L'Académie de pharmacie s'inquiète d'une "pandémie" pour le cannabis
AFP 22.11.07 | 12h16
L'Académie nationale de pharmacie s'inquiète des "chiffres alarmants" de la consommation de cannabis en France, réclamant "une position claire des pouvoirs publics" vis-à-vis des dangers de cette drogue, la plus consommée des drogues illicites. "Utiliser le terme de pandémie pour caractériser la consommation actuelle de cannabis est tout à fait justifiée", estime le Pr Roger Boulu dans une communication présentée devant la société savante. "Les Français ont le triste privilège de figurer parmi les plus gros consommateurs" en Europe, souligne-t-il, rappelant les derniers chiffres publiés par l'Observatoire français des drogues et toxicomanies: 1,2 million de consommateurs réguliers et 550.000 utilisateurs quotidiens. 12,4 millions de Français âgés entre 12 et 75 ans reconnaissent avoir fumé du cannabis au moins une fois dans leur vie, et, à 17 ans, c'est pratiquement un jeune sur deux (49,5%) qui l'a expérimenté. Les résultats des études "sont en totale contradiction avec la communication banalisante qui a prévalu et perdure encore trop souvent sur cette drogue", affirme Jean Costentin (unité de neurosphychopharmacologie, CNRS). L'Académie de pharmacie met en outre en garde contre "l'amalgame trompeur entre les activités pharmacologiques éventuelles ou potentielles de certains constituants du cannabis et la banalisation de cette drogue". Des "approches prometteuses" sur le plan thérapeutique, comme une action sur certaines fonctions cérébrales, "ne doivent pas servir de caution au THC (tétrahydrocannabinol, principe actif majeur du cannabis, NDLR) présenté complaisamment par certains comme un médicament alors qu'il s'agit essentiellement d'une drogue", renchérit le Pr Costentin. La société savante recommande une diffusion des informations sur les toxicomanies dans les établissements scolaires et les Instituts universitaires de formation des maîtres, "dans des emplois du temps aménagés à cet effet, avec l'intervention de professionnels de santé". Elle suggère également de "mener une réflexion sur la pénalisation des discours permissifs à l'égard du cannabis".