La politique anti-drogue de l'ONU alimente le terrorisme
Posté: 07 Avr 2004, 21:21La politique anti-drogue de l'ONU alimente le terrorisme, selon une ONG
(AFP 18/03/2004)
VIENNE, 18 mars (AFP) - Une ONG européenne a déclenché une polémique
mercredi à Vienne en accusant la politique répressive des Nations Unies
contre le trafic de drogues de favoriser le financement du terrorisme
international.
Des membres du "Network of European Fondations (NEF) Comité des Sages", une
organisation européenne qui vise à promouvoir de nouvelles idées dans la
lutte anti-drogue, ont estimé qu'en interdisant et en réprimant le commerce
des drogues, les Nations Unies créaient en fait un marché noir très
rentable pour les trafiquants, qui sont souvent liés aux organisations
terroristes.
"Ce régime (d'interdiction) nourrit le terrorisme car il lui fournit des
moyens financiers, et il nuit à la sécurité internationale", a déclaré un
membre de la NEF, Sir Keith Morris, ancien ambassadeur du Royaume-Uni en
Colombie, lors d'une conférence de presse.
Sir Keith s'exprimait en marge de la 47e session de la Commission de l'ONU
sur les stupéfiants, à l'issue d'un symposium organisé par le Conseil de
Senlis, un groupe de réflexion créé en 2002 par la NEF.
"Le système ne fonctionne pas, mais il n'est pas remis en question à l'ONU,
c'est un tabou", a-t-il dit.
Le directeur de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime
(UNODC), Antonio Maria Costa, avait souligné après les attentats de Madrid
du 11 mars les liens existants entre le crime organisé, notamment le trafic
de drogue, et les organisations terroristes.
Mardi, il a signé à Vienne un accord de coopération entre l'UNODC et
l'organisation européenne de police, Europol, dans la lutte contre le
terrorisme.
Lors de la cérémonie de signature, le chef d'Europol, Juergen Storbeck, a
appelé les Etats et les organisations internationales "à mieux coopérer"
contre le terrorisme, le crime organisé et le trafic de drogue.
Il a indiqué que certains groupes terroristes avaient utilisé l'argent de
la drogue pour financer leurs activités, notamment le Parti des
Travailleurs du Kurdistan (PKK, séparatistes kurdes de Turquie).
Mais l'ancien secrétaire général d'Interpol Raymond Kendall, membre de la
NEF, a estimé mercredi que l'ONU devait "changer son approche d'une mise en
application répressive de la loi pour s'intéresser aux moyens de réduire la
consommation".
"Les Nations Unies se sont fixé l'objectif en 1998 d'un monde sans drogue
en 2008. Nous sommes aujourd'hui à mi-chemin vers 2008, et il y a plus de
drogues que jamais", a-t-il critiqué.
Pour Eugène Oscapella, de la Fondation canadienne pour les politiques sur
les drogues, "l'ONU n'a pas réfléchi au fait que c'est précisément
l'interdiction qui fait des drogues une marchandise tellement désirée".
Dans un rapport récent, cette Fondation estime que "le commerce de drogues
dans un système d'interdiction est devenu l'une des principales, sinon la
principale source de financement pour beaucoup d'organisations terroristes".
Elle souligne qu'en Afghanistan (qui a produit 3.600 tonnes de pavot à
opium en 2003 selon l'ONU), les talibans et leurs alliés tirent des profits
gigantesques en contrôlant les trafics vers l'Europe, l'Asie et la Russie.
"Sans l'interdiction, ces drogues vaudraient beaucoup, beaucoup moins. La
Colombie possède du café et de la cocaïne. Mais c'est la cocaïne qui
finance les groupes paramilitaires", a déclaré M. Oscapella à l'AFP.
Selon le Conseil de Senlis, suite aux attentats de Madrid, l'ONU a mis en
valeur le lien entre le trafic de drogue et le terrorisme pour des raisons
tactiques.
"L'ONU insiste sur ce lien avec le terrorisme pour convaincre que les
drogues doivent être interdites et obtenir du soutien pour sa politique", a
déclaré à l'AFP le directeur du Conseil, Emmanuel Reinert.
(AFP 18/03/2004)
VIENNE, 18 mars (AFP) - Une ONG européenne a déclenché une polémique
mercredi à Vienne en accusant la politique répressive des Nations Unies
contre le trafic de drogues de favoriser le financement du terrorisme
international.
Des membres du "Network of European Fondations (NEF) Comité des Sages", une
organisation européenne qui vise à promouvoir de nouvelles idées dans la
lutte anti-drogue, ont estimé qu'en interdisant et en réprimant le commerce
des drogues, les Nations Unies créaient en fait un marché noir très
rentable pour les trafiquants, qui sont souvent liés aux organisations
terroristes.
"Ce régime (d'interdiction) nourrit le terrorisme car il lui fournit des
moyens financiers, et il nuit à la sécurité internationale", a déclaré un
membre de la NEF, Sir Keith Morris, ancien ambassadeur du Royaume-Uni en
Colombie, lors d'une conférence de presse.
Sir Keith s'exprimait en marge de la 47e session de la Commission de l'ONU
sur les stupéfiants, à l'issue d'un symposium organisé par le Conseil de
Senlis, un groupe de réflexion créé en 2002 par la NEF.
"Le système ne fonctionne pas, mais il n'est pas remis en question à l'ONU,
c'est un tabou", a-t-il dit.
Le directeur de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime
(UNODC), Antonio Maria Costa, avait souligné après les attentats de Madrid
du 11 mars les liens existants entre le crime organisé, notamment le trafic
de drogue, et les organisations terroristes.
Mardi, il a signé à Vienne un accord de coopération entre l'UNODC et
l'organisation européenne de police, Europol, dans la lutte contre le
terrorisme.
Lors de la cérémonie de signature, le chef d'Europol, Juergen Storbeck, a
appelé les Etats et les organisations internationales "à mieux coopérer"
contre le terrorisme, le crime organisé et le trafic de drogue.
Il a indiqué que certains groupes terroristes avaient utilisé l'argent de
la drogue pour financer leurs activités, notamment le Parti des
Travailleurs du Kurdistan (PKK, séparatistes kurdes de Turquie).
Mais l'ancien secrétaire général d'Interpol Raymond Kendall, membre de la
NEF, a estimé mercredi que l'ONU devait "changer son approche d'une mise en
application répressive de la loi pour s'intéresser aux moyens de réduire la
consommation".
"Les Nations Unies se sont fixé l'objectif en 1998 d'un monde sans drogue
en 2008. Nous sommes aujourd'hui à mi-chemin vers 2008, et il y a plus de
drogues que jamais", a-t-il critiqué.
Pour Eugène Oscapella, de la Fondation canadienne pour les politiques sur
les drogues, "l'ONU n'a pas réfléchi au fait que c'est précisément
l'interdiction qui fait des drogues une marchandise tellement désirée".
Dans un rapport récent, cette Fondation estime que "le commerce de drogues
dans un système d'interdiction est devenu l'une des principales, sinon la
principale source de financement pour beaucoup d'organisations terroristes".
Elle souligne qu'en Afghanistan (qui a produit 3.600 tonnes de pavot à
opium en 2003 selon l'ONU), les talibans et leurs alliés tirent des profits
gigantesques en contrôlant les trafics vers l'Europe, l'Asie et la Russie.
"Sans l'interdiction, ces drogues vaudraient beaucoup, beaucoup moins. La
Colombie possède du café et de la cocaïne. Mais c'est la cocaïne qui
finance les groupes paramilitaires", a déclaré M. Oscapella à l'AFP.
Selon le Conseil de Senlis, suite aux attentats de Madrid, l'ONU a mis en
valeur le lien entre le trafic de drogue et le terrorisme pour des raisons
tactiques.
"L'ONU insiste sur ce lien avec le terrorisme pour convaincre que les
drogues doivent être interdites et obtenir du soutien pour sa politique", a
déclaré à l'AFP le directeur du Conseil, Emmanuel Reinert.
