On connaît les efforts de séduction que font les entreprises pour valoriser leur image et paraître toujours plus respectables. Quand Renault annonce (le Monde du 14/10) qu'il va signer, avec les organisations syndicales, une "charte des droits fondamentaux" ayant notamment pour principes l'interdiction du travail des enfants et du travail forcé, la promotion de l'égalité des chances et la lutte contre toute forme de discrimination dans les relations de travail, on ne peut qu'applaudir. Mais on reste dubitatif devant la prétention affichée par le groupe à "attacher" [via ses fournisseurs et sous-traitants des pays "les plus exposés"] une particulière importance à la protection contre le sida, les maladies sexuellement transmissibles (MST) ainsi qu'à la lutte contre la drogue" (je souligne). Comment cette dernière intention va-t-elle s'incarner dans les faits ? Renault va-t-il, par exemple, exiger de ses sous-traitants le dépistage systématique de produits stupéfiants dans les urines de leurs employés, et licencier et/ou dénoncer les indélicats ?
En d'autres termes, comment nous faut-il comprendre cette préoccupation de "lutter contre la drogue dans des "pays exposés" tels que l'Iran et en Chine,
dont on connaît l'application si répressive et si peu respectueuse des droits élémentaires de leur politique de prohibition des drogues ?
Raph
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0 ... 819,0.html
Renault adopte une charte des droits sociaux dans le monde
LE MONDE
Après trois années de négociations, la direction de Renault et l'ensemble des organisations syndicales françaises, belges, espagnoles et allemandes représentées dans le comité de groupe, ont signé, mardi 12 octobre, une "déclaration des droits fondamentaux" applicable à l'ensemble des salariés de ses établissements dans le monde. Contresignée par la Fédération internationale des travailleurs de la métallurgie (FIOM), cette charte concerne les unités d'Europe, d'Amérique du Sud, d'Asie et du Proche-Orient, incluant Dacia en Roumanie et Samsung Motors en Corée, à l'exception toutefois de l'entité Nissan.
Le texte introduit des clauses à l'égard des fournisseurs et des sous-traitants du groupe les invitant à "mettre en ¦uvre des principes équivalents dans leurs propres entreprises". Pour incitative qu'elle soit, cette recommandation pourrait donner lieu à des audits sociaux complémentaires aux procédures d'agrément de qualité, préalable, selon le texte, à "des relations partenariales durables".
La charte reprend à son compte les principes "universels" et les normes de l'Organisation internationale du travail (OIT) concernant l'interdiction du travail des enfants comme du travail forcé et préconise l'égalité des chances, ou plus précisément la lutte contre toute forme de discrimination dans les relations de travail.
Cette injonction concerne les sites Renault en Iran et en Chine où, comme l'a souligné Marcello Malentacchi, secrétaire général de la FIOM, "les droits syndicaux sont violés chaque jour. Avec l'aide d'entreprises comme Renault, a-t-il souligné, il faut favoriser l'implantation syndicale et exercer des pressions sur les gouvernements pour faire respecter les droits des salariés."
LE SEUL FRANÇAIS
La direction du groupe a accepté, parallèlement, un certain nombre d'engagements adaptables selon la réglementation des pays. En premier lieu, le texte insiste sur l'amélioration de la santé, de la sécurité et des conditions de travail. Là aussi, fournisseurs et sous-traitants devront accompagner cette politique de prévention des risques professionnels. Dans les pays les plus exposés, le groupe "attachera une particulière importance à la protection contre le sida, les maladies sexuellement transmissibles (MST) ainsi qu'à la lutte contre la drogue". La déclaration reprend enfin des dispositions sur la protection de l'emploi, le droit à la formation, la durée du travail et les congés, les rémunérations, ainsi que le respect du droit syndical.
Renault est, à ce jour, la seule entreprise française à avoir conclu un accord avec toutes les organisations syndicales qui dépasse les simples recommandations d'intention en faveur du développement durable et de la responsabilité sociale de l'entreprise.
Michel Delberghe
* ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 14.10.04