Article tiré de la depêche du midi, Samedi 31 Juillet.
Un saisonnier drogue ses collègues a leur insu.
On a beau être saisonnier, on ambitionne parfois de sortir du train-train quotidien et d'innover dans son travail. C'est en substance ce qu'a dû imaginer Pablo (les prénoms ont été changés) lorsqu'il a décidé de parsemer de miettes de cannabis quelques-uns des gâteaux au chocolat qu'il confectionnait pour un restaurant du Cordais. Histoire de donner au dessert un gout plus...aérien.
Une recette toute personnelle en forme d'adaptation du fameux "space cake" prisé des consommateurs de drogues douces, qu'il réservait à sa consommation personnelle et à celle de deux de ses collègues serveurs. Un petit business resté artisanal puisqu'au total Pablo assure n'en avoir fabriqué que 4 ou 5.
Le trio fumeux aurait pu en rester là, planant à ses heures et profitant des quelques moments de descentes pour s'atteler aux tâches qui leur incombait dans le restaurant. Oui mais voilà...Une des employées, appelons la Ruth, ne goûtait pas vraiment l'atmosphère "katmandou" véhiculée par l'apprenti cuisinier-droguiste. Et Ruth le faisait manifestement savoir. On l'imagine facilement rabrouant Pablo et ses collègues sur la taille de leurs pupilles ou leur abrutissante propension à se marrer comme des baleines en découvrant le plat du jour. bref, Ruth n'appréciait pas et la patronne non plus.
Pablo jamais en mal de générosité, décide donc, à l'insu de leur plein gré à toute les deux, de leur faire payer leur outrecuidance. Et de leur faire goûter son "space cake goût choco". Rusé, l'as de la fumette place le dessert planant sur la table du personnel où employés et patrons déjeunent avant le service.
DU PIANO AU VIOLON
A deux reprises au moins au cours du mois de Juillet, la patronne goûte l'appétissante pâtisserie. Son petit-fils de 17 mois, sur ses genoux pour le dessert aura lui aussi droit à sa part, tout comme la maman du bambin, à nouveau enceinte. Tous les trois seront pris de malaises. Il faut dire que Pablo, pas bégueule, avait eu la main lourde et s'était montré large sur les boulettes de shit.
Le 25 Juillet, c'est au tour de Ruth d'ingurgiter le curieux plat. La jeune fille, malade elle aussi, est transportée a l'hôpital. Dans ses urines, trois jours plus tard, on retrouve des traces de cannabis dans des proportions assez peu banales.
Ruth fait la liaison avec ses collègues enfumés. La patronne comprend alors la cause de ses malaises à repétition, rassure son médecin traitant qui lui avait prescrit des médocs contre les vertiges et pris un rendez vous chez un neurologue.
Les gendarmes de la brigade de recherche en charge de l'enquête interpellent Pablo, le placent en garde a vue et retracent l'histoire.
L'employé indélicat et ses amis consommateurs, devront répondre des faits devant le tribunal correctionnel le 23 Septembre. Ou comment un habitué du "piano" risque "le violon".
Les gâteaux ayant été réservés à la consommation du personnel et non servis en salle, aucun client n'à été victime du cuistot stone.
Le resto respire. Finalement, pas de quoi en faire un space cake...
Jérome Schrepf.