Vaillant veut une filière d'État du cannabis
Posté: 15 Juin 2011, 23:51
source: Le figaro http://www.lefigaro.fr/actualite-france ... nnabis.php
par Jean-Marc Leclerc 15/06/2011 | Mise à jour : 21:12
Daniel Vaillant, ancien ministre de l'Intérieur.
L'ex-ministre de l'Intérieur propose une agence nationale «encadrant» sa vente.
Plus fort que la dépénalisation, la «légalisation contrôlée»! Daniel Vaillant, l'ancien ministre de l'Intérieur des années Jospin, vient de récidiver au sujet du cannabis en proposant, ni plus ni moins, dans un rapport parlementaire, que l'État encadre la vente du haschich en France. Le statut du cannabis serait aligné sur celui de l'alcool et du tabac. Un office d'État, sur le modèle de la Seita, superviserait la «filière nationale du cannabis». Car la production se ferait en France, selon des techniques bio. Une méthode révolutionnaire pour redynamiser certaines régions agricoles, assure Daniel Vaillant, aujourd'hui député maire PS du XVIIIe arrondissement de Paris.
Selon lui, 53.000 hectares devraient suffire à couvrir les besoins des consommateurs en herbe et en résine. Et qui distribuerait le produit ? Des bars-tabac contrôlés par les douanes ou des «cannabistrots équipés de fumoirs, pour que les jeunes ne fument pas dans les cages d'escalier», dit-il. Se voulant rassurant, il indique tout de même que «le cannabis serait interdit dans l'espace public, comme l'alcool…» Il précise également, dans une interview accordée aux Inrockuptibles (l'hebdomadaire de Matthieu Pigasse), qu'il n'a jamais pratiqué la fumette à titre personnel. Mais que le «cannabis est plutôt moins violent que l'alcool»…
En 2003, déjà, ce jospinien qui refusa d'emblée, en arrivant Place Beauvau, d'être qualifié de «premier flic de France», avait signé une tribune proposant «d'autoriser la consommation pour tenir compte de la banalisation» du cannabis. Puis avait germé en 2009 son idée de contrôle d'État de la production et de la vente, au prétexte que la répression aurait échoué. «Tentons le pari de la réglementation pour faire baisser la consommation», est devenu son credo. Dans Le Monde d'hier, il poursuit: «Si les gens doivent fumer, alors il faut qu'ils puissent fumer mieux. Cela m'affole: aujourd'hui, l'appât du gain pousse les dealers à ajouter des microbilles de verre ou de la poudre de pneu pour alourdir la résine de cannabis.» Mais c'est pour aussitôt ajouter: «La consommation n'est certes pas une conduite à suivre, mais le vrai laxisme, c'est le statu quo». Lui prétend, assure-t-il, «sortir de l'hypocrisie».
Climat délétère
À quel jeu joue Daniel Vaillant? Les parents d'ados de 17 ans qui, selon son système, pourraient revendiquer en famille «le droit» de fumer, peuvent légitimement se poser la question. Et se demander, par la même occasion, si le ministre qui vit la délinquance passer la barre des 4 millions de crimes et délits par an et les violences exploser de 40%, durant sa séquence à Beauvau, est suffisamment crédible pour porter des solutions à gauche.
Les socialistes espagnols, eux, ont déjà donné. Car les mêmes qui avaient voté en 1983 pour la dépénalisation du cannabis sont revenus sur cette politique, après dix ans de cauchemar. Comme les Suisses d'ailleurs, qui ont fermé leurs parcs transformés en «toxico land». À Madrid, sous la gauche, les autorités sanitaires ont découvert horrifiées que la dépénalisation du cannabis avait vu exploser quasiment par dix le nombre de morts par overdose: 93 morts en 1983 contre 813 à la veille de la publication de la loi Corcuera qui mettait un terme à cette désastreuse «expérimentation», le 21 février 1992. Le climat délétère qui s'était installé avait favorisé le passage des drogues douces aux drogues dures. Mais curieusement, Daniel Vaillant glisse sur cet accident de l'histoire.
par Jean-Marc Leclerc 15/06/2011 | Mise à jour : 21:12
Daniel Vaillant, ancien ministre de l'Intérieur.
L'ex-ministre de l'Intérieur propose une agence nationale «encadrant» sa vente.
Plus fort que la dépénalisation, la «légalisation contrôlée»! Daniel Vaillant, l'ancien ministre de l'Intérieur des années Jospin, vient de récidiver au sujet du cannabis en proposant, ni plus ni moins, dans un rapport parlementaire, que l'État encadre la vente du haschich en France. Le statut du cannabis serait aligné sur celui de l'alcool et du tabac. Un office d'État, sur le modèle de la Seita, superviserait la «filière nationale du cannabis». Car la production se ferait en France, selon des techniques bio. Une méthode révolutionnaire pour redynamiser certaines régions agricoles, assure Daniel Vaillant, aujourd'hui député maire PS du XVIIIe arrondissement de Paris.
Selon lui, 53.000 hectares devraient suffire à couvrir les besoins des consommateurs en herbe et en résine. Et qui distribuerait le produit ? Des bars-tabac contrôlés par les douanes ou des «cannabistrots équipés de fumoirs, pour que les jeunes ne fument pas dans les cages d'escalier», dit-il. Se voulant rassurant, il indique tout de même que «le cannabis serait interdit dans l'espace public, comme l'alcool…» Il précise également, dans une interview accordée aux Inrockuptibles (l'hebdomadaire de Matthieu Pigasse), qu'il n'a jamais pratiqué la fumette à titre personnel. Mais que le «cannabis est plutôt moins violent que l'alcool»…
En 2003, déjà, ce jospinien qui refusa d'emblée, en arrivant Place Beauvau, d'être qualifié de «premier flic de France», avait signé une tribune proposant «d'autoriser la consommation pour tenir compte de la banalisation» du cannabis. Puis avait germé en 2009 son idée de contrôle d'État de la production et de la vente, au prétexte que la répression aurait échoué. «Tentons le pari de la réglementation pour faire baisser la consommation», est devenu son credo. Dans Le Monde d'hier, il poursuit: «Si les gens doivent fumer, alors il faut qu'ils puissent fumer mieux. Cela m'affole: aujourd'hui, l'appât du gain pousse les dealers à ajouter des microbilles de verre ou de la poudre de pneu pour alourdir la résine de cannabis.» Mais c'est pour aussitôt ajouter: «La consommation n'est certes pas une conduite à suivre, mais le vrai laxisme, c'est le statu quo». Lui prétend, assure-t-il, «sortir de l'hypocrisie».
Climat délétère
À quel jeu joue Daniel Vaillant? Les parents d'ados de 17 ans qui, selon son système, pourraient revendiquer en famille «le droit» de fumer, peuvent légitimement se poser la question. Et se demander, par la même occasion, si le ministre qui vit la délinquance passer la barre des 4 millions de crimes et délits par an et les violences exploser de 40%, durant sa séquence à Beauvau, est suffisamment crédible pour porter des solutions à gauche.
Les socialistes espagnols, eux, ont déjà donné. Car les mêmes qui avaient voté en 1983 pour la dépénalisation du cannabis sont revenus sur cette politique, après dix ans de cauchemar. Comme les Suisses d'ailleurs, qui ont fermé leurs parcs transformés en «toxico land». À Madrid, sous la gauche, les autorités sanitaires ont découvert horrifiées que la dépénalisation du cannabis avait vu exploser quasiment par dix le nombre de morts par overdose: 93 morts en 1983 contre 813 à la veille de la publication de la loi Corcuera qui mettait un terme à cette désastreuse «expérimentation», le 21 février 1992. Le climat délétère qui s'était installé avait favorisé le passage des drogues douces aux drogues dures. Mais curieusement, Daniel Vaillant glisse sur cet accident de l'histoire.