rencontre avec ces policiers qui réclament la dépénalisation
Posté: 08 Nov 2018, 11:51
Source: https://www.lesinrocks.com/2018/11/07/a ... 111141664/
Au début du mois, le collectif Police contre la prohibition, ou PCP, a vu le jour avec une demande : la dépénalisation de toutes les drogues. Nous avons discuté avec l'une de ses co-fondatrice, Bénédicte Desforges, ex-flic.
Généralement, on les imagine plutôt dans l'autre camp, celui de l'ordre et la répression. Pourtant, début novembre, le collectif Police contre la prohibition (PCP), regroupant des membres des forces de l'ordre, a vu le jour en publiant sur son site internet un manifeste pour demander "la dépénalisation de l’usage de tous les stupéfiants et une politique des drogues réaliste et cohérente, basée sur la prévention, l’information et la réduction des risques".
La création de ce groupe s'est fait notamment en réaction à la volonté de la majorité de créer une amende forfaitaire contre les consommateurs de drogues. A l'origine du collectif, et partie émergée de l'iceberg parce que les policiers en fonction préfèrent rester anonymes, on retrouve trois ex-flics. Afin de comprendre leurs motivations, nous avons discuté avec Bénédicte Desforges l'une des trois, qui a démissionné de la police.
Qu'est-ce qui vous a donné envie de créer ce collectif ?
Bénédicte Desforges - Ça fait longtemps que je m’intéresse à la législation sur les drogues, parce qu’elle est à la croisée de plein de choses, du droit pénal, des libertés individuelles, des différences entre les pays. Et puis il y a un moment où on se met à regarder un peu ce qui se passe en France, à regarder les chiffres, les pratiques policières et on se rend compte que ça ne va pas du tout. D'autant que les parlementaires sont en ce moment en train de voter la loi de programmation de réforme de la justice. Dans cette loi, ils mettent au point une amende forfaitaire délictuelle pour l’usage de stups, c’est à dire une réponse pénale de plus - comme s’il n’y en avait pas déjà assez - pour punir ce qui selon nous ne devrait pas être une infraction.
J’ai fédéré quelques personnes et on s’est dit “pourquoi on ne ferait pas un collectif ?”. En plus, nous les trois fondateurs, nous ne sommes plus en fonction et du coup complètement libres de notre parole. Nos collègues qui sont toujours en activité peuvent se cacher derrière nous, on parlera pour eux.
Parce que les policiers ou gendarmes en poste n’ont pas le droit de s’exprimer sur ce genre de sujets ?
Ils n’ont pas envie de s’exprimer parce qu’il y a l’obligation de réserve, même si elle est très floue. Ajoutez à cela que la drogue est un sujet clivant... Certains flics ne verbalisent pas les consommateurs de drogues, et se retrouvent donc à ne pas appliquer une loi - parce qu’en l’état c’est toujours un délit, mais ils n’en font pas un étendard militant.
Les policiers qui s’expriment, qui sont invités dans les débats ou les missions parlementaires, font partie des hautes instances ou des syndicats, qui pensent comme l’administration. Les flics à contre-courant, qui ont une autre version des choses, on ne les appelle pas. En se formant comme collectif, on veut donner plus de visibilité à ceux qui estiment que la législation autour des stupéfiants ne sert à rien, qu’elle n'est utile qu'à la politique du chiffre et qu’elle emmerde tout le monde. A commencer par les flics. Parce que c’est totalement inintéressant de interpeller un fumeur de shit ou un gars qui a un demi ectasy écrasé dans le fonds de son sac. Ce n’est pas du boulot.
En plus c’est un très mauvais vecteur pour la police parce que la répression s’applique toujours dans les mêmes quartiers et toujours aux mêmes personnes. Ces contrôles d’identité où l’on demande aux gens ce qu’ils ont dans leurs poches, ça pourrit les relations entre la police et la population. Si l’on pouvait en être déchargé, je pense que ça améliorerait beaucoup de choses. Pour la population et pour les flics.
Dans votre manifeste, vous appelez à une dépénalisation de toutes les drogues…
Depuis 1970 que la loi existe, elle ne sert à rien. Elle ne fait baisser ni la consommation de drogues, ni l’insécurité, ni la criminalité. Elle ne génère que des échecs. La prohibition, et la répression qui va avec, sont plus nuisibles que les drogues elles-mêmes. Faut arrêter les fantasmes : neuf consommateurs de drogue sur dix n’ont aucun problème avec leur consommation.
Par contre, cette loi ne fait pas de différence entre les stupéfiants et là-dessus, je pense qu'elle a raison. Il n’y a pas de drogues dures ou de drogues douces. C’est un leurre. Entre un jeune de 18 ans qui a besoin d’un pétard en se réveillant et puis d’un dernier pétard pour s’endormir et puis un autre gamin du même âge qui va avoir une consommation d’une drogue dite dure - MDMA ou cocaïne - mais de façon maîtrisée et raisonnée une fois dans le weekend une fois de temps en temps… quand on voit ces deux sortes de consommation, on voit bien que la drogue dure, ce n’est pas celle que l’on croit. L’addiction peut s’installer sur n’importe quelle drogue. Tout est une histoire de prévention, d’information, de conseil de consommation.
Comment votre initiative est-elle reçue dans les commissariats et les gendarmeries ?
Pour le moment, on a des échos surtout via internet, parce que notre collectif est tout récent. Mais entre ça et nos connaissances personnelles, on sait qu’il y a pas mal de collègues qui rejoignent notre point de vue. Je ne pense pas que ça soit abondamment commenté dans les commissariats, mais nous avons beaucoup de messages de soutien venant de collègues, d'associations, de militants et d’usagers de drogues. De ce que l’on nous dit, notre présence manquait au débat. Quand on parle de drogue en France, on parle essentiellement de répression, et qui met en oeuvre cette répression : les flics et les gendarmes. Donc si on peut faire entendre, même discrètement, une voix pour dire qu’en fait nous sommes bien placés pour dire que ça ne marche pas, c'est très bien. Parce que la consommation de drogue et l’insécurité liée aux marchés illégaux ne baissent pas non plus parce qu’on punit les gens.
Est-ce que de fait vous incitez les policiers à une certaine désobéissance civile ?
Bien sûr que oui. Nous allons publier quelque chose là-dessus pour proposer une marche à suivre aux flics et aux gendarmes pour conseiller de ne pas contrôler les gens, mais de leur donner quelques conseils, notamment aux jeunes fumeurs. Leur dire de faire attention, que ce n’est pas forcément une drogue douce. Avec le cannabis, on peut tomber assez bas. La police, c’est quand même un service public. Si on peut un peu se réconcilier avec les gens dans certains quartiers, en changeant notre fusil d’épaule, pourquoi pas.
Parce qu’au jour le jour, la lutte contre les stupéfiants a pris une place importante dans travail des policiers ?
Oui, elle est énorme. Il y a une catégorie d’infractions dans la police qui s’appellent les “infractions révélées par l'action des services”, ce qui en gros est l’activité proactive des flics. Sur ces infractions-là, 56% c’est de l’usage de stupéfiants. Et sur ces 56% il y a 90% de cannabis, minimum. Et au contraire, sur l’ensemble des infractions liées aux stupéfiants, on trouve seulement 3% de lutte contre le trafic. Et tout ça, c’est à cause de la politique du chiffre.
Parce que quand vous interpellez pour usage de stups, aussitôt constaté, aussitôt élucidé : vous avez un taux d'élucidation de 100%. Or, des taux d’élucidation à 100%, c’est très utile pour définir la performance d’un service. Par exemple, que vous avez une plainte pour viol, auteur non identifié : 0% d’élucidation. A côté de ça, vous avec un mec qui a une boulette de shit au fond de la poche : 100% d'élucidation. Admettons qu'il n’y a eu que ces deux affaires dans la journée, ça vous fait un taux d’élucidation de 50%. C'est une technique très performante mais complètement artificielle. Et c’est vraiment un gros système, parce que tout ça est aussi lié à des primes de performances. Si on parle de politique du chiffre, on parle de répression d'usage de stups. En fait, c’est la même chose.
Donc à votre avis, la dépénalisation pourrait permettre d’améliorer les relations de la police avec une certaine partie de la population, victime de contrôles au faciès ?
Oui, ça changerait beaucoup de choses. Déjà, ça changerait une certaine culture policière, une manière de travailler dans certains quartiers. Ça n’a pas de sens, aujourd’hui être contrôlé avec de la drogue est un délit ! Alors que n’importe quel type qui grille un feu rouge est plus dangereux pour les autres que celui qui se fume un pétard. Le boulot de la police, c’est quand même la sécurité publique.
Depuis plusieurs années, certains états des Etats-Unis connaissent un boom économique lié à l’exploitation du cannabis. Est-ce que c’est un argument supplémentaire pour vous ?
Bien sûr que c’est des arguments parce que la régulation du marché du cannabis peut créer des emplois et faire du bien à certains secteurs de l’économie. Après, il faut faire attention avec l’exemple américain. Dans certains des états où le cannabis a été légalisé, ils continuent de mettre en prison les consommateurs d’autres drogues, notamment en visant davantage ceux qui prennent du crack plutôt que de la cocaïne parce que ce n’est pas la même population, bien que ce soit le même principe actif.
Je préfère vraiment considérer les stupéfiants dans leur ensemble et leur appliquer le même registre. Je pense qu’il ne faut pas considérer d’un côté les gentils fumeurs de cannabis un peu bobo et de l’autre côté les junkies. Tout le monde à besoin soit d’une attention particulière quand il y a une consommation problématique, soit simplement d’avoir la paix et la liberté de faire ce qu’il veut en privé. Surtout que si on regarde ce que coûte en argent public la répression et qu’on imagine à quoi pourrait servir cet argent en actions de prévention ou d’assistance à des gens qui sont vraiment mal, comme les crackheads, ça laisse rêveur. Franchement, quelqu’un qui a un problème avec sa consommation de drogue, qu’est-ce qu’il va faire dans une garde à vue ? Rien.
Propos recueillis par Cyril Camu
Au début du mois, le collectif Police contre la prohibition, ou PCP, a vu le jour avec une demande : la dépénalisation de toutes les drogues. Nous avons discuté avec l'une de ses co-fondatrice, Bénédicte Desforges, ex-flic.
Généralement, on les imagine plutôt dans l'autre camp, celui de l'ordre et la répression. Pourtant, début novembre, le collectif Police contre la prohibition (PCP), regroupant des membres des forces de l'ordre, a vu le jour en publiant sur son site internet un manifeste pour demander "la dépénalisation de l’usage de tous les stupéfiants et une politique des drogues réaliste et cohérente, basée sur la prévention, l’information et la réduction des risques".
La création de ce groupe s'est fait notamment en réaction à la volonté de la majorité de créer une amende forfaitaire contre les consommateurs de drogues. A l'origine du collectif, et partie émergée de l'iceberg parce que les policiers en fonction préfèrent rester anonymes, on retrouve trois ex-flics. Afin de comprendre leurs motivations, nous avons discuté avec Bénédicte Desforges l'une des trois, qui a démissionné de la police.
Qu'est-ce qui vous a donné envie de créer ce collectif ?
Bénédicte Desforges - Ça fait longtemps que je m’intéresse à la législation sur les drogues, parce qu’elle est à la croisée de plein de choses, du droit pénal, des libertés individuelles, des différences entre les pays. Et puis il y a un moment où on se met à regarder un peu ce qui se passe en France, à regarder les chiffres, les pratiques policières et on se rend compte que ça ne va pas du tout. D'autant que les parlementaires sont en ce moment en train de voter la loi de programmation de réforme de la justice. Dans cette loi, ils mettent au point une amende forfaitaire délictuelle pour l’usage de stups, c’est à dire une réponse pénale de plus - comme s’il n’y en avait pas déjà assez - pour punir ce qui selon nous ne devrait pas être une infraction.
J’ai fédéré quelques personnes et on s’est dit “pourquoi on ne ferait pas un collectif ?”. En plus, nous les trois fondateurs, nous ne sommes plus en fonction et du coup complètement libres de notre parole. Nos collègues qui sont toujours en activité peuvent se cacher derrière nous, on parlera pour eux.
Parce que les policiers ou gendarmes en poste n’ont pas le droit de s’exprimer sur ce genre de sujets ?
Ils n’ont pas envie de s’exprimer parce qu’il y a l’obligation de réserve, même si elle est très floue. Ajoutez à cela que la drogue est un sujet clivant... Certains flics ne verbalisent pas les consommateurs de drogues, et se retrouvent donc à ne pas appliquer une loi - parce qu’en l’état c’est toujours un délit, mais ils n’en font pas un étendard militant.
Les policiers qui s’expriment, qui sont invités dans les débats ou les missions parlementaires, font partie des hautes instances ou des syndicats, qui pensent comme l’administration. Les flics à contre-courant, qui ont une autre version des choses, on ne les appelle pas. En se formant comme collectif, on veut donner plus de visibilité à ceux qui estiment que la législation autour des stupéfiants ne sert à rien, qu’elle n'est utile qu'à la politique du chiffre et qu’elle emmerde tout le monde. A commencer par les flics. Parce que c’est totalement inintéressant de interpeller un fumeur de shit ou un gars qui a un demi ectasy écrasé dans le fonds de son sac. Ce n’est pas du boulot.
En plus c’est un très mauvais vecteur pour la police parce que la répression s’applique toujours dans les mêmes quartiers et toujours aux mêmes personnes. Ces contrôles d’identité où l’on demande aux gens ce qu’ils ont dans leurs poches, ça pourrit les relations entre la police et la population. Si l’on pouvait en être déchargé, je pense que ça améliorerait beaucoup de choses. Pour la population et pour les flics.
Dans votre manifeste, vous appelez à une dépénalisation de toutes les drogues…
Depuis 1970 que la loi existe, elle ne sert à rien. Elle ne fait baisser ni la consommation de drogues, ni l’insécurité, ni la criminalité. Elle ne génère que des échecs. La prohibition, et la répression qui va avec, sont plus nuisibles que les drogues elles-mêmes. Faut arrêter les fantasmes : neuf consommateurs de drogue sur dix n’ont aucun problème avec leur consommation.
Par contre, cette loi ne fait pas de différence entre les stupéfiants et là-dessus, je pense qu'elle a raison. Il n’y a pas de drogues dures ou de drogues douces. C’est un leurre. Entre un jeune de 18 ans qui a besoin d’un pétard en se réveillant et puis d’un dernier pétard pour s’endormir et puis un autre gamin du même âge qui va avoir une consommation d’une drogue dite dure - MDMA ou cocaïne - mais de façon maîtrisée et raisonnée une fois dans le weekend une fois de temps en temps… quand on voit ces deux sortes de consommation, on voit bien que la drogue dure, ce n’est pas celle que l’on croit. L’addiction peut s’installer sur n’importe quelle drogue. Tout est une histoire de prévention, d’information, de conseil de consommation.
Comment votre initiative est-elle reçue dans les commissariats et les gendarmeries ?
Pour le moment, on a des échos surtout via internet, parce que notre collectif est tout récent. Mais entre ça et nos connaissances personnelles, on sait qu’il y a pas mal de collègues qui rejoignent notre point de vue. Je ne pense pas que ça soit abondamment commenté dans les commissariats, mais nous avons beaucoup de messages de soutien venant de collègues, d'associations, de militants et d’usagers de drogues. De ce que l’on nous dit, notre présence manquait au débat. Quand on parle de drogue en France, on parle essentiellement de répression, et qui met en oeuvre cette répression : les flics et les gendarmes. Donc si on peut faire entendre, même discrètement, une voix pour dire qu’en fait nous sommes bien placés pour dire que ça ne marche pas, c'est très bien. Parce que la consommation de drogue et l’insécurité liée aux marchés illégaux ne baissent pas non plus parce qu’on punit les gens.
Est-ce que de fait vous incitez les policiers à une certaine désobéissance civile ?
Bien sûr que oui. Nous allons publier quelque chose là-dessus pour proposer une marche à suivre aux flics et aux gendarmes pour conseiller de ne pas contrôler les gens, mais de leur donner quelques conseils, notamment aux jeunes fumeurs. Leur dire de faire attention, que ce n’est pas forcément une drogue douce. Avec le cannabis, on peut tomber assez bas. La police, c’est quand même un service public. Si on peut un peu se réconcilier avec les gens dans certains quartiers, en changeant notre fusil d’épaule, pourquoi pas.
Parce qu’au jour le jour, la lutte contre les stupéfiants a pris une place importante dans travail des policiers ?
Oui, elle est énorme. Il y a une catégorie d’infractions dans la police qui s’appellent les “infractions révélées par l'action des services”, ce qui en gros est l’activité proactive des flics. Sur ces infractions-là, 56% c’est de l’usage de stupéfiants. Et sur ces 56% il y a 90% de cannabis, minimum. Et au contraire, sur l’ensemble des infractions liées aux stupéfiants, on trouve seulement 3% de lutte contre le trafic. Et tout ça, c’est à cause de la politique du chiffre.
Parce que quand vous interpellez pour usage de stups, aussitôt constaté, aussitôt élucidé : vous avez un taux d'élucidation de 100%. Or, des taux d’élucidation à 100%, c’est très utile pour définir la performance d’un service. Par exemple, que vous avez une plainte pour viol, auteur non identifié : 0% d’élucidation. A côté de ça, vous avec un mec qui a une boulette de shit au fond de la poche : 100% d'élucidation. Admettons qu'il n’y a eu que ces deux affaires dans la journée, ça vous fait un taux d’élucidation de 50%. C'est une technique très performante mais complètement artificielle. Et c’est vraiment un gros système, parce que tout ça est aussi lié à des primes de performances. Si on parle de politique du chiffre, on parle de répression d'usage de stups. En fait, c’est la même chose.
Donc à votre avis, la dépénalisation pourrait permettre d’améliorer les relations de la police avec une certaine partie de la population, victime de contrôles au faciès ?
Oui, ça changerait beaucoup de choses. Déjà, ça changerait une certaine culture policière, une manière de travailler dans certains quartiers. Ça n’a pas de sens, aujourd’hui être contrôlé avec de la drogue est un délit ! Alors que n’importe quel type qui grille un feu rouge est plus dangereux pour les autres que celui qui se fume un pétard. Le boulot de la police, c’est quand même la sécurité publique.
Depuis plusieurs années, certains états des Etats-Unis connaissent un boom économique lié à l’exploitation du cannabis. Est-ce que c’est un argument supplémentaire pour vous ?
Bien sûr que c’est des arguments parce que la régulation du marché du cannabis peut créer des emplois et faire du bien à certains secteurs de l’économie. Après, il faut faire attention avec l’exemple américain. Dans certains des états où le cannabis a été légalisé, ils continuent de mettre en prison les consommateurs d’autres drogues, notamment en visant davantage ceux qui prennent du crack plutôt que de la cocaïne parce que ce n’est pas la même population, bien que ce soit le même principe actif.
Je préfère vraiment considérer les stupéfiants dans leur ensemble et leur appliquer le même registre. Je pense qu’il ne faut pas considérer d’un côté les gentils fumeurs de cannabis un peu bobo et de l’autre côté les junkies. Tout le monde à besoin soit d’une attention particulière quand il y a une consommation problématique, soit simplement d’avoir la paix et la liberté de faire ce qu’il veut en privé. Surtout que si on regarde ce que coûte en argent public la répression et qu’on imagine à quoi pourrait servir cet argent en actions de prévention ou d’assistance à des gens qui sont vraiment mal, comme les crackheads, ça laisse rêveur. Franchement, quelqu’un qui a un problème avec sa consommation de drogue, qu’est-ce qu’il va faire dans une garde à vue ? Rien.
Propos recueillis par Cyril Camu