Pubdate: 17/6/06
Source: Libération
Copyright: © Libération
Website: http://www.liberation.fr
URL: http://www.liberation.fr/page.php?Article=391047
Evénement
Cannabis. Malek Boutih, PS, s'oppose à la dépénalisation, qui ne réglerait
pas le problème de l'économie informelle:
«L'Etat doit contrôler la production et la vente»
Par Matthieu ECOIFFIER
samedi 17 juin 2006
Malek Boutih, membre de la direction du PS, a animé la «commission drogue»
du projet socialiste. Il revient pour Libération sur ses propositions très
controversées.
Vous proposez une «régulation publique» du cannabis ? De quoi s'agit-il?
Une Seita du joint ?
Il ne s'agit pas de créer des fonctionnaires du cannabis. C'est une
caricature. Mais l'Etat doit se donner les moyens de contrôler la
production et la vente. Des structures coopératives pourraient assurer la
production et des structures associatives, la distribution. Il faut éviter
un marché soumis à la concurrence. Je suis socialiste, je refuse cette
marchandisation.
Cette proposition est-elle compatible avec les conventions internationales ?
Au sein de l'ONU, notre pays est signataire d'une convention qui interdit
l'importation et l'exportation des drogues. On ne peut donc ouvrir un
marché du cannabis que s'il est produit en France. Les Pays-Bas ont pu le
faire dans les années 70. La France est en mesure d'aller plus loin. Elle
en discutera avec ses partenaires européens. Il s'agit de promouvoir une
politique qui protège la santé de nos concitoyens.
Vous ne voulez pas d'une dépénalisation de l'usage de cannabis. Pourquoi ?
Parce qu'avec la dépénalisation, on resterait dans cette situation
hypocrite où l'on tolère la consommation en laissant se développer
l'économie informelle. La loi de 1970 a échoué parce que les drogues n'ont
pas été une mode temporaire, comme le croyait le législateur. Le cannabis
est un phénomène permanent. Consommé massivement, il a créé dans les
quartiers un marché qui favorise la marginalisation et l'insécurité. La
dépénalisation ne répond pas à ce problème politique.
Votre projet de «régulation publique» sera-t-il celui de tous les socialistes ?
En tout cas, il est inscrit au programme adopté il y a quinze jours au
bureau national. Au PS, comme dans l'opinion, il y a des doutes. Et une
majorité pour sortir de l'hypocrisie. Je veux provoquer un débat où chacun
devra assumer ses responsabilités. Les consommateurs, les policiers, les
juges et les parents, qui doivent arrêter de se cacher derrière leur petit
doigt. Cette maturation de la société doit être collective, on doit aller
au bout du débat.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=391047
© Libération