un salon qu'il est bien
Posté: 10 Nov 2003, 11:07Dernières trouvailles du petit commerce du chanvre
LE MONDE | 08.11.03 | 12h06
ENCORE ARTISANALE il y a quelques années, la culture clandestine du cannabis s'enrichit aujourd'hui des dernières innovations agronomiques. Les visiteurs du 4e Festival du chanvre et des éco-technologies, qui se tient du 7 au 9 novembre à la Cité des sciences de la Villette, à Paris, pourront ainsi découvrir comment nourrir leurs plantes psychotropes en recyclant les crottes de leurs poissons rouges, grâce à une installation sophistiquée de pompage.
Sur les 45 exposants, une quinzaine proposent tout le matériel dernier cri pour faire pousser l'herbe prohibée à l'abri des regards, dans un placard ou un grenier, selon des méthodes parfois inspirées des "recherches menées depuis dix ans par la NASA sur la culture dans l'espace", comme l'indique la notice du système "aéroflos".
En matière de rendements, une nouveauté importée du Canada permet désormais de produire 6 kg d'herbe à partir d'une surface de 2 m2 cultivée sur une dizaine de piliers verticaux – un record en comparaison des récoltes obtenues avec les traditionnelles lampes à sodium, engrais biologiques et bacs hydroponiques en vente libre dans plus de 150 boutiques en France.
A côté des industriels du matériel de jardinage et des sociétés de graines ou d'engrais, pour la plupart venus de Hollande, le salon présente aussi l'activité des chanvriers français. Ces petits artisans spécialisés proposent des produits dérivés de la plante allant des matériaux de construction aux boissons gazeuses, en passant par les habits, le savon ou les sucettes. Tous ces articles sont diffusés en région parisienne, à Montpellier, à Villeurbanne ou à Rennes, dans une poignée de boutiques de "chanvre global", dont les gérants militent depuis le milieu des années 1990 contre la prohibition des drogues, mais aussi pour le développement du commerce équitable, des méthodes de production écologiques et de l'agriculture biologique. "J'ai arrêté de vendre des lampes au sodium de 400 watts quand j'ai vu les gars d'EDF qui arrosaient les centrales nucléaires pendant la canicule, se souvient Kshoo, cofondateur du Comité d'information et de recherche cannabique (Circ) et gérant de la boutique Mauvaise graine à Montpellier. J'ai pris un risque financier parce que c'est le produit qui rapportait le plus, mais il faut arrêter notre surconsommation d'énergie."
"ACTIVITÉ NORMALISÉE"
Le risque pénal, lui, n'a pas disparu pour les promoteurs du commerce chanvré. Kshoo doit comparaître le 26 novembre devant le tribunal correctionnel de Montpellier pour incitation à l'usage de stupéfiants. Les policiers ont en effet saisi dans sa boutique des documents du CIRC déplorant qu'"en France, il est interdit de dire que le cannabis est bon". A Montreuil (Seine-Saint-Denis), la boutique de l'association Paka, qui organise le festival, a fait l'objet d'une fermeture administrative de trois semaines, levée deux jours avant le début du salon, tandis que tous ses responsables étaient placés en garde à vue. "C'est un bon moyen de nous tuer, commente Eric Chapel, le président de Paka. Ce salon apporte en effet la preuve que notre activité s'est normalisée, qu'elle crée des emplois et s'insère dans le tissu économique. On a trouvé une faille, ce qui peut agacer certains procureurs."
Alexandre Garcia
LE MONDE | 08.11.03 | 12h06
ENCORE ARTISANALE il y a quelques années, la culture clandestine du cannabis s'enrichit aujourd'hui des dernières innovations agronomiques. Les visiteurs du 4e Festival du chanvre et des éco-technologies, qui se tient du 7 au 9 novembre à la Cité des sciences de la Villette, à Paris, pourront ainsi découvrir comment nourrir leurs plantes psychotropes en recyclant les crottes de leurs poissons rouges, grâce à une installation sophistiquée de pompage.
Sur les 45 exposants, une quinzaine proposent tout le matériel dernier cri pour faire pousser l'herbe prohibée à l'abri des regards, dans un placard ou un grenier, selon des méthodes parfois inspirées des "recherches menées depuis dix ans par la NASA sur la culture dans l'espace", comme l'indique la notice du système "aéroflos".
En matière de rendements, une nouveauté importée du Canada permet désormais de produire 6 kg d'herbe à partir d'une surface de 2 m2 cultivée sur une dizaine de piliers verticaux – un record en comparaison des récoltes obtenues avec les traditionnelles lampes à sodium, engrais biologiques et bacs hydroponiques en vente libre dans plus de 150 boutiques en France.
A côté des industriels du matériel de jardinage et des sociétés de graines ou d'engrais, pour la plupart venus de Hollande, le salon présente aussi l'activité des chanvriers français. Ces petits artisans spécialisés proposent des produits dérivés de la plante allant des matériaux de construction aux boissons gazeuses, en passant par les habits, le savon ou les sucettes. Tous ces articles sont diffusés en région parisienne, à Montpellier, à Villeurbanne ou à Rennes, dans une poignée de boutiques de "chanvre global", dont les gérants militent depuis le milieu des années 1990 contre la prohibition des drogues, mais aussi pour le développement du commerce équitable, des méthodes de production écologiques et de l'agriculture biologique. "J'ai arrêté de vendre des lampes au sodium de 400 watts quand j'ai vu les gars d'EDF qui arrosaient les centrales nucléaires pendant la canicule, se souvient Kshoo, cofondateur du Comité d'information et de recherche cannabique (Circ) et gérant de la boutique Mauvaise graine à Montpellier. J'ai pris un risque financier parce que c'est le produit qui rapportait le plus, mais il faut arrêter notre surconsommation d'énergie."
"ACTIVITÉ NORMALISÉE"
Le risque pénal, lui, n'a pas disparu pour les promoteurs du commerce chanvré. Kshoo doit comparaître le 26 novembre devant le tribunal correctionnel de Montpellier pour incitation à l'usage de stupéfiants. Les policiers ont en effet saisi dans sa boutique des documents du CIRC déplorant qu'"en France, il est interdit de dire que le cannabis est bon". A Montreuil (Seine-Saint-Denis), la boutique de l'association Paka, qui organise le festival, a fait l'objet d'une fermeture administrative de trois semaines, levée deux jours avant le début du salon, tandis que tous ses responsables étaient placés en garde à vue. "C'est un bon moyen de nous tuer, commente Eric Chapel, le président de Paka. Ce salon apporte en effet la preuve que notre activité s'est normalisée, qu'elle crée des emplois et s'insère dans le tissu économique. On a trouvé une faille, ce qui peut agacer certains procureurs."
Alexandre Garcia
