Le Républicain Lorrain du 24/11/2004
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Le collège Val-de-Sarre sous l'Arche de la défonce
Le collège Val-de-Sarre conduit cette semaine plusieurs actions en direction des élèves et des parents. Hier, les premiers ont pu expérimenter l'Arche de la défonce. Au tour de papa et maman ce soir.
Selon une étude de l'ESPAD portant sur les conduites à risques des adolescents, 80% des garçons âgés de 14 ans ont expérimenté les effets de l'alcool au moins une fois dans leur vie, 51% d'entre eux ont touché au tabac et 18% au cannabis. Chez les filles, la proportion est légèrement inférieure: 74% pour l'alcool, 49% pour le tabac et 10% pour le cannabis. Alors, il a semblé pertinent au collège du Val de Sarre d'inscrire la lutte contre cet usage de substances nocives au coeur des priorités de son comité d'éducation à la santé et à la citoyenneté. Cette semaine est, par exemple, dédiée aux drogues pour l'ensemble des classes de 4e et 3e.
L'équipe pédagogique de l'établissement s'est adossée à une exposition itinérante intitulée "L'Arche de la défonce". Un titre explicite pour une expérience sensorielle. Les élèves sont incités à pénétrer dans un tunnel sensé leur faire ressentir l'influence des drogues. Diversement vécu, ce parcours initiatique ce poursuit autour de panneaux explicatifs récapitulant les différents types de substances et leurs retombées sur le métabolisme. Place ensuite à une discussion sans retenue et sans la présence du principal du collège.
"Je me suis volontairement mis en retrait pour ne pas les bloquer>, devait confier hier Jean-Paul Eitel dont l'intérêt dans cette opération est essentiellement de "sensibiliser les élèves aux tentations dont ils font l'objet>. Et ce, même si le chef d'établissement avoue qu'il est "difficile de se rendre compte de l'étendue des comportements à risques>. L'idée est donc de faire de la prévention. "On ne peut pas dire aujourd'hui aux parents: "Votre enfant ne sera jamais confronté à des drogues", reconnaît Jean-Marc Welter, principal adjoint. Notre rôle est donc de les préparer, avec nos moyens, à acquérir un esprit critique.> En clair, ils doivent savoir où ils mettent les pieds.
Quelques vérités
D'autant que, pour certains, l'expérience interdite n'est déjà plus un mystère. Sur le ton patelin du prof' complice, Patrick Koch, enseignant de SVT, a réussi à extirper à des collégiens de 3e quelques vérités qui sont toujours bonnes à répercuter dans les oreilles chastes des adultes. Par exemple, on apprend au détour de la conversation que la jeunesse éthérée se dilue plus dans l'alcool que dans la fumette, constatant, à juste titre, que "l'alcool circule très facilement dans les soirées>, que ne "pas boire dans une soirée, ça fait tâche>, qu'il y a "toujours quelqu'un pour te dire: "Allez, goûte!">.
Les loustics ne sont pas dupes non plus des stratégies commerciales qui en font des coeurs cibles. Les "premix", ces mélanges sucrés de soda et d'alcools forts, s'absorbent "comme de la limonade>, et ils savent pourquoi. Le but des génies du marketing est de créer un réflexe de consommation chez ces futurs clients potentiels. L'industrie de la bibine agit d'ailleurs comme les fabricants de tabac qui considèrent qu'une marque de cigarettes achetée pendant l'adolescence vous suivra, presque à coup sûr, jusqu'à la mort... Alors, le cannabis dans tout ça: "Une drogue illégale face à des drogues légales!" Ni plus, ni moins. Prochaine étape, donc, avertir que l'alcool nuit. Lui aussi.
Th.F.
Paru le : 2004-11-24 00:00:00 (Sarreguemines / Environs)