Le débat sur le cannabis reprend mais les spécialistes ne s'
Posté: 21 Jan 2013, 04:18
http://premiereligne.ch/blog/2007/12/03 ... rdent-pas/
Revue de presse de Première ligne
Association genevoise de réduction des risques liés aux drogues
Le débat sur le cannabis reprend mais les spécialistes ne s'accordent pas
* 03.12.2007
Stupéfiants. Le National devrait rejeter une
initiative qui vise à réglementer le commerce du
chanvre, dont les effets restent controversés.
Dans le climat politique actuel, c'est un ovni.
L'initiative «pour une politique raisonnable en
matière de chanvre protégeant effectivement la
jeunesse» sera discutée à partir de mardi au
Conseil national. La Commission de la santé
propose son rejet sans contre-projet, préavis qui
sera sans doute suivi même s'il a été voté à une
courte majorité de 11 voix contre 10 et 3
abstentions.
Déposée à la suite du rejet, par le National en
juin 2004, du projet de révision de la loi
fédérale sur les stupéfiants adopté en décembre
2001 par les Etats, cette initiative devrait
permettre de compter les camps. Une épreuve qu'on
craint surtout dans celui des partisans d'une
libéralisation. D'autant que les messages
scientifiques et médicaux, après avoir relativisé
le danger de l'herbe, sont aujourd'hui plus
brouillés. La banalisation de la consommation de
cannabis a entraîné deux effets contradictoires.
La confirmation, d'abord, qu'un usage modéré du
joint est possible sans problème. Et ensuite une
meilleure appréciation des dangers liés à des
consommations excessives ou entreprises sur un
terrain psychologique fragile.
Le premier phénomène est documenté par une étude
menée récemment à Lausanne sur un groupe de 5000
étudiants entre 16 et 20 ans, composé de fumeurs
de cannabis (455), de fumeurs de cannabis et de
tabac (1703) et d'abstinents (3105). Les fumeurs
de tabac seul n'étaient pas compris dans l'étude.
Cette dernière débouche sur des résultats
attendus - les fumeurs de cannabis et de tabac
ont plus de problèmes que ceux qui n'utilisent
que le cannabis - et d'autres un peu plus
surprenants - les fumeurs de cannabis seul sont
mieux socialisés et font plus de sport que les
abstinents.
Si elle a soulevé quelques vagues, cette
recherche confirme une réalité connue: les
consommateurs les plus problématiques recourent
en général à plusieurs produits. La consommation
de cannabis peut encourager celle du tabac et
toutes deux, on le sait même si ce n'était pas le
sujet de l'étude, sont mauvaises pour les
bronches.
Meilleure connaissance
La nouveauté des dernières années, qui a provoqué
plusieurs revirements spectaculaires d'anciens
partisans d'une libéralisation, réside plutôt
dans une meilleure connaissance du groupe des
consommateurs pour lesquels le cannabis pose de
réels problèmes. L'ampleur de ces derniers a
surtout été mise en évidence, explique Jacques
Besson, chef du service de psychiatrie
communautaire du CHUV, par l'étude des cas
présentant ce qu'on appelle un double diagnostic
- c'est-à-dire une consommation problématique de
substance et une autre pathologie mentale - le
plus souvent une psychose ou une dépression.
«Lorsque ces personnes parviennent à se passer de
cannabis, elles font des progrès importants. Nous
les y encourageons en travaillant sur leur
motivation et en traitant leurs troubles annexes.»
Le cannabis, telle est la leçon qu'en tire le
médecin, est une très mauvaise réponse aux
troubles psychique et même au simple mal-être: il
tend à aggraver la situation. Peut-il causer à
lui tout seul une pathologie mentale?
La réponse ne fait pas l'unanimité. Des
consommateurs de cannabis ont fait leur
apparition dans les consultations spécialisées,
ce qui évacue la croyance selon laquelle l'herbe
n'engendrerait jamais de dépendance. Cette
dernière semble même guetter près d'un
consommateur sur dix.
Risque de psychose?
Certains auteurs vont plus loin et accusent le
cannabis de déclencher des psychoses. C'est le
point le plus disputé. On sait qu'il peut
favoriser l'expression d'un trouble latent. Mais
le causer? Jacques Besson n'y croit pas:
«L'intoxication aiguë peut créer des
hallucinations comparables à celles des
psychotiques. Mais pas engendrer seule une
maladie aussi complexe.»
La revue Lancet a tenté de faire le point. Au
terme d'une revue des articles publiés sur la
question, elle a tranché que les jeunes
consommateurs de cannabis présentent un risque
statistique plus élevé de développer une
psychose. Ce qui ne démontre pas encore une
relation de cause à effet mais suffit, estime la
revue, pour prévenir les adolescents qu'ils
s'exposent en consommant du chanvre.
Banal quand tout va bien, dangereux pour des
personnes fragilisées, le chanvre n'est pas la
panacée qu'a dépeinte longtemps un discours
construit contre la dramatisation excessive qui
avait sévi jusque-là. Ses inconvénients - y
compris pour le confort des consommateurs - sont
aggravés par les espèces à forte concentration de
principe actif qui circulent aujourd'hui.
Reste à déterminer quelle est la meilleure
manière de faire circuler ce message complexe:
maintien de l'interdiction ou réglementation.
C'est l'enjeu du débat qui reprend.
Source : Le Temps
Mots-clés : adolescent, banalisation, cannabis,
consommation, consultation, dépendance, étude,
initiative, interdiction, jeunes, loi, politique,
projet, Recherche, risque, tabac
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03.12.2007
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Le débat sur le cannabis reprend mais les spécialistes ne s'accordent pas
* 03.12.2007
Stupéfiants. Le National devrait rejeter une
initiative qui vise à réglementer le commerce du
chanvre, dont les effets restent controversés.
Dans le climat politique actuel, c'est un ovni.
L'initiative «pour une politique raisonnable en
matière de chanvre protégeant effectivement la
jeunesse» sera discutée à partir de mardi au
Conseil national. La Commission de la santé
propose son rejet sans contre-projet, préavis qui
sera sans doute suivi même s'il a été voté à une
courte majorité de 11 voix contre 10 et 3
abstentions.
Déposée à la suite du rejet, par le National en
juin 2004, du projet de révision de la loi
fédérale sur les stupéfiants adopté en décembre
2001 par les Etats, cette initiative devrait
permettre de compter les camps. Une épreuve qu'on
craint surtout dans celui des partisans d'une
libéralisation. D'autant que les messages
scientifiques et médicaux, après avoir relativisé
le danger de l'herbe, sont aujourd'hui plus
brouillés. La banalisation de la consommation de
cannabis a entraîné deux effets contradictoires.
La confirmation, d'abord, qu'un usage modéré du
joint est possible sans problème. Et ensuite une
meilleure appréciation des dangers liés à des
consommations excessives ou entreprises sur un
terrain psychologique fragile.
Le premier phénomène est documenté par une étude
menée récemment à Lausanne sur un groupe de 5000
étudiants entre 16 et 20 ans, composé de fumeurs
de cannabis (455), de fumeurs de cannabis et de
tabac (1703) et d'abstinents (3105). Les fumeurs
de tabac seul n'étaient pas compris dans l'étude.
Cette dernière débouche sur des résultats
attendus - les fumeurs de cannabis et de tabac
ont plus de problèmes que ceux qui n'utilisent
que le cannabis - et d'autres un peu plus
surprenants - les fumeurs de cannabis seul sont
mieux socialisés et font plus de sport que les
abstinents.
Si elle a soulevé quelques vagues, cette
recherche confirme une réalité connue: les
consommateurs les plus problématiques recourent
en général à plusieurs produits. La consommation
de cannabis peut encourager celle du tabac et
toutes deux, on le sait même si ce n'était pas le
sujet de l'étude, sont mauvaises pour les
bronches.
Meilleure connaissance
La nouveauté des dernières années, qui a provoqué
plusieurs revirements spectaculaires d'anciens
partisans d'une libéralisation, réside plutôt
dans une meilleure connaissance du groupe des
consommateurs pour lesquels le cannabis pose de
réels problèmes. L'ampleur de ces derniers a
surtout été mise en évidence, explique Jacques
Besson, chef du service de psychiatrie
communautaire du CHUV, par l'étude des cas
présentant ce qu'on appelle un double diagnostic
- c'est-à-dire une consommation problématique de
substance et une autre pathologie mentale - le
plus souvent une psychose ou une dépression.
«Lorsque ces personnes parviennent à se passer de
cannabis, elles font des progrès importants. Nous
les y encourageons en travaillant sur leur
motivation et en traitant leurs troubles annexes.»
Le cannabis, telle est la leçon qu'en tire le
médecin, est une très mauvaise réponse aux
troubles psychique et même au simple mal-être: il
tend à aggraver la situation. Peut-il causer à
lui tout seul une pathologie mentale?
La réponse ne fait pas l'unanimité. Des
consommateurs de cannabis ont fait leur
apparition dans les consultations spécialisées,
ce qui évacue la croyance selon laquelle l'herbe
n'engendrerait jamais de dépendance. Cette
dernière semble même guetter près d'un
consommateur sur dix.
Risque de psychose?
Certains auteurs vont plus loin et accusent le
cannabis de déclencher des psychoses. C'est le
point le plus disputé. On sait qu'il peut
favoriser l'expression d'un trouble latent. Mais
le causer? Jacques Besson n'y croit pas:
«L'intoxication aiguë peut créer des
hallucinations comparables à celles des
psychotiques. Mais pas engendrer seule une
maladie aussi complexe.»
La revue Lancet a tenté de faire le point. Au
terme d'une revue des articles publiés sur la
question, elle a tranché que les jeunes
consommateurs de cannabis présentent un risque
statistique plus élevé de développer une
psychose. Ce qui ne démontre pas encore une
relation de cause à effet mais suffit, estime la
revue, pour prévenir les adolescents qu'ils
s'exposent en consommant du chanvre.
Banal quand tout va bien, dangereux pour des
personnes fragilisées, le chanvre n'est pas la
panacée qu'a dépeinte longtemps un discours
construit contre la dramatisation excessive qui
avait sévi jusque-là. Ses inconvénients - y
compris pour le confort des consommateurs - sont
aggravés par les espèces à forte concentration de
principe actif qui circulent aujourd'hui.
Reste à déterminer quelle est la meilleure
manière de faire circuler ce message complexe:
maintien de l'interdiction ou réglementation.
C'est l'enjeu du débat qui reprend.
Source : Le Temps
Mots-clés : adolescent, banalisation, cannabis,
consommation, consultation, dépendance, étude,
initiative, interdiction, jeunes, loi, politique,
projet, Recherche, risque, tabac
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