Le mercredi 21 juin 2006
Les utilisateurs de "cannabis médical" confortés par une décision municipale
Zachary SLOBIG
Agence France-Presse
WEST HOLLYWOOD (Etats-Unis)
Les utilisateurs de "cannabis à usage médical" se réjouissent de l'injonction des élus d'une ville californienne à la police de ne pas sanctionner les détenteurs de petites quantités de cette drogue, qui les aide selon eux à supporter la souffrance.
Lundi soir, le conseil municipal de West Hollywood, une ville aisée de 35.000 habitants située près de Beverly Hills, dans le nord-ouest de l'agglomération de Los Angeles, a voté une résolution demandant au bureau du shérif de ne pas verbaliser les personnes en possession de marijuana à usage personnel.
"C'est un nouveau clou dans le cercueil de l'interdiction de la marijuana. Désormais, West Hollywood ne va pas gaspiller ses ressources à lutter contre quelque chose d'aussi bénin que l'utilisation de cannabis", se félicite l'avocat Bruce Margolin, qui a défendu des dizaines d'usagers en justice.
Sans valeur réglementaire, la résolution exclut les mineurs et les revendeurs de drogue, qui resteront passibles de sanctions. Il sera en outre toujours interdit de fumer de la marijuana en public.
La Californie a adopté en 1996 une législation rendant légale l'utilisation de petites quantités de cannabis à des fins médicales, mais ce règlement entre en conflit avec celui du gouvernement fédéral.
Depuis, toutefois, des cliniques soignant leurs patients au cannabis ont ouvert et les villes nord-californiennes de San Francisco et Oakland ont demandé à leurs polices de ne pas s'acharner sur les utilisateurs de cette drogue en petites quantités.
La décision de West Hollywood "constitue une étape importante dans l'usage sain de la marijuana par des adultes. Je pense que beaucoup de patients seront très satisfaits", déclare à l'AFP le docteur Craig Cohen, spécialiste du chanvre indien à usage médical.
"Je vois tous les jours des gens heureux de pouvoir obtenir des ordonnances de marijuana pour soulager leurs souffrances", plaide-t-il.
"Nous ne pouvons pas voter des lois contraires aux lois fédérales ou de l'Etat, mais nous pouvons faire savoir à notre shérif que nous considérons que l'usage privé de marijuana n'est pas une priorité et que (les policiers) devraient plutôt se consacrer à la lutte contre des crimes plus graves", affirme le conseiller municipal John Duran, à l'origine du vote de lundi.
"Cela fait passer le message que la ville de West Hollywood a une approche éclairée sur la façon de faire respecter l'ordre", assure pour sa part Don Duncan, propriétaire de deux dispensaires de marijuana médicale dans la ville.
Le dispensaire "Alternative herbal health services", la plus ancienne "pharmacie" de marijuana locale, reçoit la visite d'une centaine de patients par jour, selon sa gérante, Mel Nichols.
Le magasin propose une gamme de produits qui vont des graines aux plantes, présentés dans des bocaux de verre. Les patients munis d'une ordonnance peuvent choisir entre pas moins de 60 variétés.
Mme Nichols estime que la résolution valide son travail. "Que Dieu bénisse la ville de West Hollywood pour cet encouragement (...) J'ai des patients souffrant du cancer qui viennent me voir et qui ne pourraient même pas manger s'ils ne se soignaient pas ainsi", affirme-t-elle.
"J'ai été embêtée par la police, qui m'a dressé des contraventions à quelques reprises alors que je marchais du dispensaire à ma voiture", explique Tracy, une utilisatrice de "cannabis médical" qui ne souhaite pas donner son nom de famille.
Un autre patient, "Brian", se dit soulagé par les produits de la "pharmacie" qui lui permettent d'oublier son insomnie et son arthrose. "Maintenant, je n'aurai plus à croiser les doigts en espérant que la police ne se pointera pas", dit-il.
Le shérif de Los Angeles, Lee Baca, n'avait pas réagi mardi soir au vote.
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