par daniel » 21 Jan 2013, 03:26
Article paru dans l'Est Républicain en page Région Lorraine
Le festival met le fort en pétard
NANCY. L'affaire risque de faire du bruit, au sens propre comme au sens figuré. Les 7, 8 et 9 juin, le festival « Euphoriant 2003 » devait se tenir dans l'enceinte du fort Pélissier, à Bainville-sur-Madon. Préparé de longue date par le CIRC du Nord-Est (Centre d'information et de recherche sur le cannabis), il aurait dû réunir près de 150 bénévoles et autant d'artistes pour trois journées de concerts, de théâtre, d'art de la rue et de fêtes sur 4 scènes différentes.
« Un vaste projet culturel qui se double d'un volet de santé publique », selon les organisateurs qui entendent faire de « l'information et de la prévention sur les risques liés à l'usage des drogues, dont le chanvre ». Seul problème, mais de taille : le CIRC a demandé l'autorisation municipale trop tard. Et ne l'a pas obtenu.
Rejetés
« Il y a trois ans, nous avons accueilli le festival Oscilloscope au fort Pélissier », se défend Claude Guidat, maire de Bainville-sur-Madon. « De 22 h à 10 h du matin, cela a fait un tel raffut que personne n'a pu dormir dans la commune. Cela résonnait dans toute la vallée ! Vous comprenez que cette fois je me sois méfié.
J'ai été saisi d'une demande pour Euphoriant 2003 et, presqu'en même temps, d'une demande pour Oscilloscope. J'ai présenté ces deux dossiers au conseil municipal du 9 mai. Ils ont été rejetés. De plus, je me suis renseigné sur la dernière édition d'Euphoriant qui s'était tenue dans les Vosges. Là-bas, ils n'en ont pas gardé un bon souvenir... »
Dangereux
En consultant les sites Internet « cannabistrot. net » et « euphoriant. fr », Claude Guidat a pu constater que les organisateurs passaient outre son interdiction et continuait à vendre des places. Il craint aujourd'hui qu'une rave sauvage envahisse le fort. « Un endroit qui peut se révéler dangereux », précise-t-il. Surtout après un ou deux « pétards » de trop !
Faudrait pas que les jeunes tombent dans les douves... Aussi, le premier magistrat de la commune appelle-t-il la préfecture au secours. Les gendarmes sont sur les dents. Si le problème ne trouve pas de solution à l'amiable, comment empêcher des milliers de festivaliers de déferler sur l'ancien site d'entraînement des commandos ?
D'autant que, du côté du CIRC, on fait le forcing et distribue force tracts de protestation. Olivier Bertrand, directeur général pour le Nord-Est de cet organisme, estime que le « festival est en péril » et le « CIRC condamné à l'agonie ». Des frais importants sont d'ores et déjà engagés. Les contrats des artistes sont signés. Les flyers, ces invitations sous forme de petits cartons, circulent partout en France. Le représentant du CIRC affirme que les normes de sécurité seront respectées mais craint « un arrivage massif » et un « rassemblement sauvage ».
Relents de cannabis
Mauvaise nouvelle pour l'Aéro-Club tout proche qui, ce week-end-là, organise justement ses portes ouvertes. Le CIRC se veut rassurant : il n'y aura « pas de musique violente », il s'agit d'un « programme pluri-culturel », de l'installation pacifique d'un « véritable village culturel ». Et les relents de cannabis que traîne cette affaire ? Le CIRC Nord-Est serait l'expression d'un courant « modéré », contrairement au CIRC parisien.
Hier soir, la préfecture indiquait que le dossier présenté par l'organisateur était incomplet. Il manque un avis favorable de la mairie ainsi que l'autorisation du propriétaire du fort.
Ludovic BASSAND
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© L'Est Républicain - 21.05.2003