Cannabis : un plan de lutte contre le fléau
- Le Conseil économique et social a présenté, hier, les résultats d’un travail centré sur « la problématique cannabique en Nouvelle-Calédonie ». Selon ses auteurs, il est urgent de mettre en place une politique volontariste sur le territoire. - Pour les spécialistes, la prévention doit en priorité cibler les jeunes. Les risques de désocialisation des plus jeunes consommateurs sont réels.
Avec plus de 13 000 pieds de cannabis saisis, l’an dernier, par les gendarmes, sur un total sans doute bien plus important, le cannabis n’est plus une culture anodine. « Economie parallèle », « fléau social », « déstabilisation de la société kanak ». Les jugements se sont succédé, hier, dans l’enceinte du Conseil économique et social (CES), qui présentait, à la demande de la Province nord, les résultats des travaux de la Commission de la santé et de la protection sociale sur « la problématique cannabique » en Calédonie.
Tenir à jour des indicateurs fiables
Présentée comme une véritable « bombe à retardement » par Maxime Karembeu, vice-président du CES, l’installation du cannabis dans le paysage calédonien a conduit les auteurs du rapport à formuler plusieurs propositions (lire par ailleurs) dont la création d’un observatoire des drogues. Réunissant l’ensemble des acteurs concernés par le problème (associations, justice, police, santé), cet organisme aurait pour mission de tenir à jour des indicateurs susceptibles d’orienter l’action publique.
Au-delà des problèmes de santé publique posés par la consommation de cannabis, ce sont surtout son enracinement en Brousse et sa diffusion auprès des jeunes qui ont retenu l’attention des membres du CES.
« Il est plus facile et plus rentable de cultiver du cannabis et d’en faire commerce plutôt que d’aller travailler aux champs ou dans d’autres secteurs », constate la commission. Une réalité socio-économique qui bouleverse totalement les habitudes des jeunes Mélanésiens. « C’est la société kanak dans son ensemble qui est menacée par le développement de ce trafic, le Sénat coutumier doit prendre le problème à bras-le-corps », a rappelé Maxime Karembeu.
Admise par l’ensemble des acteurs du monde politique, juridique, social et policier, cette situation se joue cependant sur deux fronts. « La production est une chose, le réseau de revente en est une autre, qui n’implique pas forcément de jeunes gens de la Brousse », a rappelé un intervenant. Une revente qui, selon les parents d’élèves, gangrène les établissements scolaires. « Ça fume dans tous les coins, les jeunes peuvent se procurer des dosettes à 100 CFP. Malgré cela, certains se demandent toujours s’il est opportun d’interdire la cigarette ! », s’est exclamé l’un d’entre eux.
La loi Evin
pour commencer
« La Calédonie a besoin de décisions courageuses, d’un vrai changement dans la manière d’aborder la question », a souhaité Marie-Claire Beccalossi, présidente de la Commission, au moment de clore la séance. Au premier rang de celles-ci, l’application de la loi Evin en Calédonie faisait, hier, l’unanimité parmi les membres du CES. La balle est désormais dans le camp des Institutions.
source: http://www.info.lnc.nc/caledonie/20040609.LNC7091.html