«CONDUIRE ou fumer du cannabis, il faut choisir. » Voici un nouveau credo à apprendre au même titre que « celui qui conduit, c'est celui qui ne boit pas », et que les auto-écoles doivent désormais intégrer dans leur formation à la conduite. Hier, la préfecture de Seine-et-Marne a organisé à leur intention une réunion d'information sur les stupéfiants, en partenariat avec la Direction départementale de l'équipement.
Objectif ? Leur fournir les armes pour sensibiliser leurs élèves aux risques qu'ils courent ou qu'ils font courir aux autres quand ils prennent le volant alors qu'ils sont sous l'emprise de cannabis, d'ecstasy, de cocaïne, d'amphétamines ou d'autres drogues : temps de réaction allongés, vision réduite, les messages de danger parviennent avec une dizaine de secondes de retard... En France, on estime que 1 000 personnes ont été tuées sur la route à cause du cannabis. Preuve que le sujet est d'actualité, une soixantaine de directeurs de centres de formation à la route avaient fait le déplacement.
« Des jeunes complètement shootés aux cours » « Depuis quelque temps, nous sommes confrontés à des jeunes qui arrivent aux cours complètement shootés. On ne les forme pas pour qu'ils se tuent ou tuent les autres dès qu'ils ont leur permis de conduire. Mais c'est difficile de les sensibiliser, car beaucoup ne se sentent pas concernés, ils pensent que ça n'arrive qu'aux autres », confient Lorette et Patricia, respectivement gérantes d'auto-écoles à Provins et Bray-sur-Seine. Grâce à la réunion d'hier, elles devraient revenir fortes d'arguments percutants. C'est surtout le récit de Jacqueline Pezier-Mornet qui a frappé les esprits. Membre de l'association Marilou, à l'origine de la loi sur la pénalisation de la drogue au volant (voir encadré), sa fille est morte victime d'un chauffard qui était sous l'emprise de stupéfiants. « J'espère que vous ferez passer le message et que vous pourrez un peu convaincre pour qu'il n'arrive pas à vos jeunes ce qui est arrivé à ma fille », a témoigné Jacqueline Pezier-Mornet, de l'Yonne. « Expliquez bien à vos élèves qu'il n'y a pas de taux limite. Dès que vous absorbez de la drogue, quelle qu'elle soit, vous êtes en infraction. Et un joint équivaut à 0,85 g d'alcool par litre de sang », martèle un gendarme. Un rappel utile pour les auto-écoles. « Même nous, on a parfois tendance à l'oublier. En tous les cas, on a effectivement un rôle à jouer dans la prévention, et on a de plus en plus de demande en ce sens de la part des parents et des jeunes. Quand les tests salivaires seront homologués, il serait intéressant qu'on puisse en distribuer à nos élèves comme on le fait avec les éthylotests », souhaite Lorette. En attendant, les directeurs d'auto-écoles sont repartis avec des outils : brochures, autocollants, éventuellement cassettes vidéo.
Cécile Chevallier
Le Parisien , mardi 19 octobre 2004