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La bourgeoise qui défend le cannabis

MessagePosté: 21 Jan 2013, 04:26
par jack1
BERNE | Militante prochanvre, favorable au droit de recours des associations, la radicale bernoise Christa Markwalder agace autant qu’elle séduit dans les rangs du parlement. Vous avez dit atypique?





© KEYSTONE | Christa Markwalder, à g., ici en discussion avec la conseillère fédérale Doris Leuthard.

PATRICK CHUARD | 14.11.2008 | 00:01


«Non, je ne fume pas de joints! La dernière fois, c’était il y a plus de dix ans. Et cela ne me fait pas envie.» Tout sourire, Christa Markwalder ne s’offusque pas des racontars un peu malveillants qui font d’elle une fumeuse de pétards.

La conseillère nationale radicale a l’habitude de passer pour une «gauchiste» dans son parti. Il faut dire que cette avocate bernoise de 33 ans porte l’initiative pour la libéralisation du cannabis dans le camp des radicaux. Elle a convaincu le parti de l’accepter, de justesse, l’été dernier à Olten.

Elle défend d’autres idées propres à décoiffer les bourgeois, comme son militantisme pour une adhésion sans délai à l’Union européenne. Et elle s’est récemment distinguée en combattant l’initiative de son propre camp contre le droit de recours des associations.
Certes, Christa Markwalder n’est pas la seule radicale dissidente. Mais, contrairement à ses collègues, elle n’a pas gardé le silence. «A mon avis, précise-t-elle, le seul but de cette initiative était de faire pression sur le parlement pour réviser le droit de recours actuel. Or, ce but a été atteint.»

«Libérale»

Bref, Christa Markwalder ne craint pas d’être la mouche qui fait éternuer le grand vieux lion radical. Le président, Fulvio Pelli, ne cache pas que «cette attitude pose problème, alors que nous cherchons à avoir une ligne claire. Ce genre de dissensions internes exposées au grand jour n’est pas idéal.»

Voisin de rangée de Christa Markwalder au parlement, Filippo Leutenegger reste laconique à son sujet: «Elle incarne clairement la gauche du parti.» Christa Markwalder n’a, elle, pas le sentiment de s’être trompée de camp. «Mes idées sont libérales, pragmatiques, en phase avec l’économie. Dans chaque sujet que je défends, je prône la responsabilité individuelle.»

Née à Berthoud, de parents eux-mêmes radicaux (un père député), elle pense avoir hérité d’une version typiquement bernoise du radicalisme: «Dans le canton, les radicaux incarnent le pôle libéral, par opposition aux UDC et aux démocrates-chrétiens, plus étatistes.»

«Première de classe»

Les études de droit convenaient bien à son tempérament de bûcheuse pétrie d’ambition. Après une élection brillante au Grand Conseil, elle parvient au Conseil national en 2003. Immédiatement, l’aisance de cette jolie blonde aux yeux azur, qui travaille dur ses dossiers et les défend intelligemment, fait mouche à la télé et dans les médias alémaniques.

Elle en impose, à gauche comme à droite. «Elle bosse, c’est la parfaite première de classe, juge le socialiste vaudois Roger Nordmann. Elle mène une politique réaliste, et elle est plus ouverte à la discussion que le casque à boulon moyen du Parti radical alémanique.»

Christophe Darbellay, qui a notamment travaillé avec elle à la Commission de politique extérieure, la couvre d’éloges: «Christa Markwalder est écoutée et influente, elle apporte beaucoup à son parti.» Quant au droit de recours, «ce n’est pas le dernier sujet sur lequel elle va les énerver», s’amuse le président du PDC. Oskar Freysinger, lui, se demande «ce qu’elle fait au Parti radical. Elle surfe sur la vague du politiquement correct et multiculturel.»

«Pas au petit-déjeuner»

Christa Markwalder avoue s’investir sans compter dans la politique. Mariée à un chirurgien, elle met souvent les débats fédéraux au menu, dans leur maison de famille de Berthoud: «Souvent le soir, mais pas au petit-déjeuner, nuance-t-elle. Nous discutons de chaque sujet avec mon mari, ce qui m’oblige à argumenter.»

Présidente du Nomes (Nouveau mouvement européen suisse), Christa Markwalder rédige une thèse sur «la démocratie directe face à l’Union européenne.» Un engagement qui ne varie pas d’un iota. Tant pis si la majorité des Suisses n’y est pas favorable. «La majorité? Disons plutôt qu’il reste beaucoup de gens à convaincre!»

source :http://www.24heures.ch/actu/suisse/bourgeoise-defend-cannabis-2008-11-13