Le Républicain Lorrain
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Drame de la RN 33: quatre ans de prison ferme
Ambiance lourde hier au tribunal de Sarreguemines. Le jeune Gregory Allender, à l'origine du drame de la RN 33 qui avait fait deux morts près de Saint-Avold, a été condamné à cinq ans de prison dont un an avec sursis. Dans la salle d'audience, une cinquantaine de proches avaient pris place.
La maman d'Hugo n'a pas lâché le petit pyjama rayé durant toute l'audience. Le serrant contre elle, le triturant. Quelques bancs plus loin, une autre femme pleure. Il s'agit de la mère de Grégory Allender. La première a vu son fils tué dans l'accident provoqué par le fils de la seconde. Hier, le tribunal de Sarreguemines a prononcé une peine de cinq ans de prison dont un an assorti du sursis pour Grégory Allender. Qualifié de "criminel de la route> par le procureur Michel Beaulier, ce jeune majeur de 19 ans est à l'origine du drame de la RN 33. Le samedi 17 février, à 14 h, il emprunte une voiture à un concessionnaire automobile (voir ci-dessous) et un peu plus tard, c'est le drame.
Le prévenu, droit devant la barre, se penche vers le micro pour répondre aux questions du président Vonau qui reconstitue les faits. Cheveux courts, regard rougi, teint pâle. "Dans une courbe, le véhicule a décroché de l'arrière>. Le bolide traverse le terre-plein central et vient percuter une voiture circulant en sens inverse. Au volant, Magali Aptel. À l'intérieur, quatre enfants: Claire, Marine, Christopher et Hugo. Magali et Hugo sont tués dans l'accident. Les trois autres passagers, blessés. Au moment de la perte de contrôle, la voiture d'Allender circulait autour de 150 km/h sur un tronçon pourtant limité à 70 km/h. Les tests révéleront également la consommation de cannabis. D'après son passager, le prévenu a fumé la veille. Vitesse plus stupéfiants conduisent la justice a placer le jeudi 12 janvier le chauffard en détention préventive.
Inconscience et immaturité
"Dans tout le dossier de l'instruction, je n'ai pas vu la trace d'un regret>, lance le président Vonau. "Je suis sincèrement désolé et ne pourrai jamais me faire pardonner. Tous les jours, je pense à ce que j'ai fait>, répond le prévenu. Ecoutant cette repentance, la mère d'Hugo craque et se tient le visage entre les mains. A ses côtés, le masque sur le visage du père.
Me Gérard Michel représente les parties civiles, "ces deux familles fracassées>. Il dépeint le prévenu comme un être incapable d'un quelconque altruisme. Tout à sa passion pour l'automobile. "Cet accident s'avère la conjonction entre son égoïsme et la cupidité d'un concessionnaire>. Allender? Un être "immature> qui a "laissé libre cours à ses instincts>, selon le procureur Beaulier. Sur la route, "il y a des centaines de jeunes de ce type>. Et "aujourd'hui, on demande des comptes pour la violence routière>. A l'énoncé des réquisitions, cinq ans dont un an avec sursis, un murmure parcourt la salle.
Délicate mission que celle assurée par Claude Brock, défendre le prévenu. "Nous ne sommes pas là pour faire la justice de la rue. Tous les jours, mon client vit également avec ses morts et ses blessés.>
Après le prononcé du jugement, la maman de Grégory Allender profite d'un instant de répit pour embrasser son fils. Elle pleure. L'avocat du condamné se réserve, quant à lui, la possibilité de faire appel de cette décision.
Matthieu VILLEROY.
Paru le : 2004-10-19 00:00:00 (Lorraine / Faits Divers)