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Une association d'artistes de Seine-Saint-Denis va vendre du cannabis en boîte
La Supérette, un nouveau projet hébergé à la résidence d’artistes Mains d’Œuvres, propose d’adopter un statut d’artiste pour «ouvrir le débat sur de nouvelles formes d’économies afin qu’elles ne soient plus clandestines».
La nouvelle supérette tenue par le duo Sébastien Renauld et Laurent Boijeot est aménagée dans un petit local exigu de la résidence d’artistes Mains d’Œuvres à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis).
Les marches d’un petit escalier en bois qui monte à pic servent de présentoir aux articles vendus dans cette nouvelle galerie d’art de proximité : des chewing-gums vendus à 2 euros, un stylo à 1 euro, des sodas, et même… des boulettes de résine de cannabis pour 25 euros. Chaque article est emballé dans de petites boîtes transparentes. «Tous ces articles sont des œuvres d’art, glisse avec malice Sébastien Renauld. Ce que vous faites du contenu des petites boîtes, ça ne me regarde pas !», ajoute l’architecte de formation, déjà auteur avec son comparse du coup médiatique des faux tracts de Nicolas Sarkozy.
La Supérette, qui sera ouverte pour le moment de manière aléatoire, a un projet pour le moins original : inciter les habitants de Saint-Ouen, vendeurs à la sauvette, travailleurs non déclarés, voire dealeurs, à adopter un statut d’artiste auprès de l’Urssaf pour vendre des performances dites «artistiques».
Une idée qui a germé au mois d’avril lors de leur odyssée urbaine de 30 jours et 30 nuits dans le département. «On s’est aperçu que les gens voulaient juste du taf, en faisant de l’argent proprement. Comme cette dame qu’on avait rencontrée sous le pont de La Courneuve qui faisait griller du maïs, ou des mécanos qui bossaient au noir. Il ne leur manque qu’un statut légal pour travailler !», argumente Sébastien Renauld.
La Supérette n’encourage-t-elle pas des pratiques considérées comme illégales, sous couvert d’un prétendu statut d’artiste ? «Ce qu’on souhaite, c’est encourager et ouvrir le débat sur de nouvelles formes d’économies, pour qu’elles ne soient plus clandestines», poursuivent-ils, en parlant «d’une déréglementation heureuse qui vient nourrir le pot commun par le paiement d’impôts sur ce que vous gagnez».
Les deux artistes n’ont peur de rien et disent «assumer les conséquences» de leurs actes. «Si un procureur se saisit de ce qu’on fait, on espère qu’il prendra de la hauteur et qu’il ne s’arrêtera pas à ce qu’il y a dans les petites boîtes.» Comme de la drogue ? «Je ne vois pas de quoi tu parles», rétorque Laurent Boijeot dans un grand sourire.
Supérette, 1, rue Charles-Garnier à Saint-Ouen. Ouverte ce jeudi de midi à minuit.
«Toute détention de drogue est prohibée»
«La détention du cannabis est prohibée à titre absolu», souligne la direction des douanes. Sous forme brute ou artistique, cela reste un produit illicite, passible pour son propriétaire, d’une peine maximale de dix ans de prison et d’une amende de 7,5 million d'euros.
Pourtant, l’administration des douanes a inspiré un projet artistique employant de la marchandise illégale. Il ne s’agissait pas de stupéfiants mais d’objets de contrefaçon. En novembre dernier, la créativité de sept plasticiens a été mise à contribution pour imaginer des œuvres utilisant des marchandises contrefaites. Sauf qu’au préalable, il fallait que les objets litigieux soient écrasés ou compressés, rendant ainsi impossible leur revente. «Le procédé artistique détruisait la contrefaçon», explique la direction des Douanes. L’une de ces réalisations est d’ailleurs exposée dans le hall de la direction générale des douanes.
Pas sûr que les créations de la Supérette rentrent dans ce cadre. Les boulettes de cannabis enfermées dans des boîtes transparentes peuvent en effet être tout à fait ré-employables.