En 1998, l’Assemblée générale des Nations unies sur le trafic international des stupéfiants se réunissait à New York pour définir sa politique des drogues dans les dix ans à venir. De nombreux chefs d’Etat, dont Jacques Chirac, participaient à ce sommet. Alors que plus d’un tiers des intervenants sur les 125 pays représentés profitaient (et profitent toujours) directement ou indirectement de la prohibition, ils ont tous juré « la main sur la bible » que les plantes à drogues seraient éradiquées à l’aube de l’année 2008.
A cette occasion, initiée par les activistes américains, des manifestations se sont déroulées un peu partout dans le monde. A Paris aussi, où à l’appel du CAL 70 (Collectif pour l’abrogation de la loi de 1970), composé d’Act up, d’Asud, du Circ, de la Ligue des droits de l’homme, du Syndicat de la magistrature, des Verts… 2 500 personnes ont défilé contre la politique de « la guerre à la drogue » imposée par les Etats-Unis.
Pour mesurer, à mi-parcours, le chemin parcouru par les pays signataires des conventions de 1961, 1971 et 1988, la Commission des stupéfiants des Nations unies se réunira à Vienne du 8 au 17 avril 2003. D’ores et déjà, sur le lieu du sommet, une action « Sème ta graine » est prévue.
Le but de ce sommet est de réaffirmer les objectifs irréalistes fixés en 1998, de stigmatiser les pays jugés trop permissifs : le Canada ou la Hollande, mais aussi le Portugal, le Royaume-Uni et la Belgique… Bref, sous la haute surveillance des Etats-unis, de reconduire la guerre à la drogue.
La résistance s’organise partout dans le monde. Des ONG, des associations, des représentants politiques se mobilisent. Le Circ est engagé au niveau européen dans l’organisation d’un contr- sommet dont l’objectif est de dénoncer la prohibition, l’autre guerre des Etats-Unis.
Après 1998, il a été décidé que le premier samedi du mois de mai seraient organisées dans le monde entier des manifestations contre la prohibition. Au fil des ans, The Global March for Cannabis Liberation est devenue The Marijuana Million March Day.
Cette année, Paris sera de la fête. Au Circ d’expliquer aux partis politiques, aux associations de la réduction des risques, aux teufeurs et aux alter-mondialistes, dans le prolongement de Vienne et contre la guerre à la drogue, l’opportunité d’organiser à Paris comme à Berlin, à Londres ou à Barcelone une manifestation en faveur de la légalisation du cannabis, la plus populaire et la plus partagée des drogues illicites dans le monde.
Alors que les rapports officiels s’accumulent dans les tiroirs des députés, que les usagers réguliers de cannabis se comptent par millions en France, que de nombreux pays européens adoptent une politique pragmatique envers le cannabis, les gouvernements français, qu’ils soient de droite ou de gauche, plutôt qu’ouvrir le débat, préfèrent mener la chasse aux amateurs de petite fumette et renvoyer les activistes de la légalisation devant les tribunaux.
Si nous ne sortons pas de la clandestinité, si nous ne montrons pas que nous en avons marre d’être pris en otages par des lois en totale inadéquation avec la réalité, on va en prendre pour cinq ans.
A vous de choisir ! C’est en descendant dans la rue que nous obligerons l’Assemblée nationale à réviser la loi de 1970. Aussi, le Circ vous incite dès aujourd’hui à imprimer son premier flyer, à le photocopier, à le distribuer dans votre entourage et à le laisser traîner sur le comptoir… des futurs cannabistrots.
Je compte sur vous pour le 3 mai, dans la rue et dans la bonne humeur, crier votre ras-le-bol de la prohibition et dire haut et fort votre désir de voir le cannabis légalisé avant l’an 3000.
Jean-Pierre Galland, président du CIRC Paris
