Faire éclater le débat sur le pétard
Posté: 30 Mai 2009, 13:56
Faire éclater le débat sur le pétard
Par Ch. D. • 29 mai, 2009 •
source: http://dailynord.fr/2009/05/cannabis-temoignage/
Le pétard. Éludé par les partis traditionnels, le thème s’est faufilé dans ces élections européennes avec Cannabis sans frontières et sa liste en Ile-de-France. Objectif ? Ouvrir un débat national sur la question. Un débat particulièrement sensible dans une région frontalière comme la nôtre. Mandaté pour faire connaître le mouvement dans le Nord - Pas-de-Calais, Jérémie Charpentier, 36 ans, est consommateur quotidien. Sans complexe, il évoque ce qu’il qualifie d’hypocrisie. Témoignage.
DailyNord : La proximité avec la Belgique rend-t-elle le Nord - Pas-de-Calais davantage sensible sur la prohibition des drogues ?
Jérémie Charpentier : « Il existe une certaine forme d’hypocrisie dans le Nord - Pas-de-Calais. Prenez une ville frontalière. Vous faites quelques centaines de mètres et, de l’autre côté de la frontière, vous trouvez des petites boutiques qui vendent des tas d’objets représentant une feuille de cannabis, des pipes ou des feuilles à rouler pour les consommateurs. En Belgique, un usager peut avoir jusque trois grammes sur lui et une plante cultivée chez soi. Mais une fois repassée la frontière, en France, c’est tolérance zéro. Le problème, c’est que ces lois ne sont pas applicables dans le Nord - Pas-de-Calais comme elles le sont dans le Cantal par exemple. D’une région à l’autre, d’un policier à l’autre, tout peut changer. Certains décideront de suivre la procédure à la lettre, d’autres seront plus tolérants. » 0509cannabis.jpg
Menotté pour un p’tit joint
DN : Est-ce votre expérience personnelle qui parle ?
J. C. : « Un jour à Arras, je me suis fait arrêter en possession de cannabis. Les policiers m’ont réprimandé, mais cela s’est arrêté là. Dans le Nord, cela reste un peu plus toléré même si la loi est identique. En revanche, en janvier 2007, l’affaire est allée beaucoup plus loin. Je me suis fait arrêter dans la rue à Paris en sortant du travail : je portais une casquette avec une feuille de cannabis dessus. Les policiers m’ont naturellement interrogé et je leur ai répondu que j’avais de quoi me rouler un petit joint sur moi : l’équivalent d’un demi-gramme. Je me suis retrouvé menotté, placé en garde à vue, et mon domicile domicile a même été perquisitionné ! En tout et pour tout, ils ont trouvé cinq grammes chez moi. Mais cela m’a valu de passer devant le délégué du procureur et d’être orienté vers un centre de soins de toxicomanes. Comme si j’étais un délinquant et un malade. »
DN : Cet incident a motivé votre engagement aux côtés de Cannabis sans frontières ?
J. C. : « Oui. J’étais alors en tenue de travail, le délégué du procureur m’a dit que j’étais une honte de représenter ainsi une entreprise publique. Je travaille dans cette entreprise depuis trois ans et je n’ai pourtant jamais eu le moindre souci : je fume uniquement chez moi, une fois dégagé de responsabilités. Comme d’autres prendraient une bière dans le frigo en sortant du boulot. Cela a motivé mon engagement sur cette liste. Il n’est pas normal qu’en 17 ans, je sois allé trois fois en garde à vue, alors que je suis un simple consommateur. »
DN : Avec ce mouvement, quels objectifs poursuivez-vous?
[b]J. C. :[/] « Nous réclamons la dépénalisation et la légalisation du produit au sein de l’Europe. D’une façon générale, nous sommes opposés à toutes ces lois liberticides. Ne serait-ce qu’Hadopi par exemple. Nous pensons que la prohibition contribue à enfoncer les gens et non à les protéger. Le cannabis en est l’exemple même. Nous souhaitons d’abord montrer que nous existons et ainsi ouvrir le débat inexistant à ce jour. Avec la loi actuelle, les consommateurs n’osent pas s’exprimer. Et sur le plan politique, aucun parti n’ose se saisir de la question : impossible pour eux de changer de bord et de revenir sur ce qu’ils ont dit depuis des années et des années. »
Le site de la liste Cannabis sans frontières : http://cannabissansfrontieres.org/
Par Ch. D. • 29 mai, 2009 •
source: http://dailynord.fr/2009/05/cannabis-temoignage/
Le pétard. Éludé par les partis traditionnels, le thème s’est faufilé dans ces élections européennes avec Cannabis sans frontières et sa liste en Ile-de-France. Objectif ? Ouvrir un débat national sur la question. Un débat particulièrement sensible dans une région frontalière comme la nôtre. Mandaté pour faire connaître le mouvement dans le Nord - Pas-de-Calais, Jérémie Charpentier, 36 ans, est consommateur quotidien. Sans complexe, il évoque ce qu’il qualifie d’hypocrisie. Témoignage.
DailyNord : La proximité avec la Belgique rend-t-elle le Nord - Pas-de-Calais davantage sensible sur la prohibition des drogues ?
Jérémie Charpentier : « Il existe une certaine forme d’hypocrisie dans le Nord - Pas-de-Calais. Prenez une ville frontalière. Vous faites quelques centaines de mètres et, de l’autre côté de la frontière, vous trouvez des petites boutiques qui vendent des tas d’objets représentant une feuille de cannabis, des pipes ou des feuilles à rouler pour les consommateurs. En Belgique, un usager peut avoir jusque trois grammes sur lui et une plante cultivée chez soi. Mais une fois repassée la frontière, en France, c’est tolérance zéro. Le problème, c’est que ces lois ne sont pas applicables dans le Nord - Pas-de-Calais comme elles le sont dans le Cantal par exemple. D’une région à l’autre, d’un policier à l’autre, tout peut changer. Certains décideront de suivre la procédure à la lettre, d’autres seront plus tolérants. » 0509cannabis.jpg
Menotté pour un p’tit joint
DN : Est-ce votre expérience personnelle qui parle ?
J. C. : « Un jour à Arras, je me suis fait arrêter en possession de cannabis. Les policiers m’ont réprimandé, mais cela s’est arrêté là. Dans le Nord, cela reste un peu plus toléré même si la loi est identique. En revanche, en janvier 2007, l’affaire est allée beaucoup plus loin. Je me suis fait arrêter dans la rue à Paris en sortant du travail : je portais une casquette avec une feuille de cannabis dessus. Les policiers m’ont naturellement interrogé et je leur ai répondu que j’avais de quoi me rouler un petit joint sur moi : l’équivalent d’un demi-gramme. Je me suis retrouvé menotté, placé en garde à vue, et mon domicile domicile a même été perquisitionné ! En tout et pour tout, ils ont trouvé cinq grammes chez moi. Mais cela m’a valu de passer devant le délégué du procureur et d’être orienté vers un centre de soins de toxicomanes. Comme si j’étais un délinquant et un malade. »
DN : Cet incident a motivé votre engagement aux côtés de Cannabis sans frontières ?
J. C. : « Oui. J’étais alors en tenue de travail, le délégué du procureur m’a dit que j’étais une honte de représenter ainsi une entreprise publique. Je travaille dans cette entreprise depuis trois ans et je n’ai pourtant jamais eu le moindre souci : je fume uniquement chez moi, une fois dégagé de responsabilités. Comme d’autres prendraient une bière dans le frigo en sortant du boulot. Cela a motivé mon engagement sur cette liste. Il n’est pas normal qu’en 17 ans, je sois allé trois fois en garde à vue, alors que je suis un simple consommateur. »
DN : Avec ce mouvement, quels objectifs poursuivez-vous?
[b]J. C. :[/] « Nous réclamons la dépénalisation et la légalisation du produit au sein de l’Europe. D’une façon générale, nous sommes opposés à toutes ces lois liberticides. Ne serait-ce qu’Hadopi par exemple. Nous pensons que la prohibition contribue à enfoncer les gens et non à les protéger. Le cannabis en est l’exemple même. Nous souhaitons d’abord montrer que nous existons et ainsi ouvrir le débat inexistant à ce jour. Avec la loi actuelle, les consommateurs n’osent pas s’exprimer. Et sur le plan politique, aucun parti n’ose se saisir de la question : impossible pour eux de changer de bord et de revenir sur ce qu’ils ont dit depuis des années et des années. »
Le site de la liste Cannabis sans frontières : http://cannabissansfrontieres.org/