Trouvé dans Agri, semaine 10, 2003 agrihebdo.ch
Culture du chanvre
L'USP rappelle qu'elle est illégale pour la production de stupéfiants.Les paysans étant de plus en plus souvent sollicités par des personnes leur proposant de conclure des contrats de culture du chanvre, l'Union suisse des paysans (USP) tient à rappeler les règles juridiques en vigueur.
Même si la Loi fédérale sur les stupéfiants (LStup) est en cours de révision, ses dispositions restent pleinement applicables. Le Conseil national, après la Chambre haute, empoignera ce dossier à l'occasion d'une session spéciale en mai prochain. Jusqu'à l'éventuelle entrée en vigueur d'une nouvelle législation, la culture du chanvre pour la production de stupéfiants reste donc illégale.
Le chanvre destiné à l'extraction de stupéfiants et la résine de ses poils glanduleux (hachisch) ne peut être ni cultivé ni importé ni fabriqués et ni mis dans le commerce, précise l'article 8 de la Loi sur les stupéfiants. En revanche, le chanvre dont le taux de THC (tetrahydrocannabinol) n'excède pas 0,3% relève des dispositions de l'Ordonnance sur les semences et plants, qui le considère comme une plante à fibres dont la culture est autorisée. Le producteur aura donc tout intérêt à conserver la facture des semences ou tout autre document permettant d'attester le caractère légal de la variété qu'il cultive.
Avant de conclure tout contrat de culture de chanvre, le producteur devrait connaître la destination et l'utilisation finales de sa récolte. A cet égard, la mise en culture de variétés qui ne figurent pas dans le catalogue officiel est problématique, puisqu'elles peuvent sans autres dépasser le seuil tolérable de 0,3% de teneur en THC. Avant de signer un contrat avec des inconnus ou des personnes n'étant pas en mesure de fournir des documents sur la destination et l'utilisation du chanvre, les paysans devraient impérativement, pour se protéger, se renseigner auprès des instances compétentes (services cantonaux de l'agriculture, Office fédéral de l'agriculture ou Office fédéral de la santé publique, pour ne citer qu'eux). Le producteur pourra ainsi disposer de la garantie que sa production de chanvre ne le conduira pas devant le juge pénal.
On rappellera que si la production de chanvre pour l'extraction de stupéfiants est interdite, il en va de même des actions par négligence, de l'assistance et des préparatifs. Ainsi, celui qui met à disposition des locaux ou des terrains qui serviront à la production de stupéfiants est punissable. En outre, les contrats de culture ou de location qui contiennent des clauses libérant le paysan de toute suite pénale sont déloyaux et doivent être considérés comme nuls.
La rentabilité élevée de la production de chanvre drogue incite de plus en plus de paysans qui cherchent des niches ou des productions alternatives à tenter l'expérience. La culture du chanvre reste toutefois un périlleux exercice de corde raide entre les éventuelles poursuites pénales, le rendement financier, la morale et l'éthique. L'USP peut admettre la production de chanvre, même à taux de THC plus élevé, comme une niche de production intéressante pour l'agriculture suisse, à condition toutefois que les conditions légales soient clairement définies. Il n'en demeure pas moins que quelques gros titres négatifs mettent en danger l'image de l'agriculture et la révision de l'ordre juridique en vigueur.
USP
M. PILET