Un vaccin contre la cocaïne
Une firme britannique a mis au point un remède qui supprime le désir de prendre de la cocaïne. Ce type de traitement existe déjà contre l'héroïne et l'alcool. Explications du docteur Michel Hautefeuille, de l'hôpital parisien Marmottan.
Mis en ligne le 15 juin 2004
Un vaccin pouvant aider les cocaïnomanes à se libérer de leur dépendance pendant au moins six mois vient d'être découvert. Le traitement a été mis au point par l'entreprise britannique de biotechnologie Xenova.
Sensation bloquée
Le vaccin ne permet pas de supprimer le désir de prendre de la drogue. Il bloque toutefois la sensation d'euphorie ressentie par les usagers lors de la prise de cocaïne, interrompant ainsi le cycle de dépendance engendré à chaque nouvelle consommation. "Le vaccin empêche la cocaïne de circuler par le sang jusqu'au cerveau, a expliqué le directeur de la firme, David Oxlade, à la BBC. Là où l'effet planant est ressenti et donc là où se crée l'accoutumance."
Il est possible que certains patients décident simplement d'utiliser une autre drogue, a-t-il admis, ajoutant que ce fut d'ailleurs le cas lors des études menées par Xenova, bien qu'à un degré limité (lire l'encadré ci-dessous). "C'est un résultat assez remarquable", a-t-il estimé.
Contre l'héroïne et l'alcool
Des médicaments qui "bloquent les effets d'une drogue dans un but thérapeutique, il en existe déjà : le Nalorex pour les opiacés et le Revia pour l'alcool", indique à tf1.fr le docteur Michel Hautefeuille, qui travaille au centre de soins pour toxicomanes de l'hôpital Marmottan, à Paris. "Un cachet de Nalorex, pris tous les matins, n'a aucun effet ; en revanche, si un toxicomane consomme de l'héroïne alors qu'il est sous traitement, il ne ressentira rien", souligne le praticien hospitalier. "Ce type de traitements, poursuit-il, permet à certains patients de passer le cap un peu compliqué où ils ont décroché mais où ils ont encore envie dans leur tête de se défoncer. Ces médicaments doivent être envisagés dans le cadre d'une prise en charge au minimum psychologique".
Des tests concluants
Trois études conduites aux Etats-Unis ont révélé que près de la moitié des toxicomanes ayant ainsi vaccinés pouvaient se passer de cocaïne pendant cette période, a déclaré David Oxlade. Selon le quotidien The Guardian, l'étude a été menée à l'université médicale de Yale sur un petit échantillon de 22 usagers réguliers de cocaïne et de cocaïnomanes en cours de désintoxication. Xenova a démarré une étude plus vaste concernant 130 patients dont les résultats sont attendus en 2006, précise le journal