Alcool et drogue au travail : des profils à risques

[daniel]

Pubdate: 17/7/06
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Alcool et drogue au travail : des profils à risques

SERGE SPADILIERO

La thèse du docteur Orset vient de mettre au jour des éléments édifiants
sur les conduites addictives au travail. L'étude dégage des profils types
et montre la banalisation de la consommation de cannabis.

Les salariés ligériens ont-ils les mêmes conduites addictives avec l'alcool
ou les drogues, que les Français en général ? Quel est le profil type des
consommateurs à risques ? Comment mesurer et prévenir ces risques ?

À ces questions, une étude réalisée par le docteur Céline Orset, médecin du
travail à Bellevue, a apporté des réponses fort instructives. L'étude,
réalisée par autoquestionnaire en 2005, a pu être menée à bien grâce à la
participation des médecins du travail intervenant dans divers secteurs
d'activités (BTP, services interentreprises, Conseil général, MSA, Mairie,
CHU-CHR). Les résultats de cette étude ont dégagé plusieurs « profils type
» du consommateur à risques (voir par ailleurs).

Un constat s'impose : la Loire ne se distingue pas du reste du pays, tant
par l'excès ou l'infériorité, des consommations addictives.

La Loire ne se distingue pas

Voilà qui peut, dans un premier temps, gommer certaine idée reçue selon
laquelle le département est haut placé sur le plan de la consommation
d'alcool, par exemple. Un étude ressemblante a été réalisée il y a neuf ans
dans le Nord Pas-de-Calais, dans laquelle on retrouve les mêmes données.

L'étude du docteur Orset relève cependant que la consommation de cannabis
est en augmentation dans la population en général, et tout particulièrement
dans celle en âge d'exercice professionnel.

Concernant l'alcool, l'étude révèle un certain déni de consommation, et les
statistiques deviennent imprécises concernant les drogues dures. L'étude a
ciblé les professions à risques (chauffeurs routiers, grutiers,
travailleurs de nuit, tâches qui présentent des risques de noyade ou
brûlures, contrôleurs aériens, BTP ) ou tous les postes qui nécessitent une
vigilance accrue. Le monde libéral échappe à cette étude.

Comment suivre les consommateurs ?

Le professeur Christian Cabal, chef de clinique du service de médecine du
travail à Bellevue, a accueilli très favorablement les résultats de l'étude
du docteur Orset, et a salué un travail méthodique, sérieux et pointu, dans
un domaine où « l'on ne doit pas se tromper ». Les personnes interrogées «
ont répondu avec sincérité, estime-t-il. Les données précises qui recoupent
les études précédentes montrent bien l'importance de la consommation de
drogues. »

La banalisation de sa consommation demeure une réalité, inquiétante. «
C'est un phénomène quasi culturel ». Pour lui, la question principale est
de savoir « comment suivre de façon biologique, précise, les gens qui en
consomment » Les techniques dont on dispose aujourd'hui sont lourdes. Les
tests de dosage sanguin, ou sur le système pileux, sont en effet longs et
chers. Si un accident corporel survient, une enquête et un test sanguin
peuvent intervenir, mais là encore, cela coûte cher. La Médecine du travail
se demande, elle, comment dépister des comportements à risques parmi les
personnes qui occupent un poste lui aussi à risque, les chauffeurs routiers
par exemple. Et dans ce cas, la dimension légale doit être prise en compte,
les tests urinaires restant interdits en France. Mais ces résultats
pourraient à l'avenir servir, du moins aiguiller, les médecins du travail
dans leur activité. Dans l'avenir, l'application d'un questionnaire calqué
sur cette étude, dans le cadre de dépistages, pourrait être envisagé. Il
s'agirait alors de « faire prendre conscience » un patient, avant peut-être
de le prendre en charge, de l'orienter, voire de le déclarer inapte à un
poste.

SERGE SPADILIERO


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Le Progrès
Haute-Loire, lundi 17 juillet 2006, p. 5

Particulièrement exposé : l'homme de 20-29 ans, intérimaire et vivant seul

Les résultats de l'étude du docteur Orset portent sur les consommations
d'alcool, de cannabis, de médicaments psychotropes et antalgiques. Les
consommateurs de psychotropes (16,6 %) sont majoritairement des femmes, les
consommateurs de cannabis (10,2 %) majoritairement des hommes. Concernant
l'alcool, 8 % des participants ont un questionnaire DETA positif. 2,6 %
sont des consommateurs de cannabis à risque.

« Le profil du consommateur à risques pour l'alcool et/ou le cannabis est
celui d'un homme intérimaire, fumeur, d'autant plus s'il travaille dans la
communication, l'information ou l'enseignement (hors Éducation nationale
non prise en compte). Pour les médicaments, 3,4 % des consommateurs
présentent un risque de dépendance pour les antalgiques, contre 18,5 % pour
les psychotropes (antidépresseurs, hypnotiques , anxiolytiques), selon les
critères du questionnaire. Le profil des consommateurs à risque de
dépendance pour les benzodiazépines et/ou antalgiques opiacés est plutôt
une femme de plus de 40 ans. Le profil de la personne à risque de
dépendance, quel que soit le produit consommé (13,7 % des consommateurs de
l'étude, 12,9 % de l'échantillon) est un homme de 20-29 ans, intérimaire et
vivant seul. »



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