Faux positifs au dépistage du THC
Posté: 17 Juil 2012, 19:51
http://www.docbuzz.fr/2012/06/27/123-sh ... nabis-thc/
Shampoings, savons et gels douche peuvent
positiver un test de détection du cannabis (THC)
L'exposition à des quantités infimes de
shampoings et autres savons pour bébés, sont
capables de positiver le test de détection
urinaire au THC, la substance active du
cannabis, révèle une étude américaine.
Aux Etats-Unis, ces tests sont parfois réalisés à
la naissance des enfants, afin de rechercher un
risque de sevrage lorsque les médecins veulent
avoir confirmation que l'enfant a été exposé à
une drogue au cours de la gestation, en
l'occurrence le cannabis. Un test positif peut
avoir des implications thérapeutiques et
médico-légales potentiellement graves, en
particulier si un recours est diligenté par les
services sociaux.
L'hôpital de l'université de Caroline du Nord
s'est inquiété de l'augmentation importante du
nombre de ses nouveaux-nés dont les tests
urinaires au cannabis revenaient positifs. Le
service de biologie a donc mené une enquête afin
de comprendre pourquoi un si grand nombre de
tests revenaient positifs, et probablement
faussement positifs puisqu'il n'y avait, a
priori, pas de consommation de cannabis de la
part des mamans. Ils ont donc passé en revue
toutes les sources de contamination possibles, en
amont et en aval du test.
Les scientifiques ont mis en évidence, en
mélangeant de faibles quantité de produits
d'hygiène corporel pour bébés
(savons, shampoingS), à des échantillons
urinaires négatifs au test de détection du THC,
que ces tests se positivaient subitement. Le
coupable était identifié. Les shampooings et
savons pour bébé contenaient en fait une
substance faisant réagir le test urinaire de
recherche du cannabis, expliquant pourquoi ces
tests pouvaient être positifs sans qu'aucune
consommation de cannabis n'ait eu lieu.
Le scénario mis en évidence par les scientifiques
est donc que certains composés chimiques,
présents dans les produits d'hygiène corporel,
traversent la barrière cutanée, passent dans le
sang des bébés, avant d'être éliminés dans les
urines. Leurs présences positivent le test de
détection au THC. Les marques de produits pour
bébé cités sont, par exemple, des produits pour
bébés fabriqués par Johnson & Johnson (Bath
Bedtime), Aveeno (Baby Soothing Relief Creamy
Wash et Baby Wash & Shampoo) et CVS (night time
baby bath). Les produits testés ont été prélevés
sur le territoire américain. Cette découverte
n'induit aucunement une toxicité de ces produits.
Les scientifiques ont finalement déterminé quels
étaient les composés chimiques, présents dans ces
savons et shampoings, et qui positivaient le test
urinaire au THC : il s'agit du polyquarternium-11
et du cocamidopropyl bétaïne, deux produits
finalement très couramment utilisés en
cosmétologie :
Le polyquarternium-11 est un produit cosmétique
utilisé pour ses propriétés antistatique et
filmogène (produit un film continu sur la peau,
les cheveux ou les ongles). Il n'est soumis
à aucune restriction ou condition d'emploi.
La cocamidopropyl bétaïne encore appelé
tégobétaïne, est un surfactant amphotère peu
irritant. Cet agent moussant, tensioactif étagent
nettoyant s'emploie dans les savons liquides,
gels de douche, shampoings, colorants
capillaires, bains moussants et solutions pour
lentilles cornéennes. Il n'est soumis à aucune
restriction ou condition d'emploi.
Ces deux produits sont très utilisés en
cosmétologie : Selon le site internet "Le
Flacon", le cocamidopropyl bétaïne est utilisé
dans des centaines de produits vendus en France :
il est présent dans 90 shampoings, 90 gels
douches, 15 crèmes de douche, 12 savons liquides,
10 gels nettoyant, des crèmes à raser, des
dentifrices, etcS On le retrouve dans les
produits Dove, Yves Rocher, Axe, Adidas,
Palmolive, Shisheido, Carrefour, Nivea, Timotei,
Cadum, L'Occitane, Le petit Marseillais, Tahiti,
Neutrogéna, et beaucoup d'autres.
Le polyquarternium-11 est moins utilisé. Il est
retrouvé en France dans différentes produits pour
cheveux : spray démêlant, gel coiffant, savon,
lotion et cire capillaire. Les marques
utilisatrices sont l'Occitane, Fragonard,
Schwarzkopf, Maniatis, et L'Oréal.
Cette découverte est importante d'abord pour les
mamans. Les auteurs citent le cas d'une mère qui
avait été arrêtée suite à un test positif au THC
réalisé chez son enfant. Les personnes
interprétant ces tests doivent donc savoir qu'ils
peuvent être faussement positifs suite à une
contamination liée à des produits d'hygiène
corporel : «Nous avons mis en évidence que des
savons et produits d'hygiène corporel couramment
utilisés pour les soins du nouveau-né et du
nourrisson sont des causes potentielles de
résultats faussement positifs du dépistage de
THC. Ces résultats, dans cette population,
peuvent conduire à une implication des services
sociaux et à de fausses allégations d'abus sur
enfants. Compte tenu de ces conséquences, il est
important pour les laboratoires d'analyse d'être
conscients de cette source potentielle de faux
positifs et d'envisager une confirmation des
tests avant de lancer une intervention".
Mais cette découverte peut avoir d'autres
implications. En effet, les produits positivant
le test de recherche de THC ne sont nullement
exclusifs des produits d'hygiène pour bébé. Si
toutefois cette étude ne cherchait pas à le
démontrer, on peut raisonnablement se demander si
un adulte utilisant ces shampoings ou autre
savons à base de cocamidopropyl bétaïne,
n'aurait pas, lui aussi, un test faussement
positif en cas de recherche de cannabis. Le test
de dépistage du cannabis, autrefois pratiqué par
la police en France chez les automobilistes,
était un test urinaire, dorénavant remplacé par
un test salivaire. Une question demeure : Ces
deux produits chimiques incriminés, qui semblent
passer dans le sang, peuvent-ils pas également
positiver un test urinaire au THC mené chez
l'adulte? Et un test salivaire ou sanguin? Cette
découverte de l'université de Caroline du Nord
pourrait-elle remettre en question une
utilisation judiciaire de ces tests?
Source
Unexpected interference of baby wash products
with a cannabinoid (THC) immunoassay.
Cotten SW, Duncan DL, Burch EA, Seashore CJ, Hammett-Stabler CA.
Clin Biochem. 2012 Jun;45(9):605-9. Epub 2012 Mar 23
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22465236
Crédit Photo Creative Commons by Morydd
Shampoings, savons et gels douche peuvent
positiver un test de détection du cannabis (THC)
L'exposition à des quantités infimes de
shampoings et autres savons pour bébés, sont
capables de positiver le test de détection
urinaire au THC, la substance active du
cannabis, révèle une étude américaine.
Aux Etats-Unis, ces tests sont parfois réalisés à
la naissance des enfants, afin de rechercher un
risque de sevrage lorsque les médecins veulent
avoir confirmation que l'enfant a été exposé à
une drogue au cours de la gestation, en
l'occurrence le cannabis. Un test positif peut
avoir des implications thérapeutiques et
médico-légales potentiellement graves, en
particulier si un recours est diligenté par les
services sociaux.
L'hôpital de l'université de Caroline du Nord
s'est inquiété de l'augmentation importante du
nombre de ses nouveaux-nés dont les tests
urinaires au cannabis revenaient positifs. Le
service de biologie a donc mené une enquête afin
de comprendre pourquoi un si grand nombre de
tests revenaient positifs, et probablement
faussement positifs puisqu'il n'y avait, a
priori, pas de consommation de cannabis de la
part des mamans. Ils ont donc passé en revue
toutes les sources de contamination possibles, en
amont et en aval du test.
Les scientifiques ont mis en évidence, en
mélangeant de faibles quantité de produits
d'hygiène corporel pour bébés
(savons, shampoingS), à des échantillons
urinaires négatifs au test de détection du THC,
que ces tests se positivaient subitement. Le
coupable était identifié. Les shampooings et
savons pour bébé contenaient en fait une
substance faisant réagir le test urinaire de
recherche du cannabis, expliquant pourquoi ces
tests pouvaient être positifs sans qu'aucune
consommation de cannabis n'ait eu lieu.
Le scénario mis en évidence par les scientifiques
est donc que certains composés chimiques,
présents dans les produits d'hygiène corporel,
traversent la barrière cutanée, passent dans le
sang des bébés, avant d'être éliminés dans les
urines. Leurs présences positivent le test de
détection au THC. Les marques de produits pour
bébé cités sont, par exemple, des produits pour
bébés fabriqués par Johnson & Johnson (Bath
Bedtime), Aveeno (Baby Soothing Relief Creamy
Wash et Baby Wash & Shampoo) et CVS (night time
baby bath). Les produits testés ont été prélevés
sur le territoire américain. Cette découverte
n'induit aucunement une toxicité de ces produits.
Les scientifiques ont finalement déterminé quels
étaient les composés chimiques, présents dans ces
savons et shampoings, et qui positivaient le test
urinaire au THC : il s'agit du polyquarternium-11
et du cocamidopropyl bétaïne, deux produits
finalement très couramment utilisés en
cosmétologie :
Le polyquarternium-11 est un produit cosmétique
utilisé pour ses propriétés antistatique et
filmogène (produit un film continu sur la peau,
les cheveux ou les ongles). Il n'est soumis
à aucune restriction ou condition d'emploi.
La cocamidopropyl bétaïne encore appelé
tégobétaïne, est un surfactant amphotère peu
irritant. Cet agent moussant, tensioactif étagent
nettoyant s'emploie dans les savons liquides,
gels de douche, shampoings, colorants
capillaires, bains moussants et solutions pour
lentilles cornéennes. Il n'est soumis à aucune
restriction ou condition d'emploi.
Ces deux produits sont très utilisés en
cosmétologie : Selon le site internet "Le
Flacon", le cocamidopropyl bétaïne est utilisé
dans des centaines de produits vendus en France :
il est présent dans 90 shampoings, 90 gels
douches, 15 crèmes de douche, 12 savons liquides,
10 gels nettoyant, des crèmes à raser, des
dentifrices, etcS On le retrouve dans les
produits Dove, Yves Rocher, Axe, Adidas,
Palmolive, Shisheido, Carrefour, Nivea, Timotei,
Cadum, L'Occitane, Le petit Marseillais, Tahiti,
Neutrogéna, et beaucoup d'autres.
Le polyquarternium-11 est moins utilisé. Il est
retrouvé en France dans différentes produits pour
cheveux : spray démêlant, gel coiffant, savon,
lotion et cire capillaire. Les marques
utilisatrices sont l'Occitane, Fragonard,
Schwarzkopf, Maniatis, et L'Oréal.
Cette découverte est importante d'abord pour les
mamans. Les auteurs citent le cas d'une mère qui
avait été arrêtée suite à un test positif au THC
réalisé chez son enfant. Les personnes
interprétant ces tests doivent donc savoir qu'ils
peuvent être faussement positifs suite à une
contamination liée à des produits d'hygiène
corporel : «Nous avons mis en évidence que des
savons et produits d'hygiène corporel couramment
utilisés pour les soins du nouveau-né et du
nourrisson sont des causes potentielles de
résultats faussement positifs du dépistage de
THC. Ces résultats, dans cette population,
peuvent conduire à une implication des services
sociaux et à de fausses allégations d'abus sur
enfants. Compte tenu de ces conséquences, il est
important pour les laboratoires d'analyse d'être
conscients de cette source potentielle de faux
positifs et d'envisager une confirmation des
tests avant de lancer une intervention".
Mais cette découverte peut avoir d'autres
implications. En effet, les produits positivant
le test de recherche de THC ne sont nullement
exclusifs des produits d'hygiène pour bébé. Si
toutefois cette étude ne cherchait pas à le
démontrer, on peut raisonnablement se demander si
un adulte utilisant ces shampoings ou autre
savons à base de cocamidopropyl bétaïne,
n'aurait pas, lui aussi, un test faussement
positif en cas de recherche de cannabis. Le test
de dépistage du cannabis, autrefois pratiqué par
la police en France chez les automobilistes,
était un test urinaire, dorénavant remplacé par
un test salivaire. Une question demeure : Ces
deux produits chimiques incriminés, qui semblent
passer dans le sang, peuvent-ils pas également
positiver un test urinaire au THC mené chez
l'adulte? Et un test salivaire ou sanguin? Cette
découverte de l'université de Caroline du Nord
pourrait-elle remettre en question une
utilisation judiciaire de ces tests?
Source
Unexpected interference of baby wash products
with a cannabinoid (THC) immunoassay.
Cotten SW, Duncan DL, Burch EA, Seashore CJ, Hammett-Stabler CA.
Clin Biochem. 2012 Jun;45(9):605-9. Epub 2012 Mar 23
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22465236
Crédit Photo Creative Commons by Morydd