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Fumeur de marijuana candidat Démocrate a la Maison Blanche

MessagePosté: 21 Jan 2013, 03:35
par daniel
L'ex-gouverneur du Vermont est le favori pour affronter George W. Bush en 2004.
Howard Dean en échappée pour l'investiture démocrate


Par Pascal RICHE

mercredi 26 novembre 2003



«Wesley Clark affirme qu'il a un plan pour rattraper Ben Laden. Soyons sérieux, il n'arrive même pas à rattraper Howard Dean.» Jay Leno, NBC Washington de notre correspondant


Lors de leur dernier débat à Des Moines (Iowa), lundi soir, les candidats à l'investiture du parti démocrate ont attaqué Howard Dean bille en tête : Dean est un «obsédé de l'équilibre budgétaire» qui n'a pas hésité, dans le Vermont dont il était gouverneur, à «couper dans les budgets sociaux» ; il «était convaincu que Saddam Hussein avait des armes de destructions massives, mais n'a rien proposé pour affronter ce problème» ; il manque «d'expérience en politique étrangère, une question critique dans notre capacité à affronter George Bush en temps de guerre».
Cette agressivité avait, finalement, de quoi conforter l'ancien médecin. Elle est le signe qu'il est maintenant le favori incontesté pour affronter George W. Bush aux élections de novembre 2004. Howard Dean n'est plus un «phénomène» : c'est une fusée. L'été dernier, les politologues saluaient sa percée tout en s'interrogeant sur la date de son effondrement. Cinq mois plus tard, les mêmes tiennent pour quasi acquise sa victoire aux primaires.
Favori. La course de l'ex-gouverneur du petit Vermont est devenue un sujet de plaisanterie pour les animateurs des talk-shows du soir : «Wesley Clark affirme qu'il a un plan pour rattraper Oussama ben Laden. Oussama ben Laden ? Soyons sérieux, il n'arrive même pas à rattraper Howard Dean !», lançait ainsi récemment Jay Leno sur NBC. Dans l'Iowa, le premier Etat à voter pour les primaires, le 19 janvier, Dean talonne le favori Dick Gephardt, représentant au Congrès du Missouri voisin. Dans le New Hamshire, qui vote le 24 janvier, il obtient 33 % des intentions de vote, laissant loin derrière le sénateur du Massachussets John Kerry (16 % des intentions de vote). Les chèques et les soutiens affluent. Les deux plus grands syndicats de cols blancs se sont rangés derrière sa bannière, un tournant dans sa campagne. Représentant 3 millions de personnes (dont un tiers de Noirs et d'Hispanique) la SEIU (employés des services) et l'AFSCME (agents des collectivités locales) apportent sur un plateau l'organisation qui manquait à cet «outsider». Il commence en outre à engranger les soutiens de personnalités noires, comme celui de Jesse Jackson Jr, représentant démocrate de l'Illinois et fils du célèbre militant noir homonyme.
Dean continue d'étonner. Il parle franchement, avoue sans sourciller qu'il a fumé de la marijuana, et même qu'il a cherché - avec succès - à se faire réformer grâce à un certificat médical pour éviter le Vietnam. Et tout cela ne semble pas trop lui porter ombrage. Pendant ce temps, les autres candidats - «les huit nains» - ne décollent pas (comme John Edwards), se dégonflent (comme John Kerry ou Joe Lieberman) ou se consument comme des feux de paille (tel Wesley Clark). Seul Dick Gephardt, en tête dans l'Iowa, reste une menace pour Dean. Représentant du Missouri, Gephardt n'est guère charismatique et il a déjà perdu les primaires de 1988.
Gaffe. Mais face à Bush, ses chances seraient peut-être meilleures. «A première vue, la géographie et quelques autres facteurs pourraient le favoriser», analyse ainsi David Kusnet, ancienne plume de Bill Clinton. Représentant du Missouri, il pourrait ramener cet Etat dans le camp démocrate. Il est géographiquement mieux placé que Dean pour séduire les Etats du centre où le scrutin est serré : Arkansas, Tennessee, Kentucky, Virginie de l'Ouest. Candidat des syndicats ouvriers, défenseur d'un certain protectionnisme, il serait peut-être plus solide dans les Etats industriels comme l'Ohio, le Michigan, la Pennsylvanie ou le Wisconsin... Cette arithmétique peut donc encore faire réfléchir l'électeur démocrate. Par rapport à Dean, qui parle souvent plus vite qu'il ne pense, Gephardt présente moins de risques. Dean a ainsi récemment commis une grosse gaffe qui inquiéte les démocrates : il a déclaré qu'il comptait aussi être «le candidat des types qui ont des drapeaux confédérés dans leur pick-up». Chacun a compris ce qu'il voulait dire - le parti démocrate ne doit bouder aucun électeur - mais la formulation a choqué non seulement les Noirs (le drapeau confédéré étant symbole du racisme) mais aussi les Blancs du Sud agacés par les caricatures que l'on fait d'eux. Dean s'est excusé, mais il n'est pas certain qu'il ne récidive pas. Par contraste, Gephardt a le pied plus sûr. Les démocrates, résume le politologue Charlie Cook du Cook Report, ont le choix «entre un candidat excitant mais potentiellement autodestructeur, ou moins excitant mais plus stable».
Fortune. Le gros problème de Gephardt, c'est l'argent, qu'il n'arrive pas, faute d'exciter les foules, à trouver en grande quantité. Dean, lui, continue à crouler sous les chèques de soutien : «Au troisième trimestre, il a levé autant de fonds que John Kerry, John Edwards, Dick Gephardt and Joe Lieberman combinés», constate Charlie Cook. Cette bonne fortune lui a permis de renoncer officiellement aux financements publics, qui ont le défaut, à ses yeux, d'être assortis de plafonds à ne pas dépasser.
S'il est investi, Howard Dean peut-il battre Bush en novembre 2004 ? Ses adversaires assurent que, dans le contexte post-11 septembre, il n'a aucune chance. A les écouter, les mêmes raisons qui ont favorisé son ascension auprès des militants de la gauche du parti démocrate, qui forment la grande masse des électeurs des primaires, préparent sa débâcle aux élections de novembre : il est trop marqué à gauche, trop favorable à l'action publique, trop antiguerre. Howard Dean serait «un nouveau McGovern», cet opposant à la guerre du Vietnam qui avait, en 1972, perdu dans 49 Etats sur 50 face à Nixon.
Vice-présidence. Le problème d'Howard Dean, s'il est investi, va être de se libérer à toute vitesse de l'image qu'il a forgée pour gagner les primaires. Pour séduire les électeurs indépendants, il devra recentrer son positionnement. Il compte pour cela sur son passé : Dean n'a pas toujours été considéré comme «à gauche des démocrates». Il adore les budgets serrés et équilibrés, il est favorable au port d'arme, à la peine de mort, il a appuyé la première guerre du Golfe et la guerre contre l'Afghanistan... S'il est investi, le choix de son coéquipier pour la vice-présidence sera capital. Il peut opter pour un profil complémentaire : quelqu'un qui soit crédible sur le plan militaire et expérimenté en matière de politique étrangère (Wesley Clarke, par exemple). Mais il peut aussi choisir un poids lourd de l'establishment démocrate, qui donnerait une quille à son embarcation. On évoque le nom de Bill Richardson, ancien secrétaire à l'Energie de Clinton, qui pourrait lui apporter en prime le Nouveau Mexique, dont il est gouverneur.

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