Le 18 joint défile en pique-niquant. Législation du cannabis
Posté: 26 Juin 2010, 15:29
Le 18 joint défile en pique-niquant. Législation du cannabis en plat principal.
Par HOLTZ Michel 19/06/1998 à 03h56
source : http://www.liberation.fr/societe/010124 ... -principal
L'interdiction de manifester est rituelle. Sa bravade aussi. Hier,
ils sont venus à près de 800 au parc de la Villette, à Paris, pour réclamer, comme chaque année, à la même date et au même endroit, la légalisation du cannabis. Cet Appel du 18 joint est orchestré par Jean-Pierre Galland, responsable du CIRC (Collectif d'information et de recherches cannabiques). Il est debout au milieu de la pelouse. Une vache qui rit avec des feuilles de cannabis en guise de boucles d'oreilles orne son T-Shirt. «Il m'a coûté cher, celui-là. 20 000 F de dommages et intérêts à verser à la Vache qui rit, la vraie, pour contrefaçon.» Galland est abonné aux tracas administratifs. Alors il les contourne. Il pique-nique au lieu de défiler, pour éviter la descente policière. «On nous interdit de manifester sous prétexte que c'est une incitation à l'usage de la drogue. On tombe sous le coup de l'article de loi L 630», le fameux alinéa qui interdit tout débat «présentant sous un jour favorable» tout usage de substance illicite. «Mais le rapport remis cette semaine à Bernard Kouchner est lui aussi hors-la-loi», réplique-t-il. Ce rapport émanant du professeur Bernard Roques, de l'Académie des sciences, établit que le cannabis est moins toxique que l'alcool et le tabac.
Le professeur Roques est absent, mais il est le vrai héros du pique-nique parisien, même si d'autres personnalités sont venues. Parmi elles, Alain Lipietz, porte-parole des Verts. «On est là chaque année. L'an passé, on a même réussi ici la première manifestation antigouvernementale, quinze jours après les législatives. Depuis, c'est devenu une habitude.» Lui réclame, bien évidemment, l'abrogation de l'article L 630. «C'est l'étape obligée avant la dépénalisation. Il faut expliquer qu'il y a des degrés de toxicité dans les drogues. C'est le rôle de l'école. Aujourd'hui, on met encore trop souvent toutes les substances dans le même sac.»
Allongés sur l'herbe, Yolanda et Mickaelis savent faire le tri. «Y'a des trucs dégueulasses qui circulent. Du shit coupé avec des trucs chimiques. C'est ça qui rend accro. Si le cannabis était légalisé et distribué par l'Etat, il y aurait un contrôle de qualité.» Smoke acquiesce. Lui, il organise des raves où l'on est beaucoup plus confronté à l'ecstasy qu'au shit. «Avec Médecins du monde, on fait des contrôles des produits à chaque fois. Les outils existent pour toutes les drogues, mais l'Etat se voile la face. On est les derniers d'Europe dans ce domaine.» Pas loin, Mathieu fait l'homme-sandwich. Son panneau signale que la Belgique a dépénalisé le cannabis et d'ajouter «fume Chirac: c'est du belge». Le porte-slogan se mêle au débat: «Attention, dépénaliser ne signifie pas légaliser. Il faut apporter des nuances.»
La suite s'embrume dans les définitions possibles de chaque terme. Mais la discussion s'est installée. «C'est le début, mais c'est ce type de débat qu'il faut instaurer, observe Alain Lipietz. Avec le rapport Roques, c'est en bonne voie. La légalisation est presque inévitable, comme la loi sur l'avortement l'a été au moment où le débat a été ouvert et public.».
Par HOLTZ Michel 19/06/1998 à 03h56
source : http://www.liberation.fr/societe/010124 ... -principal
L'interdiction de manifester est rituelle. Sa bravade aussi. Hier,
ils sont venus à près de 800 au parc de la Villette, à Paris, pour réclamer, comme chaque année, à la même date et au même endroit, la légalisation du cannabis. Cet Appel du 18 joint est orchestré par Jean-Pierre Galland, responsable du CIRC (Collectif d'information et de recherches cannabiques). Il est debout au milieu de la pelouse. Une vache qui rit avec des feuilles de cannabis en guise de boucles d'oreilles orne son T-Shirt. «Il m'a coûté cher, celui-là. 20 000 F de dommages et intérêts à verser à la Vache qui rit, la vraie, pour contrefaçon.» Galland est abonné aux tracas administratifs. Alors il les contourne. Il pique-nique au lieu de défiler, pour éviter la descente policière. «On nous interdit de manifester sous prétexte que c'est une incitation à l'usage de la drogue. On tombe sous le coup de l'article de loi L 630», le fameux alinéa qui interdit tout débat «présentant sous un jour favorable» tout usage de substance illicite. «Mais le rapport remis cette semaine à Bernard Kouchner est lui aussi hors-la-loi», réplique-t-il. Ce rapport émanant du professeur Bernard Roques, de l'Académie des sciences, établit que le cannabis est moins toxique que l'alcool et le tabac.
Le professeur Roques est absent, mais il est le vrai héros du pique-nique parisien, même si d'autres personnalités sont venues. Parmi elles, Alain Lipietz, porte-parole des Verts. «On est là chaque année. L'an passé, on a même réussi ici la première manifestation antigouvernementale, quinze jours après les législatives. Depuis, c'est devenu une habitude.» Lui réclame, bien évidemment, l'abrogation de l'article L 630. «C'est l'étape obligée avant la dépénalisation. Il faut expliquer qu'il y a des degrés de toxicité dans les drogues. C'est le rôle de l'école. Aujourd'hui, on met encore trop souvent toutes les substances dans le même sac.»
Allongés sur l'herbe, Yolanda et Mickaelis savent faire le tri. «Y'a des trucs dégueulasses qui circulent. Du shit coupé avec des trucs chimiques. C'est ça qui rend accro. Si le cannabis était légalisé et distribué par l'Etat, il y aurait un contrôle de qualité.» Smoke acquiesce. Lui, il organise des raves où l'on est beaucoup plus confronté à l'ecstasy qu'au shit. «Avec Médecins du monde, on fait des contrôles des produits à chaque fois. Les outils existent pour toutes les drogues, mais l'Etat se voile la face. On est les derniers d'Europe dans ce domaine.» Pas loin, Mathieu fait l'homme-sandwich. Son panneau signale que la Belgique a dépénalisé le cannabis et d'ajouter «fume Chirac: c'est du belge». Le porte-slogan se mêle au débat: «Attention, dépénaliser ne signifie pas légaliser. Il faut apporter des nuances.»
La suite s'embrume dans les définitions possibles de chaque terme. Mais la discussion s'est installée. «C'est le début, mais c'est ce type de débat qu'il faut instaurer, observe Alain Lipietz. Avec le rapport Roques, c'est en bonne voie. La légalisation est presque inévitable, comme la loi sur l'avortement l'a été au moment où le débat a été ouvert et public.».