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dépistage du cannabis à l'école

MessagePosté: 21 Jan 2013, 04:21
par Tsb
encore une fois le decalage entre la realité et les mesures prisent par des gouvernants
pour info la mesure est cantonale pas federale :


Première suisse: des tests de dépistage du cannabis à l'école





DROGUES. Les députés au Grand Conseil vaudois ont accepté une motion déposée par la droite.


Le Temps
Mercredi 23 avril 2008



C'est une décision emblématique du climat politique: les députés vaudois ont accepté une motion qui demande des tests de dépistage du cannabis dans les classes. Le motionnaire n'est autre que Jacques-André Haury, le député vert libéral qui est l'un des principaux contradicteurs de la conseillère d'Etat Anne-Catherine Lyon. La cheffe du Département de l'instruction publique rejetait en effet cette motion, l'estimant inutile et impraticable. Elle s'appuyait sur l'analyse des milieux de la prévention. Mais ses arguments n'ont pas convaincu. La majorité de droite au Grand Conseil a estimé que les directeurs d'école devaient pouvoir disposer de tests pour confondre des élèves qui refusent d'avouer la consommation de drogues douces ou d'alcool. Car, selon le motionnaire, le dépistage ne sera pas systématique mais opéré uniquement en cas de doute.

C'est la première fois qu'un parlement cantonal adopte une telle mesure en Suisse. Certaines écoles privées y ont songé mais ont finalement renoncé, faute de résultats probants. Anne-Catherine Lyon est chargée de mettre en œuvre la motion. Elle s'y plie mais mentionne déjà qu'une telle mesure heurte la sphère privée et soulève des questions éthiques difficiles.

source : le temps.


«Il ne faut pas confondre le rôle de l'école avec celui de la police»
Paru le Samedi 26 Avril 2008

PROPOS RECUEILLIS PAR MARIO TOGNI
TESTS DE DÉPISTAGE - Pour Jean-Félix Savary, la détection du cannabis à l'école, approuvée par les députés, est «contre-productive».
Une première en Suisse. Mardi dernier, le Grand Conseil vaudois acceptait une motion ouvrant la voie aux tests de dépistage du cannabis dans les écoles (notre édition du 24 avril). Proposée par le député et médecin Jacques-André Haury (écologie libérale), la mesure laisse perplexe bien des spécialistes, parmi lesquels Jean-Félix Savary, secrétaire général du GREA (Groupe romand d'étude des addictions). Interview.


Comment réagissez-vous à la décision du parlement?

Jean-Félix Savary: C'est clairement une déception. J'ai l'impression que le Grand Conseil a accepté cette motion dans la précipitation, sans s'intéresser aux connaissances actuelles sur la question. Nous avons été d'autant plus surpris que cette proposition vient d'un médecin, alors que toute la littérature scientifique va à l'encontre de telles mesures. Pour être efficace, il faut mener des actions différenciées, dont la répression fait partie. Mais l'école, elle, a un rôle précis, éducatif, qui n'est pas celui de la police. Or, cette mesure tend à ramener l'école dans le domaine de la police, ce qui est contre-productif.


En quoi est-ce contre-productif?

L'école joue avant tout un rôle dans la détection précoce de consommation de drogue à travers le lien de confiance établi avec les élèves. En faisant appliquer des mesures répressives par le personnel scolaire, on nuit à cette action spécifique et la capacité d'intervention en est limitée. Tous les efforts fournis ces cinq dernières années vont dans ce sens. Avec un test de dépistage à la main, on ne peut plus réellement prétendre établir un dialogue avec l'élève.


N'est-ce pas un discours un peu angélique?

Pas du tout. Ces démarches se basent sur des analyses et des évaluations sérieuses. On regarde ce qui fonctionne. En 2002, la proportion de jeunes de quinze ans qui déclaraient avoir déjà touché au cannabis était de 46% en Suisse. En 2006, elle a chuté à 34%. Cette période correspond à la mise en place de telles mesures dans les écoles. A savoir: détecter ces problèmes le plus tôt possible et en parler avec les jeunes. Les professeurs ont des compétences pédagogiques qui leur permettent de le faire. Et quand une situation se détériore, le recours aux voies répressives et judiciaires est toujours possible. Il existe déjà.


La consommation de drogue dans les écoles n'en est pas moins préoccupante...

Oui. La pire des choses serait de nier le problème. Mais nos préoccupations portent avant tout sur les consommateurs dits «problématiques», qui tentent d'échapper à leurs difficultés psychologiques et sociales à travers des produits. Risquer de les exclure de tout contrôle avec des mesures répressives est une erreur. Lorsqu'ils ont l'impression d'être compris et écoutés en milieu scolaire, on constate que les jeunes sont souvent ouverts à la collaboration, beaucoup plus que les adultes. Et le professeur ou le médecin scolaire pourra aussi déceler d'autres problèmes – familiaux... – et faire le lien avec les services concernés. On a tout intérêt à encadrer les jeunes en difficulté plutôt que de susciter leur méfiance.


Concrètement, ces tests sont-ils applicables?

Cela me semble difficile et je pense que la mesure va se casser le nez sur la réalité. D'abord, les directeurs d'école et le personnel de santé ont vu les avantages des méthodes actuelles et ne se laisseront pas impressionner. Et puis de nombreux problèmes juridiques, éthiques, de fiabilité des tests risquent de se poser. Tout comme des problèmes de coûts. Pour ma part, je pense qu'un certain pragmatisme entravera l'application de cette mesure. I



source : le courrier