par daniel » 23 Oct 2003, 11:53
Communiqué de presse Chanvre & Cie
Débat sur le cannabis : Le Ministère de l’Intérieur teste sa nouvelle politique
Le mardi 14 octobre, la police est intervenue dans la boutique Chanvre et Cie à Montreuil-sous-bois (93) pour de prétendues incitation et facilitation à la consommation de cannabis. Après cinq gardes à vue et une fermeture administrative en cours, il nous est reproché l’exposition, la possession, la diffusion et la vente d’articles (livres, T-shirts, cartes postales ...) ayant déjà fait l’objet d’actions policières mais jamais suivies d’interdiction à la vente et qui n’ont pas amené leurs auteurs à être condamnés.
Un festival international du chanvre et des emplois sont menacés. La liberté d’expression n’est pas respectée. Nos actions s’intégraient dans la politique de la MILDT visant à réduire les comportements à risques des usagers. Dans une logique administrative exclusivement répressive, les nouvelles directives du gouvernement s’annoncent plus musclées. Nous demandons à pouvoir rouvrir notre boutique et nous espérons que dans les projets en cours de discussion, le Premier Ministre, les Ministres de l’Intérieur et de la Justice et les parlementaires prendront conscience de la complexité du phénomène et adopteront une politique pragmatique, sans arrière pensée idéologique ni démagogique.
Informations complémentaires :
Fondée en 1994 par des militants associatifs venant de l’antiprohibition, de l’écologie, de la réduction des risques, du mouvement social et de la scène alternative… l’association PAKA a pour objet la promotion du chanvre (Cannabis Sativa L.) et de ses dérivés tant dans les filières agro-industrielles que pour son potentiel thérapeutique ou dans le cadre du débat pour la régulation de sa consommation récréative. En juin 1998, nous avons ouvert le 1er espace « Chanvre Global » en France : la boutique Chanvre et Compagnie, située 31 rue Voltaire à Montreuil-sous-Bois.
Nous informons nos clients des risques encourus pour la production de chanvre psychotrope, des techniques de réduction des risques sanitaires et sociaux liés à la consommation récréative. Face à la progression de la polyconsommation, nous mettons aussi à disposition de notre clientèle les informations sur l’usage des drogues en général. De même, nous promouvons l’alimentation saine, des produits issus du commerce équitable ou de l’agriculture biologique, l’éco-habitat et les autres éco-technologies.
Nos activités de vente de produits chanvrés, de jardinerie urbaine et d’information sur l’usage de chanvre récréatif n’avaient jusqu’à présent généré aucune plainte. Elles s’intégraient dans la politique de la MILDT visant à réduire les comportements à risques en responsabilisant l’usager de cannabis grâce à une prévention pragmatique. Cette politique réaliste n’est plus en phase avec l’idéologie de notre gouvernement : il vient de nous le faire savoir.
Le mardi 14 octobre, peu avant l’heure de la fermeture, les fonctionnaires d’un groupe de recherche de la police nationale sont intervenus dans notre boutique pour constater de prétendues incitations à la consommation de cannabis puis ont placé en garde à vue les 3 salariés et un bénévole de l’association. Enfin, ils ont posé des scellés provisoires sur la porte de la boutique. Au bout de 24 h de garde à vue, trois personnes furent relâchées, la quatrième au bout de 48 h. Vendredi 17 octobre, le gérant fut placé en garde à vue pendant cinq heures. La procédure reprendra mardi, nous espérons par la levée des scellés.
Dans le cas contraire, notre survie serait gravement menacée. Cette opération bloque toutes les actions de notre association, notamment les activités commerciales permettant le développement du 4ème festival international du chanvre, du 7 au 9 novembre 2003 à la Cité des Sciences.
Après trois éditions qui n’ont fait l’objet d’aucune interdiction, ni même de procédure, notre festival accueillera à la Vilette une trentaine d’exposants européens et une série de débats et conférences réunissant des scientifiques, des hommes politiques et des experts autour de ce thème si polémique.
Le gouvernement voudrait-il restreindre la liberté d’expression qui nous permettait jusqu’à présent de poursuivre les objectifs de notre association ? Faut-il y voir les prémices d’une tentative de régulation administrative exclusivement répressive de la consommation du cannabis ? Doit-on en conclure que le gouvernement remet en cause les initiatives de réduction des risques et veut geler le débat sur la politique des drogues dans notre pays et en Europe ?