PARIS (Reuters) - Le ministre de la Justice, Dominique Perben, s'oppose à
son collègue de l'Intérieur Nicolas Sarkozy sur la question d'un éventuel
durcissement de la répression de la consommation de drogue et l'arbitrage de
Matignon devrait être sollicité sur ce dossier.
"Pour l'instant, des gens travaillent sur le sujet aux ministères de la
Justice, de la Santé, de l'Intérieur et de l'Education nationale, mais
aucune décision n'est prise", a-t-on déclaré à Reuters au cabinet de
Dominique Perben.
Mercredi au Sénat, puis jeudi lors des Assises de la sécurité tenues dans
les Hauts-de-Seine, Nicolas Sarkozy a dit son souhait de voir réformée la
loi de 1970 sur la lutte contre la toxicomanie.
Il suggère de supprimer les peines de prison pour les usagers tout en
favorisant des sanctions systématiques plus douces, telles que la saisie des
scooters, ou à défaut une "orientation vers les services sanitaires".
Jeudi soir, Dominique Perben a souhaité "marquer son territoire", selon son
entourage, en soulignant qu'aucune modification de la loi de 1970 n'avait
été décidée pour l'instant.
"Je ne sais pas ce qu'a exactement voulu dire le ministre de l'Intérieur",
a-t-il déclaré sur France Info. "Ce que je veux simplement indiquer pour ce
qui me concerne, ministre de la Justice en charge de ces questions, c'est
que pour l'instant il n'a pas été décidé de modifier la loi de 1970. Si cela
m'apparaît nécessaire, j'en ferai la proposition au gouvernement".
LE PEN SATISFAIT
C'est la première fois que les divergences entre les deux hommes, déjà
latentes dans les réformes de procédure pénales, s'exprime au grand jour.
Cet épisode a été immédiatement relevé par Jean-Marie Le Pen, qui s'est
réjoui de voir Nicolas Sarkozy "mouché", selon son expression, par son
collègue de la place Vendôme.
"Le moment vient déjà où l'activisme verbal tous azimuts du fantaisiste de
l'Intérieur se révèle incommodant pour le gouvernement", a dit le président
du Front national dans un communiqué.
La question de la drogue est très sensible dans un pays où, selon de
nombreuses études, plus d'un jeune Français sur deux a goûté au cannabis
avant sa majorité et où l'usage de cette drogue est très répandue dans tous
les milieux sociaux.
Devant le Sénat, mercredi, Nicolas Sarkozy, a souhaité une "politique de
rupture". Il a déploré que les consommateurs de drogue ne soient plus de
facto sanctionnés tout en préconisant de supprimer les peines de prison pour
les simples usagers.
En effet, les procureurs font une application partielle de la loi de 1970,
ne poursuivant souvent que les détenteurs d'importantes quantités pour
trafic.
"Il n'y a pas de drogue douce ou de drogue dure. Il n'y a pas de petite
consommation personnelle. Il n'y a pas d'expérience individuelle. Il n'y a
pas de jeunes 'libres et branchés'. Il n'y a que des drogues interdites et
des usagers qui transgressent la loi", avait dit le ministre de l'Intérieur.
Il rappelait qu'en 2001, sur 71.667 usagers de drogue interpellés, seuls 8%
avaient été sanctionnés par la justice, contre encore 30% en 1990.
Merci à Flo