Vins et liqueurs: le gouvernement parle double
Posté: 09 Mar 2004, 09:35
Un document officiel prévoit de réduire de 20 % la consommation d'alcool d'ici à 2008.
Vins et liqueurs: le gouvernement parle double
Par Matthieu ECOIFFIER
lundi 08 mars 2004
Sur l'alcool, voilà le gouvernement pris dans l'alambic de ses contradictions. Alors que Jean-Pierre Raffarin a promis un «réaménagement» de la loi Evin pour permettre aux viticulteurs de faire la promotion de leurs crus et qu'un amendement doit être prochainement adopté dans ce sens , un document officiel, que Libération s'est procuré, prévoit au contraire «une accélération du rythme de décroissance de 50 % pour [la consommation] de vin» d'ici à 2008.
Affichage. «Les objectifs assignés à l'action publique pour les cinq ans sont de réduire de 20 % la consommation annuelle d'alcool par habitant», est-il précisé dans ce document intitulé «Plan gouvernemental de lutte contre les drogues illicites, le tabac et l'alcool, 2003-2008». Il s'agit de la dernière version, avant ultime arbitrage, du fameux plan quinquennal de la Mildt (Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie). Annoncé pour mi-septembre puis maintes fois reporté, il a fait l'objet d'une réunion vendredi à Matignon. Consigne a été donnée à Didier Jayle, président de la Mildt, de le «vendre» comme novateur et en rupture avec la politique des drogues du gouvernement Jospin, accusé d'avoir mélangé alcool et cannabis. Fixer des objectifs chiffrés de réduction de la consommation participe de cet affichage pragmatique.
Avec modération. Pour l'alcool, cela donne : «Le seuil de dangerosité perçue est ramené à trois verres par jour pour les hommes et deux verres par jour pour les femmes.» De quoi faire trinquer les viticulteurs de rage. Pour parvenir à cet objectif, le plan gouvernemental indique qu'il faut «rétablir les mesures originales de la loi Evin concernant la publicité». Et substituer, dans les campagnes de communication grand public, «la notion de consommation faible à celle de consommation modérée, notion floue qui laisse accepter des consommations individuelles excessives». Or la défense du «consommer avec modération» est l'un des chevaux de bataille de la filière du vin, enfourché au Sénat lors de l'examen de la loi de santé publique : «Le vin n'a rien à voir avec l'alcoolisme du samedi soir, celui des jeunes ou l'alcoolisme mondain. Il faut chercher des coupables ailleurs», avait assuré Roland Courteau sénateur de l'Aude (Libération du 17 janvier).
Si ce plan sur cinq ans ne fait que se caler sur les normes de l'OMS, on comprend que Matignon préfère reporter sa publication après les élections. «Sortir d'un côté le vin de la loi Evin et de l'autre afficher ces objectifs de santé publique est totalement contradictoire», constate Philippe Batel, alcoologue à l'hôpital Beaujon.
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Affichage. «Les objectifs assignés à l'action publique pour les cinq ans sont de réduire de 20 % la consommation annuelle d'alcool par habitant», est-il précisé dans ce document intitulé «Plan gouvernemental de lutte contre les drogues illicites, le tabac et l'alcool, 2003-2008». Il s'agit de la dernière version, avant ultime arbitrage, du fameux plan quinquennal de la Mildt (Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie). Annoncé pour mi-septembre puis maintes fois reporté, il a fait l'objet d'une réunion vendredi à Matignon. Consigne a été donnée à Didier Jayle, président de la Mildt, de le «vendre» comme novateur et en rupture avec la politique des drogues du gouvernement Jospin, accusé d'avoir mélangé alcool et cannabis. Fixer des objectifs chiffrés de réduction de la consommation participe de cet affichage pragmatique.
Avec modération. Pour l'alcool, cela donne : «Le seuil de dangerosité perçue est ramené à trois verres par jour pour les hommes et deux verres par jour pour les femmes.» De quoi faire trinquer les viticulteurs de rage. Pour parvenir à cet objectif, le plan gouvernemental indique qu'il faut «rétablir les mesures originales de la loi Evin concernant la publicité». Et substituer, dans les campagnes de communication grand public, «la notion de consommation faible à celle de consommation modérée, notion floue qui laisse accepter des consommations individuelles excessives». Or la défense du «consommer avec modération» est l'un des chevaux de bataille de la filière du vin, enfourché au Sénat lors de l'examen de la loi de santé publique : «Le vin n'a rien à voir avec l'alcoolisme du samedi soir, celui des jeunes ou l'alcoolisme mondain. Il faut chercher des coupables ailleurs», avait assuré Roland Courteau sénateur de l'Aude (Libération du 17 janvier).
Si ce plan sur cinq ans ne fait que se caler sur les normes de l'OMS, on comprend que Matignon préfère reporter sa publication après les élections. «Sortir d'un côté le vin de la loi Evin et de l'autre afficher ces objectifs de santé publique est totalement contradictoire», constate Philippe Batel, alcoologue à l'hôpital Beaujon.
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