Le cannabis néerlandais agace Bruxelles

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Union européenne - DROGUES

Le cannabis néerlandais agace Bruxelles
Martin Buxant

Mis en ligne le 27/06/2006
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La «tolérance» des Pays-Bas grippe les politiques de lutte contre les stupéfiants.


Ce sont les limites de l'exercice. Et, à l'occasion de la Journée mondiale contre la drogue, l'eurocommissaire responsable de la Justice Franco Frattini l'a platement reconnu. «C'est la vie», a nonchalamment balancé l'Italien en évoquant le caillou néerlandais qui se balade dans la chaussure européenne à l'heure de lutter efficacement contre les drogues.

C'est que les sénateurs néerlandais débattent actuellement de la possibilité de délivrer une carte blanche aux producteurs de cannabis. Pour mémoire, aux Pays-Bas, la vente et la consommation de petites quantités de cannabis sont autorisées, par l'intermédiaire de cafés sous licence (dits «coffee shops»). La culture et le trafic sont interdits, ce qui laisse planer un flou sur les modes d'approvisionnements des «coffee» en question. «Je suis allé la semaine dernière au Sénat (néerlandais) et je leur ai expliqué que mon interprétation personnelle était restrictive», a souligné Franco Frattini en admettant que «le pouvoir d'interférence européen en la matière (était) limité».

Concrètement, La Haye fera comme il lui plaira, les politiques «drogues» restant largement du ressort des Etats membres. Les Belges ont, eux, dû déployer des trésors de diplomatie pour que le gouvernement de Jan Peter Balkenende daigne «geler temporairement» la relocalisation de deux coffee shops de Maastricht vers la frontière belge.

Les Belges aux «champis»

Lundi, l'Observatoire européen des drogues, une agence basée à Lisbonne, a déposé un rapport dans lequel est passée au crible «la nouvelle mode des champignons hallucinogènes». Et, à la cueillette de sensations fortes, les jeunes Belges sont de fameux champions...

«Parmi les élèves scolarisés (15-16 ans), la prévalence de l'usage des champignons hallucinogènes au cours de la vie est supérieure à celle de l'ecstasy en Belgique, en Allemagne et en France», note le rapport européen.

République tchèque, France, Belgique et Pays-Bas décrochent la médaille d'or des plus gros consommateurs européens de ces champignons contenant des substances psychotropes (5 à 8 pc des jeunes disent en consommer). L'une des principales inquiétudes est la commercialisation de champignons de la famille des agarics (type amanite tue-mouche) pouvant être extrêmement toxiques et provoquer un empoisonnement fatal.

Dans l'Union européenne, chaque année, 8 000 personnes décèdent d'une overdose. Et plus de 20 000 décès sont liés chaque année directement ou indirectement (sida, violences, accidents...) à la consommation de drogues. Entre 3 et 3,5 millions de personnes se sont essayées à la cocaïne l'année dernière, 1,5 million étant considérées comme des utilisateurs réguliers. Douze millions de personnes consomment du cannabis, et dans certains Etats membres jusqu'à 8 pc des jeunes consomment de l'ecstasy, estime l'Observatoire européen.

En 2007, «nous mettrons aussi l'accent sur la lutte contre la toxicomanie dans les prisons», a indiqué lundi le commissaire responsable de la Santé Markos Kyprianou. Selon lui, dans certains établissements pénitentiaires européens, le taux de consommation de drogues grimpe jusqu'à 88 pc.

© La Libre Belgique 2006


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