Les politiques antidrogues convergent pour réduire la demand
Posté: 25 Juin 2003, 23:19
LE MONDE | 25.06.03 | 13h31 • MIS A JOUR LE 25.06.03 | 14h11
Si l'héroïne est moins attractive pour les jeunes consommateurs de drogues, la tendance est, dans toute l'Union, celle de la polyconsommation, associant souvent amphétamines, ecstasy, médicaments, sans oublier les drogues licites que sont l'alcool et le tabac.
Infographie : La consommation de cannabis prédomine chez les jeunes, plus comme expérience
Les politiques des Quinze dans le domaine des drogues sont en voie d'harmonisation. C'est de ce progrès que l'Union européenne (UE) peut se prévaloir à l'occasion de la Journée internationale contre les drogues, ce jeudi 26 juin. Il résulte autant d'une volonté politique que d'une approche pragmatique. Et, pour les mêmes raisons, l'Union essaye d'entraîner dans ce mouvement convergent les dix pays en cours d'intégration.
Depuis plusieurs années, l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT, créé par l'UE) a dressé le constat parallèle de l'homogénéisation des pratiques des consommateurs et de la philosophie qui inspire les politiques antidrogues nationales. C'était déjà le cas dans le rapport établi en octobre 2000. Parmi les tendances générales, l'OEDT soulignait que "le cannabis reste la drogue la plus largement accessible et communément consommée à travers l'UE, avec une hausse substantielle de la consommation dans les années 1990". Rappelant que le cannabis restait "la première cause de délits, davantage pour consommation ou possession que pour trafic", l'OEDT ajoutait toutefois que "la consommation en est plus expérimentale et passagère que durable".
La deuxième place occupée à présent par les amphétamines et l'ecstasy est une donnée marquante dans l'Union. Ayant moins d'adeptes, la cocaïne est avant tout utilisée dans des groupes "socialement actifs". Les héroïnomanes représentent, quant à eux, une population vieillissante même si la consommation d'héroïne continue d'augmenter dans les pays d'Europe de l'Est. L'OEDT soulignait cependant, dès 2000, la hausse de la "consommation problématique". Si l'héroïne est moins attractive pour les jeunes consommateurs de drogues, la tendance est, dans toute l'Union, celle de la polyconsommation, associant souvent amphétamines, ecstasy, médicaments, sans oublier les drogues licites que sont l'alcool et le tabac.
L'OEDT a pu vérifier, au fil des années, le rapprochement des politiques antidrogues des Etats membres "qui mettent davantage l'accent sur une réduction de la demande que sur une réduction de l'offre" en développant une politique de prévention, et pas uniquement de répression. De plus, les responsables politiques s'appuient davantage sur les "analyses et preuves scientifiques comme base de la prise de décision".
DÉPÉNALISATION
Partis d'approches discordantes, les Etats membres ont constaté qu'au-delà des terminologies employées l'objectif différait peu : certains Etats latins, comme l'Espagne, le Portugal, ou plus récemment l'Italie, évoquaient la dépénalisation du cannabis pour susciter des sanctions alternatives à l'emprisonnement. Ils ont analysé le modèle appliqué dans certains pays d'Europe du Nord, comme les Pays-Bas, où la libéralisation de certaines drogues s'accompagne en réalité d'un fort contrôle social des consommateurs.
Les consommations - comme les politiques - se rapprochent en fait depuis dix ans, en Europe. Et l'harmonisation progresse entre l'UE et le pays candidats. Regrettant que l'amendement Lamassoure, qui faisait de la politique sur les drogues une compétence européenne, n'ait pas été retenu dans le texte de la Convention pour l'avenir de l'Europe, le président de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt), Didier Jayle, estime, pour sa part, que "la coordination au niveau européen n'est pas à la hauteur des enjeux. La question des drogues est, en effet, éclatée entre les compétences de trois commissaires européens".
SIX "CIBLES STRATÉGIQUES"
La coordination reste bien un défi majeur pour l'Union. Les Quinze avaient adopté, le 20 juin 2000, un "plan d'action antidrogue". Il fixait six "cibles stratégiques". La première est de "réduire significativement la prévalence de l'usage de drogues chez les jeunes". La deuxième vise à réduire les dommages sanitaires liés à la drogue. La troisième est d'"augmenter le nombre des traitements réussis chez les usagers chroniques". Accueillie comme un vœu pieux, la quatrième cible a pour objet de "réduire significativement la disponibilité de drogues illicites".
"Réduire substantiellement le nombre de crimes liés aux drogues" est la cinquième cible, tandis que le dernier objectif est de "réduire substantiellement le blanchiment d'argent et le trafic illicite des précurseurs". Une politique ambitieuse qui sera évaluée en 2004.
Paul Benkimoun et Nicolas Bourcier
Si l'héroïne est moins attractive pour les jeunes consommateurs de drogues, la tendance est, dans toute l'Union, celle de la polyconsommation, associant souvent amphétamines, ecstasy, médicaments, sans oublier les drogues licites que sont l'alcool et le tabac.
Infographie : La consommation de cannabis prédomine chez les jeunes, plus comme expérience
Les politiques des Quinze dans le domaine des drogues sont en voie d'harmonisation. C'est de ce progrès que l'Union européenne (UE) peut se prévaloir à l'occasion de la Journée internationale contre les drogues, ce jeudi 26 juin. Il résulte autant d'une volonté politique que d'une approche pragmatique. Et, pour les mêmes raisons, l'Union essaye d'entraîner dans ce mouvement convergent les dix pays en cours d'intégration.
Depuis plusieurs années, l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT, créé par l'UE) a dressé le constat parallèle de l'homogénéisation des pratiques des consommateurs et de la philosophie qui inspire les politiques antidrogues nationales. C'était déjà le cas dans le rapport établi en octobre 2000. Parmi les tendances générales, l'OEDT soulignait que "le cannabis reste la drogue la plus largement accessible et communément consommée à travers l'UE, avec une hausse substantielle de la consommation dans les années 1990". Rappelant que le cannabis restait "la première cause de délits, davantage pour consommation ou possession que pour trafic", l'OEDT ajoutait toutefois que "la consommation en est plus expérimentale et passagère que durable".
La deuxième place occupée à présent par les amphétamines et l'ecstasy est une donnée marquante dans l'Union. Ayant moins d'adeptes, la cocaïne est avant tout utilisée dans des groupes "socialement actifs". Les héroïnomanes représentent, quant à eux, une population vieillissante même si la consommation d'héroïne continue d'augmenter dans les pays d'Europe de l'Est. L'OEDT soulignait cependant, dès 2000, la hausse de la "consommation problématique". Si l'héroïne est moins attractive pour les jeunes consommateurs de drogues, la tendance est, dans toute l'Union, celle de la polyconsommation, associant souvent amphétamines, ecstasy, médicaments, sans oublier les drogues licites que sont l'alcool et le tabac.
L'OEDT a pu vérifier, au fil des années, le rapprochement des politiques antidrogues des Etats membres "qui mettent davantage l'accent sur une réduction de la demande que sur une réduction de l'offre" en développant une politique de prévention, et pas uniquement de répression. De plus, les responsables politiques s'appuient davantage sur les "analyses et preuves scientifiques comme base de la prise de décision".
DÉPÉNALISATION
Partis d'approches discordantes, les Etats membres ont constaté qu'au-delà des terminologies employées l'objectif différait peu : certains Etats latins, comme l'Espagne, le Portugal, ou plus récemment l'Italie, évoquaient la dépénalisation du cannabis pour susciter des sanctions alternatives à l'emprisonnement. Ils ont analysé le modèle appliqué dans certains pays d'Europe du Nord, comme les Pays-Bas, où la libéralisation de certaines drogues s'accompagne en réalité d'un fort contrôle social des consommateurs.
Les consommations - comme les politiques - se rapprochent en fait depuis dix ans, en Europe. Et l'harmonisation progresse entre l'UE et le pays candidats. Regrettant que l'amendement Lamassoure, qui faisait de la politique sur les drogues une compétence européenne, n'ait pas été retenu dans le texte de la Convention pour l'avenir de l'Europe, le président de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt), Didier Jayle, estime, pour sa part, que "la coordination au niveau européen n'est pas à la hauteur des enjeux. La question des drogues est, en effet, éclatée entre les compétences de trois commissaires européens".
SIX "CIBLES STRATÉGIQUES"
La coordination reste bien un défi majeur pour l'Union. Les Quinze avaient adopté, le 20 juin 2000, un "plan d'action antidrogue". Il fixait six "cibles stratégiques". La première est de "réduire significativement la prévalence de l'usage de drogues chez les jeunes". La deuxième vise à réduire les dommages sanitaires liés à la drogue. La troisième est d'"augmenter le nombre des traitements réussis chez les usagers chroniques". Accueillie comme un vœu pieux, la quatrième cible a pour objet de "réduire significativement la disponibilité de drogues illicites".
"Réduire substantiellement le nombre de crimes liés aux drogues" est la cinquième cible, tandis que le dernier objectif est de "réduire substantiellement le blanchiment d'argent et le trafic illicite des précurseurs". Une politique ambitieuse qui sera évaluée en 2004.
Paul Benkimoun et Nicolas Bourcier