Dépénalisation cannabis: la gauche en pétard ?
Posté: 21 Jan 2013, 04:50
Dépénalisation cannabis: la gauche en pétard ?
Par Benjamin Billot
source : http://www.liberation.fr/terre/01012386 ... -en-petard
Tout le monde était d’accord. Les intervenants : Patrice Bessac, porte-parole du Parti Communiste, fin connaisseur des problématiques liées aux drogues et Annick Lepetit, député PS. Mais aussi la modératrice et le public, en tout cas la partie qui s’est exprimée. Pas de débat donc. Plutôt un état des lieux, une présentation des arguments pro-légalisation. Des arguments qui s’élaborent à partir d’un constat : celui de l’échec de la guerre contre la drogue initiée par Nixon dans les années 70 et propagée dans une bonne partie du monde occidental. Coûts exorbitants, résultats discutables sinon inexistants, trafics florissants, quartiers entiers vivant sur l’argent de la drogue, consommateurs innombrables… Autant de signaux forts qui devraient pousser à une évolution de la législation sur la drogue en général et sur le cannabis en particulier, selon Patrick Bessac et Annick Lepetit.
« Le but ce n’est pas d’encourager la fumette »
Et ils parlent bien de légalisation. Pas de dépénalisation, « trop hypocrite » selon la député PS qui met en valeur l’absurdité d’un système tolérant la consommation d’un produit dont la production et la vente serait interdite. La légalisation, une manière de baisser les bras devant le fait accompli ? Au contraire, selon Annick Lepetit, « ce qui est grave, c’est le non-dit, c’est de ne rien faire ». La député met au passage les choses au clair, « le but ce n’est pas d’encourager la fumette, de dire allez-y faites pousser de l’herbe sur vos balcons ». Mais plutôt de prendre à bras le corps une problématique qui a un « fort impact social ». Patrice Bessac va même un peu plus loin. Mi-figue mi-raisin, il prône un « circuit court de production, des cultures bios », qui permettraient d’obtenir «des produits de qualité ».
Difficile de décerner la part de l’humour et celle du sérieux dans ses propos. Persuadé de la justesse de son combat, il n’ignore pas pour autant le danger que représente la consommation de cannabis pour les « personnes psychotiques ». Annick Lepetit non plus ne verse pas dans l’angélisme : « un ado qui fume dès le réveil et qui consomme dix joints par jour, il n’est plus capable de rien ». La question, majeure, de l’impact sur la santé est par contre un peu éludée. Une personne du public qui s’en étonne devra se contenter de la réponse automatique: « c’est moins dangereux que l’alcool ou que la cigarette… ».
« Il faut que les responsables aient le courage d’avoir des politiques innovantes »
Tous ces arguments pro-légalisation sont finalement déjà connus. Manque le courage politique, absent face aux 63% de Français opposés à la légalisation ou même à la dépénalisation. Patrice Bessac le déplore : « il faut changer le logiciel pour faire évoluer les mentalités. Il faut que les responsables aient le courage d’avoir des politiques innovantes ». Un appel qui reste pour l’instant sans réponse de la part du candidat du Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, ou du candidat PS François Hollande. « Les cadres du Parti Socialiste ne sont pas d’accord entre eux à ce sujet » admet Annick Lepetit. Une opposition qui persiste à l’intérieur de leur propre parti, raison de plus pour les deux élus de « continuer le combat ».
Par Benjamin Billot
source : http://www.liberation.fr/terre/01012386 ... -en-petard
Tout le monde était d’accord. Les intervenants : Patrice Bessac, porte-parole du Parti Communiste, fin connaisseur des problématiques liées aux drogues et Annick Lepetit, député PS. Mais aussi la modératrice et le public, en tout cas la partie qui s’est exprimée. Pas de débat donc. Plutôt un état des lieux, une présentation des arguments pro-légalisation. Des arguments qui s’élaborent à partir d’un constat : celui de l’échec de la guerre contre la drogue initiée par Nixon dans les années 70 et propagée dans une bonne partie du monde occidental. Coûts exorbitants, résultats discutables sinon inexistants, trafics florissants, quartiers entiers vivant sur l’argent de la drogue, consommateurs innombrables… Autant de signaux forts qui devraient pousser à une évolution de la législation sur la drogue en général et sur le cannabis en particulier, selon Patrick Bessac et Annick Lepetit.
« Le but ce n’est pas d’encourager la fumette »
Et ils parlent bien de légalisation. Pas de dépénalisation, « trop hypocrite » selon la député PS qui met en valeur l’absurdité d’un système tolérant la consommation d’un produit dont la production et la vente serait interdite. La légalisation, une manière de baisser les bras devant le fait accompli ? Au contraire, selon Annick Lepetit, « ce qui est grave, c’est le non-dit, c’est de ne rien faire ». La député met au passage les choses au clair, « le but ce n’est pas d’encourager la fumette, de dire allez-y faites pousser de l’herbe sur vos balcons ». Mais plutôt de prendre à bras le corps une problématique qui a un « fort impact social ». Patrice Bessac va même un peu plus loin. Mi-figue mi-raisin, il prône un « circuit court de production, des cultures bios », qui permettraient d’obtenir «des produits de qualité ».
Difficile de décerner la part de l’humour et celle du sérieux dans ses propos. Persuadé de la justesse de son combat, il n’ignore pas pour autant le danger que représente la consommation de cannabis pour les « personnes psychotiques ». Annick Lepetit non plus ne verse pas dans l’angélisme : « un ado qui fume dès le réveil et qui consomme dix joints par jour, il n’est plus capable de rien ». La question, majeure, de l’impact sur la santé est par contre un peu éludée. Une personne du public qui s’en étonne devra se contenter de la réponse automatique: « c’est moins dangereux que l’alcool ou que la cigarette… ».
« Il faut que les responsables aient le courage d’avoir des politiques innovantes »
Tous ces arguments pro-légalisation sont finalement déjà connus. Manque le courage politique, absent face aux 63% de Français opposés à la légalisation ou même à la dépénalisation. Patrice Bessac le déplore : « il faut changer le logiciel pour faire évoluer les mentalités. Il faut que les responsables aient le courage d’avoir des politiques innovantes ». Un appel qui reste pour l’instant sans réponse de la part du candidat du Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, ou du candidat PS François Hollande. « Les cadres du Parti Socialiste ne sont pas d’accord entre eux à ce sujet » admet Annick Lepetit. Une opposition qui persiste à l’intérieur de leur propre parti, raison de plus pour les deux élus de « continuer le combat ».