Cocaïne, héroïne, cannabis, amphétamines...
Les grandes tendances du rapport 2004, référence mondiale sur l'étendue du trafic des drogues.
Par ARNAUD AUBRON
lundi 28 juin 2004 (Liberation.fr - 16:12)
Héroïne et autres dérives de l'opium
Consommés par 15 millions de personnes dans le monde, les dérivés de l'opium restent la principale source de problèmes liés aux drogues, représentant deux tiers des demandes de traitements en Asie et en Europe. Quant aux chiffres de la production, ils ne sont guère plus encourageants. Certes, elle a chuté en Asie du Sud-Est, mais cette zone semble s'être massivement tournée vers la production de méthamphétamines, relativisant sérieusement les succès revendiqués par l'ONU en Birmanie.
Surtout, malgré les appels au djihad du président Karzaï et la mobilisation internationale au sommet de Berlin de mai, la production de pavot à opium devrait encore augmenter de 5 % cette année en Afghanistan, passant de 3. 600 tonnes d'opium en 2003 à 3. 800 tonnes en 2004, soit les trois-quarts de la production mondiale et la moitié du PIB afghan…
Cocaïne et autres dérivés de la coca
La culture de coca, elle, baisse significativement, et ce pour la quatrième année consécutive, dans les trois pays andins producteurs (Colombie, Pérou et Bolivie). La production de cocaïne serait ainsi passée entre 2002 et 2003 de 800 à 650 tonnes. Ce succès revendiqué par l'ONU s'opère toutefois au prix d'une militarisation croissante de la répression dans cette région, les fumigations des plantations de coca par herbicides dans le cadre du Plan Colombie mené par les Etats-Unis posant de plus de sérieuses questions de santé publique, tandis que le pays s'enfonce dans une guerre civile toujours financée par le trafic.
Quant à la consommation (13 millions d'usagers dans le monde en 2003), elle se «stabiliserait» en Amérique du Nord, mais augmenterait en Europe où de plus en plus de saisies sont opérées (13 % des saisies mondiales contre 8 % en 2000). «Cette hausse des prises en Europe constitue l'évolution la plus inquiétante du trafic», estime l'ONUDC.
Cannabis et résine
C'est «la» drogue en vogue dans le monde. Avec plus de 146 millions d'usagers (sur un total de 185 millions toutes drogues confondues), une consommation en pleine explosion et 142 pays concernés par la production.
Côté production, justement, l'ONU estime, selon des sources américaines, que 32. 000 tonnes d'herbe auraient été récoltées dans le monde, dont un tiers aux Etats-Unis, premier producteur mondial et pourtant principal soutien de la «guerre à la drogue» dans le monde. Ces chiffres sont toutefois à prendre avec les plus grandes précautions, puisque, en 1999, l'ONU estimait la production mondiale entre 10 .000 et 300. 000 tonnes, proposant, avec de multiples réserves, le chiffre de 30.000 tonnes comme étant le moins fantaisiste. Le chiffre de 32 000 tonnes semble de plus négliger une production africaine (particulièrement sud-africaine) et européenne (particulièrement néerlandaise et suisse) croissantes. La production mondiale de haschich a, elle, été estimée à 7.400 tonnes par l'ONUDC, dont 3.000 pour le seul Maroc.
Au total, 5. 800 tonnes de cannabis ont été saisies dans le monde en 2002, (4. 700 d'herbe, 1 000 de haschich et 100 d'huile).
Stimulants de type amphétamines
Autre sujet majeur de préoccupation, les drogues de synthèse, dont 38 millions de personnes auraient fait usage en 2003. La production mondiale d'amphétamines et de methamphétamines est estimée à quelque 410 tonnes, tandis que celle d'ecstasy est évaluée à 113 tonnes, principalement fabriquées en Europe. Un nombre record de laboratoires (12 000) a par ailleurs été démantelé en 2002, dont la quasi totalité en Amérique du Nord. L'Asie du Sud-Est serait une zone majeure de production de méthamphétamines. La consommation augmente toujours, «mais semble s'être stabilisée» selon l'ONU.
- Le rapport de l'ONU
http://www.liberation.fr/page.php?Article=219263