Une préparatrice en pharmacie mettait des neuroleptiques dans la cafetière de son service.
Par CASINIERE Nicolas de LA
samedi 30 octobre 2004 (Liberation - 06:00)
Nantes correspondance
Une goutte par-ci, une goutte par-là. La femme de 35 ans qui a été mise en examen, jeudi, pour «administration de substance portant atteinte à la vie d'autrui avec préméditation», et incarcérée à la maison d'arrêt de Nantes, aurait de drôles de manières de s'occuper de ses collègues. Préparatrice en pharmacie diplômée enchaînant les contrats précaires, elle aurait discrètement distillé des doses de neuroleptiques dans le café qu'elle se proposait gentiment de préparer à son travail. Elle aurait sévi lors de ses emplois successifs : en 2002, dans une pharmacie de Larmor-Baden (Morbihan) où elle était employée depuis 1999 ; puis à l'hôpital de Lorient (Morbihan), où elle aurait agi, selon ses dires, en apprenant que son contrat de travail à durée déterminée n'aurait pas de suite ; à l'hôpital de Nantes (Loire-Atlantique), enfin, jusqu'à ces derniers jours, où elle venait d'apprendre que son CDD ne serait pas renouvelé.
En tout, douze personnes ont été incommodées, certaines victimes de vertiges et de malaises, parfois jusqu'à l'hospitalisation. La préparatrice s'en serait même prise à l'une de ses amies : une jeune collègue de la pharmacie de Larmor-Baden, au mariage de laquelle elle avait été invitée. Mais elle n'aurait pas supporté que son «amie» soit mieux traitée qu'elle par le pharmacien. C'est ce qu'elle a expliqué aux enquêteurs.
A l'origine, la préparatrice était visée par une simple plainte pour vol de médicaments dans cette officine. Mais l'enquête à établi des recoupements avec les troubles de santé de ses collègues qui disparaissaient miraculeusement après son départ. «Sa personnalité et ses mobiles, réactions de jalousie complexes à l'égard de ses collègues, sont très difficiles à cerner. Ce comportement répétitif est un peu une conduite addictive», confie Katerine Le Port, vice-procureure de la République à Nantes.
Interpellée mardi, la préparatrice a reconnu l'administration de psychotropes, mais a nié les vols. Une expertise psychiatrique a été requise pour interpréter les débuts d'explication donnés, comme : «Je leur ai fait mal, mais peut-être que c'est à moi que je voulais faire mal.»