.- Beaucoup de jeunes pensent qu'ils sont des fumeurs occasionnels alors qu'ils ont déjà un usage à risque, susceptible d'induire des dommages médicaux ou sociaux. Ce sont eux qu'il va falloir accompagner. Quant aux consommateurs occasionnels, ils auront surtout besoin d'informations. Nous leur exposerons ce qu'ils risquent au niveau judiciaire, scolaire, mais aussi au volant de leur voiture ou en fréquentant la marginalité.

R- Pour beaucoup de jeunes, fumer un joint est devenu un comportement presque banal. Pensez-vous qu'ils viendront d'eux-mêmes aux consultations?

PS.- Notre expérience montre plutôt que les demandes sont formulées principalement par les parents, par la justice dans le cadre d'une obligation de soins, ou bien par le milieu scolaire, les services d'urgences et de psychiatries ou la médecine du travail. D'ailleurs, tous ces professionnels peuvent aussi nous consulter s'ils veulent en savoir plus.

R- Concrètement, qu'allez-vous leur proposer, compte tenu qu'il n'existe pas de traitement de substitution?

PS.- Nous allons leur offrir un espace d'accueil, d'information et d'écoute anonyme et gratuit. Ils rempliront un questionnaire d'autoévaluation pour prendre conscience de leur consommation et nous leur proposerons un suivi éducatif. Il s'agit aussi d'une thérapie familiale, car les parents ont aussi besoin de conseils pour aborder ce sujet avec leurs enfants, sans dramatiser, et en restant vigilants. Le cannabis est souvent l'arbre qui cache la forêt. Derrière, il y a parfois d'autres problèmes.

R- Justement, que répondez-vous à ceux qui disent qu'on commence par le cannabis, qu'on poursuit par les drogues dures et qu'on termine en prison?

PS.- Il est certain que la quasi-majorité de nos patients dépendants à l'héroïne ont un jour consommé du cannabis. Mais j'ai aussi coutume d'expliquer que 100 % des alcooliques ont commencé... par l'alcool et que des tas en consomment, sans pour autant devenir dépendants. Le cannabis est un sujet tellement sensible au niveau culturel ou politique que certains ont beaucoup de mal à l'analyser avec lucidité.


Propos recueillis par Philippe Marque.
Paru le : 2004-11-20 00:00:00 (Briey / Actualité)