Cannabis au rayon pharmacie (2)
Posté: 27 Fév 2004, 20:45
Cannabis sur ordonnance
A trois heures de TGV de Paris, aux Pays-Bas, la
plante est reconnue comme un médicament. Visite
des serres à marijuana avec un Américain,
cannabiculteur patenté.
Rotterdam envoyé spécial
Madame N. est une respectable mamie de la
banlieue de Rotterdam qui n'oublie jamais l'heure
de son thé... à la marijuana. Elle en boit une à
deux fois par jour, selon l'acuité de ses
douleurs. Mais pour préparer sa décoction elle
n'aime pas peser elle-même les fleurs séchées de
cannabis, un peu collantes dans leur pot
cylindrique en plastique. Elle préfère téléphoner
à Patricia, sa pharmacienne. «Vous pourriez me
préparer des sachets de un gramme ? C'est plus
pratique», lui commande-t-elle. «Pour le thé, il
faut faire bouillir un gramme dans un litre
d'eau, passer la passoire et boire une tasse de
0,2 litre. Deux, maximum, si l'effet n'est pas
assez fort. Il se fait sentir entre 30 et 90
minutes après l'ingestion et dure deux à trois
heures», lui a expliqué Patricia. Depuis la
légalisation du «cannabis médicinal» le 1er
septembre, son médecin lui a prescrit une
infusion quotidienne pour atténuer les
souffrances de son cancer en phase terminale.
Seule différence avec une ordonnance habituelle,
le praticien doit écrire, en toutes lettres, son
nom et le poids du cannabis.
A trois heures de TGV de Paris, où les sénateurs
UMP considèrent encore le cannabis comme «une
drogue qui fait venir les démons» et un «autre
cancer», la plante est reconnue comme un
médicament. Les Pays-Bas sont devenus le premier
pays où le cannabis est disponible en pharmacie,
sur ordonnance. «On peut le prendre sous forme de
thé ou l'inhaler. En tant que pharmacien, on ne
peut pas conseiller de le fumer car la combustion
est toxique. Mais la plupart des gens le font car
c'est plus simple», explique Roné Weele, patron
de l'Apotheek. Il vend le Vapir et le Volcano,
deux inhalateurs à température réglable qui
permettent de chauffer la plante et de vaporiser
ses émanations. Les indications thérapeutiques et
les posologies que lui a fournies le ministère de
la Santé néerlandais restent assez floues et
empiriques. «Les effets du cannabis n'ont été
étudiés que de façon limitée, et les données
disponibles proviennent d'études de cas et de
nombreux témoignages», explique la note diffusée
aux professionnels.
Principe planant et principe relaxant
Le cannabis a une «chance raisonnable de
résultats positifs», précise ce document, pour
les cinq indications suivantes : «les
contractures musculaires douloureuses de la
sclérose en plaques et des blessures de la moelle
épinière ; la nausée et les vomissements liés aux
chimiothérapies, radiothérapie et trithérapie ;
les douleurs chroniques d'origine neurologique ;
le syndrome de Gilles de la Tourette et le
traitement palliatif du cancer et du sida». Faute
d'études scientifiques dose-effets, «il faut
quinze jours à chaque patient pour adapter sa
posologie à sa réaction aux principes actifs du
médicament», explique le pharmacien : les deux
principaux sont le dronabinol, plus connu sous le
terme de THC (tétrahydrocannabinol), réputé
«planant», et le cannabidiol (CBD), aux
propriétés plus relaxantes.
Deux producteurs ont été habilités par les
autorités néerlandaises. Chacun commercialise
pour l'heure un seul «mélange» : le Simm 18, dosé
à 15 % de THC et 0,7 % de CBD (41,39 euros la
boîte de cinq grammes). Et le Bedrocan, 18 % de
THC et 0,8 % de CBD (46,91 euros). Pour les
autorités, légaliser, c'est avant tout contrôler.
«Sur le marché noir, la qualité et la
concentration du produit sont aléatoires. Notre
cannabis a une très faible teneur en bactéries et
nous contrôlons l'absence de pesticide et de
métaux lourds. Nous faisons la distinction entre
l'usage médical et récréatif, comme c'est déjà le
cas pour la morphine», explique Wim Scholten,
responsable du Bureau du cannabis médicinal à La
Haye. Dix-huit mois ont été nécessaires pour
mettre sur pied un dispositif qui réponde aux
exigences des traités des Nations unies sur la
culture du cannabis. «Pour l'International
Narcotics Control Board, un pays qui l'autorise à
fins scientifiques et thérapeutiques doit créer
une agence qui achète toute la production et
assure un monopole sur les ventes, le packaging
et la distribution», explique Scholten. Les
voisins européens ? «On les a informés via nos
ambassades», sourit-il.
Lorsque la décision a été prise, sous le
gouvernement social-démocrate précédent, puis
adoptée par le Parlement en novembre 2001, plus
de dix mille Néerlandais utilisaient déjà du
cannabis thérapeutique. La plupart étaient les
clients officieux de James Burton, le fondateur
du Simm, l'Institut de la marijuana médicinale,
en 1993. «Juste avant la légalisation, je livrais
trois hôpitaux et six cents pharmacies et
disposais d'un fichier de milliers d'ordonnances
"illégales". Je le vendais 3 euros le gramme,
c'est-à-dire moins cher que dans la rue, et
garanti sans pesticides et sans bénéfice de ma
part. Mais les autorités ne pouvaient pas me
laisser continuer à livrer de telles quantités
avec mon camion», raconte cet Américain, devenu,
en dix ans, le spécialiste international de la
cannabiculture. Pour le rencontrer, il faut
signer un document «confidentiel» de
non-divulgation de l'adresse de l'institut.
Bibliothèque de marijuana
Sur la route de Naaldwijk, les serres se
succèdent entre maisons de brique et canaux. Des
hectares de tomates et de tulipes sous verre. Du
bord de la route, rien ne distingue l'usine à
cannabis, n'étaient les quarante-neuf caméras de
surveillance et quatre chiens méchants. Et, dès
l'entrée, la forte odeur poivrée qui défrise les
narines.
Lunettes ovales et discret catogan, James Burton,
57 ans, informaticien de profession, fait visiter
son royaume : 1 800 mètres carrés de cannabis en
pots, 134 variétés différentes, «la plus grande
bibliothèque de marijuana légale au monde», selon
son fondateur, qui a acheté des graines lors de
ses voyages aux quatre coins de la planète.
«Quand la police fait une visite, voir autant de
marijuana leur fait tout drôle. D'habitude, ils
repartent avec», plaisante-t-il. Sa licence a
couronné dix ans de travail pour faire de la
plante un médicament.
Une croisade d'abord personnelle pour cet
Américain. Le cannabis lui a sauvé la vue (lire
ci-dessous). Avant de le transformer en
cannabiculteur hors pair qui défriche les
procédés de standardisation. Aujourd'hui, on
visite la serre des plantes mères, puis celles
des clones, qui assurent la stabilité de la
lignée. Chaque plant pousse en terre bio dans des
pots numérotés et arrosés à l'eau de pluie. Le
tout à température et humidité constantes sur un
sol qui chauffe les racines l'hiver. «Nous
n'utilisons pas de graines, qui peuvent muter,
mais des clones. L'unique variété légale que nous
produisons est contrôlée du début, la plantule, à
la fin, et chaque flacon muni d'un code-barres :
si l'un d'eux s'avère défectueux, cette
traçabilité permet de rappeler tout le lot»,
explique-t-il. Un laboratoire indépendant teste
les plants pour s'assurer de leur conformité.
Burton espère que le cannabis, au lieu d'être un
ultime recours, sera bientôt prescrit avant même
les antalgiques chimiques «La marijuana n'est pas
addictive, contrairement au Valium», dit-il.
«Avec mon livre de recettes et un de mes clones,
vous pouvez reproduire l'exacte même variété en
France», ironise-t-il.
Cinq mois après la légalisation, le bilan reste
pourtant mitigé. «Nous écoulons huit kilos de
cannabis par mois et nous estimons entre 10 000
et 20 000 le nombre de patients traités, chiffre
qui augmente progressivement», indique Scholten.
Pourquoi si peu d'adeptes ? Certains, notamment
parmi les ex-clients de Burton, trouvent le
médicament trop cher. Ou trop planant. «Ils l'ont
légalisé mais l'assurance maladie ne le rembourse
pas ! Le légal est deux fois plus cher que
l'illégal», dénonce Cas de Bruin, 43 ans, peintre
et sculpteur à Amsterdam. Mieux, «la variété
officielle me plombe, elle est trop forte en THC
récréatif». Il a surtout besoin de l'autre
composant, le CBD, pour calmer des douleurs à la
main gauche, aux doigts, coupés dans un accident.
Freins à la recherche
Comme plusieurs milliers de Néerlandais, il
continue donc à s'approvisionner pour moins cher
à Rotterdam chez «Monsieur Swan», dont
l'association, en cheville avec de petits
producteurs, milite publiquement pour que chaque
patient puisse «adopter» cinq plants pour sa
consommation personnelle. «Monsieur Swan ne peut
garantir la qualité de ses produits. La
production la vente et l'achat de cannabis
récréatif sont illégales et seulement tolérées»,
rappelle Wim Scholten. Le prix trop élevé du
médicament légal ? «C'est le coût de la
standardisation.» Le mélange trop fort ? «Notre
dosage est le plus proche de ce qui était vendu
dans les coffee shops auparavant.»
L'assurance maladie néerlandaise, en crise comme
partout en Europe, justifie le non-remboursement
du cannabis thérapeutique par l'absence de
preuves scientifiques assez étayées de son
efficacité. Or c'est le produit des ventes
légales qui finance la recherche. Hormis un
protocole sur la chimiothérapie en cours à
l'hôpital universitaire de Rotterdam, et une
recherche pour prolonger de un à deuxans le délai
de péremption du cannabis en boîte, aucun
programme d'envergure n'a été lancé sur cette
première cohorte de patients traités. «Il reste
beaucoup à faire», reconnaît Scholten «Sur les
méthodes d'analyse de la plante, qui contient
entre 60 et 75 cannabinoïdes encore mal connus.
Et pour développer un extrait à base d'alcool, ce
qui permettrait de le prendre à la petite
cuiller...»
21.02.2004 - LIBE - WEEK-END - ECOIFFIER Matthieu
A trois heures de TGV de Paris, aux Pays-Bas, la
plante est reconnue comme un médicament. Visite
des serres à marijuana avec un Américain,
cannabiculteur patenté.
Rotterdam envoyé spécial
Madame N. est une respectable mamie de la
banlieue de Rotterdam qui n'oublie jamais l'heure
de son thé... à la marijuana. Elle en boit une à
deux fois par jour, selon l'acuité de ses
douleurs. Mais pour préparer sa décoction elle
n'aime pas peser elle-même les fleurs séchées de
cannabis, un peu collantes dans leur pot
cylindrique en plastique. Elle préfère téléphoner
à Patricia, sa pharmacienne. «Vous pourriez me
préparer des sachets de un gramme ? C'est plus
pratique», lui commande-t-elle. «Pour le thé, il
faut faire bouillir un gramme dans un litre
d'eau, passer la passoire et boire une tasse de
0,2 litre. Deux, maximum, si l'effet n'est pas
assez fort. Il se fait sentir entre 30 et 90
minutes après l'ingestion et dure deux à trois
heures», lui a expliqué Patricia. Depuis la
légalisation du «cannabis médicinal» le 1er
septembre, son médecin lui a prescrit une
infusion quotidienne pour atténuer les
souffrances de son cancer en phase terminale.
Seule différence avec une ordonnance habituelle,
le praticien doit écrire, en toutes lettres, son
nom et le poids du cannabis.
A trois heures de TGV de Paris, où les sénateurs
UMP considèrent encore le cannabis comme «une
drogue qui fait venir les démons» et un «autre
cancer», la plante est reconnue comme un
médicament. Les Pays-Bas sont devenus le premier
pays où le cannabis est disponible en pharmacie,
sur ordonnance. «On peut le prendre sous forme de
thé ou l'inhaler. En tant que pharmacien, on ne
peut pas conseiller de le fumer car la combustion
est toxique. Mais la plupart des gens le font car
c'est plus simple», explique Roné Weele, patron
de l'Apotheek. Il vend le Vapir et le Volcano,
deux inhalateurs à température réglable qui
permettent de chauffer la plante et de vaporiser
ses émanations. Les indications thérapeutiques et
les posologies que lui a fournies le ministère de
la Santé néerlandais restent assez floues et
empiriques. «Les effets du cannabis n'ont été
étudiés que de façon limitée, et les données
disponibles proviennent d'études de cas et de
nombreux témoignages», explique la note diffusée
aux professionnels.
Principe planant et principe relaxant
Le cannabis a une «chance raisonnable de
résultats positifs», précise ce document, pour
les cinq indications suivantes : «les
contractures musculaires douloureuses de la
sclérose en plaques et des blessures de la moelle
épinière ; la nausée et les vomissements liés aux
chimiothérapies, radiothérapie et trithérapie ;
les douleurs chroniques d'origine neurologique ;
le syndrome de Gilles de la Tourette et le
traitement palliatif du cancer et du sida». Faute
d'études scientifiques dose-effets, «il faut
quinze jours à chaque patient pour adapter sa
posologie à sa réaction aux principes actifs du
médicament», explique le pharmacien : les deux
principaux sont le dronabinol, plus connu sous le
terme de THC (tétrahydrocannabinol), réputé
«planant», et le cannabidiol (CBD), aux
propriétés plus relaxantes.
Deux producteurs ont été habilités par les
autorités néerlandaises. Chacun commercialise
pour l'heure un seul «mélange» : le Simm 18, dosé
à 15 % de THC et 0,7 % de CBD (41,39 euros la
boîte de cinq grammes). Et le Bedrocan, 18 % de
THC et 0,8 % de CBD (46,91 euros). Pour les
autorités, légaliser, c'est avant tout contrôler.
«Sur le marché noir, la qualité et la
concentration du produit sont aléatoires. Notre
cannabis a une très faible teneur en bactéries et
nous contrôlons l'absence de pesticide et de
métaux lourds. Nous faisons la distinction entre
l'usage médical et récréatif, comme c'est déjà le
cas pour la morphine», explique Wim Scholten,
responsable du Bureau du cannabis médicinal à La
Haye. Dix-huit mois ont été nécessaires pour
mettre sur pied un dispositif qui réponde aux
exigences des traités des Nations unies sur la
culture du cannabis. «Pour l'International
Narcotics Control Board, un pays qui l'autorise à
fins scientifiques et thérapeutiques doit créer
une agence qui achète toute la production et
assure un monopole sur les ventes, le packaging
et la distribution», explique Scholten. Les
voisins européens ? «On les a informés via nos
ambassades», sourit-il.
Lorsque la décision a été prise, sous le
gouvernement social-démocrate précédent, puis
adoptée par le Parlement en novembre 2001, plus
de dix mille Néerlandais utilisaient déjà du
cannabis thérapeutique. La plupart étaient les
clients officieux de James Burton, le fondateur
du Simm, l'Institut de la marijuana médicinale,
en 1993. «Juste avant la légalisation, je livrais
trois hôpitaux et six cents pharmacies et
disposais d'un fichier de milliers d'ordonnances
"illégales". Je le vendais 3 euros le gramme,
c'est-à-dire moins cher que dans la rue, et
garanti sans pesticides et sans bénéfice de ma
part. Mais les autorités ne pouvaient pas me
laisser continuer à livrer de telles quantités
avec mon camion», raconte cet Américain, devenu,
en dix ans, le spécialiste international de la
cannabiculture. Pour le rencontrer, il faut
signer un document «confidentiel» de
non-divulgation de l'adresse de l'institut.
Bibliothèque de marijuana
Sur la route de Naaldwijk, les serres se
succèdent entre maisons de brique et canaux. Des
hectares de tomates et de tulipes sous verre. Du
bord de la route, rien ne distingue l'usine à
cannabis, n'étaient les quarante-neuf caméras de
surveillance et quatre chiens méchants. Et, dès
l'entrée, la forte odeur poivrée qui défrise les
narines.
Lunettes ovales et discret catogan, James Burton,
57 ans, informaticien de profession, fait visiter
son royaume : 1 800 mètres carrés de cannabis en
pots, 134 variétés différentes, «la plus grande
bibliothèque de marijuana légale au monde», selon
son fondateur, qui a acheté des graines lors de
ses voyages aux quatre coins de la planète.
«Quand la police fait une visite, voir autant de
marijuana leur fait tout drôle. D'habitude, ils
repartent avec», plaisante-t-il. Sa licence a
couronné dix ans de travail pour faire de la
plante un médicament.
Une croisade d'abord personnelle pour cet
Américain. Le cannabis lui a sauvé la vue (lire
ci-dessous). Avant de le transformer en
cannabiculteur hors pair qui défriche les
procédés de standardisation. Aujourd'hui, on
visite la serre des plantes mères, puis celles
des clones, qui assurent la stabilité de la
lignée. Chaque plant pousse en terre bio dans des
pots numérotés et arrosés à l'eau de pluie. Le
tout à température et humidité constantes sur un
sol qui chauffe les racines l'hiver. «Nous
n'utilisons pas de graines, qui peuvent muter,
mais des clones. L'unique variété légale que nous
produisons est contrôlée du début, la plantule, à
la fin, et chaque flacon muni d'un code-barres :
si l'un d'eux s'avère défectueux, cette
traçabilité permet de rappeler tout le lot»,
explique-t-il. Un laboratoire indépendant teste
les plants pour s'assurer de leur conformité.
Burton espère que le cannabis, au lieu d'être un
ultime recours, sera bientôt prescrit avant même
les antalgiques chimiques «La marijuana n'est pas
addictive, contrairement au Valium», dit-il.
«Avec mon livre de recettes et un de mes clones,
vous pouvez reproduire l'exacte même variété en
France», ironise-t-il.
Cinq mois après la légalisation, le bilan reste
pourtant mitigé. «Nous écoulons huit kilos de
cannabis par mois et nous estimons entre 10 000
et 20 000 le nombre de patients traités, chiffre
qui augmente progressivement», indique Scholten.
Pourquoi si peu d'adeptes ? Certains, notamment
parmi les ex-clients de Burton, trouvent le
médicament trop cher. Ou trop planant. «Ils l'ont
légalisé mais l'assurance maladie ne le rembourse
pas ! Le légal est deux fois plus cher que
l'illégal», dénonce Cas de Bruin, 43 ans, peintre
et sculpteur à Amsterdam. Mieux, «la variété
officielle me plombe, elle est trop forte en THC
récréatif». Il a surtout besoin de l'autre
composant, le CBD, pour calmer des douleurs à la
main gauche, aux doigts, coupés dans un accident.
Freins à la recherche
Comme plusieurs milliers de Néerlandais, il
continue donc à s'approvisionner pour moins cher
à Rotterdam chez «Monsieur Swan», dont
l'association, en cheville avec de petits
producteurs, milite publiquement pour que chaque
patient puisse «adopter» cinq plants pour sa
consommation personnelle. «Monsieur Swan ne peut
garantir la qualité de ses produits. La
production la vente et l'achat de cannabis
récréatif sont illégales et seulement tolérées»,
rappelle Wim Scholten. Le prix trop élevé du
médicament légal ? «C'est le coût de la
standardisation.» Le mélange trop fort ? «Notre
dosage est le plus proche de ce qui était vendu
dans les coffee shops auparavant.»
L'assurance maladie néerlandaise, en crise comme
partout en Europe, justifie le non-remboursement
du cannabis thérapeutique par l'absence de
preuves scientifiques assez étayées de son
efficacité. Or c'est le produit des ventes
légales qui finance la recherche. Hormis un
protocole sur la chimiothérapie en cours à
l'hôpital universitaire de Rotterdam, et une
recherche pour prolonger de un à deuxans le délai
de péremption du cannabis en boîte, aucun
programme d'envergure n'a été lancé sur cette
première cohorte de patients traités. «Il reste
beaucoup à faire», reconnaît Scholten «Sur les
méthodes d'analyse de la plante, qui contient
entre 60 et 75 cannabinoïdes encore mal connus.
Et pour développer un extrait à base d'alcool, ce
qui permettrait de le prendre à la petite
cuiller...»
21.02.2004 - LIBE - WEEK-END - ECOIFFIER Matthieu