L'actualité analysée par le psychiatre Serge Hefez.

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L'actualité analysée par le psychiatre Serge Hefez.

Messagepar daniel » 07 Avr 2007, 21:44

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L'actualité analysée par le psychiatre Serge Hefez.

02/04/2007
Et si on parlait de la drogue pendant la campagneS
Tiens ! une histoire de drogue, événement rare en
ces périodes de passion électorale. Le 29 mars,
le parquet de Strasbourg a requis la mise en
examen et le placement en détention d'une
greffière du tribunal de Strasbourg et d'un
policier de la brigade des stupéfiants après la
découverte de 4,5 kg d'héroïne au domicile de la
femme. Ils sont soupçonnés d'avoir détourné
l'héroïne confisquée lors d'interpellations pour
leur bénéfice personnelS
A ce propos, connaissez-vous la position de nos
trois principaux candidats sur la législation en
matière de stupéfiants, et particulièrement de
cannabis ?
Si mes souvenirs sont bons, il fut un temps où la
gauche promettait régulièrement de reconsidérer
la loi du 31 décembre 1970 qui criminalise
l'usage simple de produits comme le haschich.
Eh bien, Nicolas Sarkozy ne nous étonnera pas
quand il déclare sur TF1 : «Sur la drogue, guerre
totale, je ne légaliserai pas, je la combattrai.»
Il est rejoint par François Bayrou qui se
prononce sur Skyrock contre la dépénalisation.
Quant à Ségolène Royal, elle n'est «pas favorable
à la dépénalisation de la consommation de
drogues» mais elle souhaite «sortir de
l'hypocrisie» et s'engage à «ouvrir un grand
débat public».
Les discours libertaires ne sont décidément plus
de mise et le tout sanitaire comme le tout
sécuritaire nous font oublier qu'encadrer et
réprimer ne relèvent pas de la même logique.
Je dois vous dire que j'ai depuis quinze ans
participé à au moins une douzaine de ces «débats
publics» sous des gouvernements de droite comme
de gauche, ce qui ne nous a pas empêché de fêter
le 36e anniversaire de la loi de 1970 en décembre
dernier.
Savez-vous que la France est un des pays d'Europe
les plus répressifs en matière d'usage de drogues
? Où en sommes-nous, au moment où la consommation
de cannabis explose ?
Un député, traitant récemment du cannabis,
invoquait le «cancer des jeunes» et la «lèpre de
notre société». Entre ceux qui agitent, tel un
épouvantail, les dangers d'une
drogue-qui-pourrit-notre-belle-jeunesse, et ceux
qui haussent les épaules en affirmant qu'«un
petit joint n'a jamais fait de mal à personne»,
les discussions sont aussi interminables que la
distance qui sépare ces deux camps. Et les
interpellations se poursuivent.
Selon l'Indicateur relatif au champ des drogues
et des dépendances en Ile-de-France qui vient de
paraître, les interpellations pour usage de
cannabis constituent désormais l'un des plus
grands litiges, quasiment au même niveau que
celui pour coups et blessures. Elles sont passées
de 31,4 pour 10000 habitants de 20 à 39 ans en
1997, à 46,3 en 2003.
Certes, le cannabis provoque de graves dégâts
sanitaires et psychologiques chez un certain
nombre de jeunes qui en abusent, mais cela
justifie-t-il un tel arsenal répressif ?
Un des arguments curieusement invoqués en faveur
du maintien de la loi est qu'elle n'est pas
appliquée ! Mais avec cette loi, les jeunes
risquent des années de prison, selon le bon
vouloir et l'arbitraire des parquets.
La majorité des usagers interpellés est -
heureusement - simplement relâchée. Mais tout
usager est assimilable à un trafiquant s'il
possède ne serait-ce que quelques grammes d'une
substance prohibée.
A 22 ans, âge moyen des interpellations, des
milliers de jeunes, quelques-uns pour usage
simple, plus souvent pour détention, possession
ou usage-revente, ont leur vie brisée. Et
contrairement à certains crimes, les
condamnations sont exclues des lois d'amnistie et
sont inscrites au moins quarante années sur le
casier judiciaire. Autant dire que la
prescription n'existe pas !
La nouveauté de ces dernières années, c'est
l'augmentation du pourcentage d'interpellations
pour usage au détriment de celles pour trafic.
Tel n'était pas l'esprit de la loi.
Déjà en 1978, le rapport Pelletier déplorait
l'importance accordée à la répression.
Déjà en janvier 2001 avec mes collègues Anne
Coppel et Xavier Colle, nous notions dans les
colonnes de Libération qu'avec les quelque 150
000 interpellations par an, on encombrait les
juridictions de procédures superflues, on
remplissait les prisons, on mobilisait
inutilement et dans le désordre les
fonctionnaires et les professionnels. Des lycéens
sont menottés devant leurs camarades pour un bout
de shit, leurs domiciles familiaux
perquisitionnés. L'action répressive est d'autant
moins acceptable qu'elle ne peut être
qu'arbitraire, compte tenu du nombre d'usagers et
de l'absence de normes permettant de distinguer
l'usage simple du vrai trafic. Cet l'arbitraire
contribue à décrédibiliser la loi aux yeux des
jeunes.
Depuis la situation n'a cessé d'empirer.
Que nous enseigne notre approche des drogues
légales et la formidable mobilisation autour de
la prévention du tabac et de l'alcool à laquelle
nous assistons depuis quelques années ? La
réglementation ne supprime évidemment pas l'abus,
mais elle permet la négociation entre usagers,
proches et professionnels ; nous sommes fondés à
accepter l'usage modéré, les consommations
récréatives ; nous pouvons nous montrer
dissuasifs ou tolérants selon nos convictions et
nos expériences, que rien ne nous interdit de
relater.
Certes, la dissuasion par la force et par la loi
est indispensable pour combattre la grande
criminalité. Mais la criminalisation de l'usage
telle qu'elle est maintenue est contre-productive
dans le domaine de l'éducation, du soin et de
l'apprentissage de la citoyenneté.
En France, un peu plus qu'ailleurs, plus d'un
jeune sur deux a déjà goûté au cannabis. En
France, comme ailleurs, l'âge du premier joint
n'a cessé de diminuer pour atteindre aujourd'hui
12 ou 13 ans. Ce produit, qu'on pensait démodé,
connaît depuis quelques années une vogue
inattendue chez les adolescents à tel point qu'à
Paris, les consultations cannabis remplacent peu
à peu les unités méthadone destinées aux
héroïnomanes.
Pourtant, malgré l'amas des connaissances, malgré
des dizaines d'années de réflexion et
d'expérience dans la prise en charge des
consommateurs de drogues, le discours sur le
cannabis ne cesse de s'appauvrir : rigide,
simpliste et racoleur, il se résume le plus
souvent à la peur ou à l'apologie. Peur des
parents, terrorisés de voir leurs enfants devenir
des «drogués», déni de ceux qui veulent ignorer
les dangers du cannabis - comme de toute
addiction - chez des adolescents qui doivent
construire leur avenir. Ce déni n'apporte aucune
réponse à des parents paralysés par l'irruption
du cannabis dans la vie de leur enfant.
Car si le cannabis malmène tant les parents,
c'est qu'il opère comme un accélérateur des
préoccupations de toutes les familles dans nos
sociétés d'aujourd'hui : les difficultés
d'autonomisation des enfants pris dans des liens
enchevêtrés et fusionnels ; les frontières entre
les générations qui s'amenuisent et les conflits
d'autorité qui en découlent ; la difficulté à
transmettre des valeurs ou à répondre aux
questionnements existentiels au moment où le mode
adolescent caractérise le fonctionnement de la
société toute entière.
Ne prenons pas nos adolescents pour des pantins
irresponsables, et ne leur racontons pas
n'importe quoi sur le cannabis. Ils ont entendu
parler des lobbys de l'alcool, du tabac et du
médicament, et ils savent que les plus grands
champions se dopent. Ils savent que la France est
championne du monde de la consommation
d'antidépresseurs et de tranquillisants.
Il leur arrive aussi de comprendre que le
cannabis est le révélateur de l'hypocrisie du
monde politique, qui prétend s'attaquer à la
drogue en maintenant une loi d'exception.
Il est important de bien peser ses mots lorsqu'on
s'adresse à un adolescent qui fume : un discours
sans nuances et éloigné des réalités aura l'effet
inverse de ses objectifs.
Les familles continuent d'espérer que la loi
protège les jeunes. Mais en se retranchant
derrière la loi et la responsabilité du
législateur, elles se privent d'un dialogue
ouvert avec leurs enfants, et de la transmission
de normes souples et assimilables par des
adolescents. Il en résulte un sentiment
d'impuissance, et un malaise diffus, peu exprimé
parce que...la question est d'emblée hors la loi !
La guerre à la drogue est légalement une guerre à
l'usage, elle tourne à la guerre à la jeunesse et
à l'infantilisation des adultes. Nous ne
réglerons pas un problème de société par
l'arbitraire policier et juridique.
Lequel de nos candidats se permettra-t-il
d'aborder courageusement cette question ?
Pour infos, voir :
La MILDT (Mission interministérielle de lutte
contre la drogue et la toxicomanie.
L'OFDT (Observatoire français des drogues et des toxicomanies)
L'AFR (Association française de réduction des risques)
* Serge Hefez *
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Re: L'actualité analysée par le psychiatre Serge Hefez.

Messagepar daniel » 21 Jan 2013, 04:11

Sur le blog + d'autres réactions pertinentes
http://familles.blogs.liberation.fr/hef ... .html#more

Deux précisions :

> Bayrou n'est pas farouchement contre la dépénalisation.
Pour preuve cette vidéo ou il entame par "le cannabis est dépénalisé de fait". Et dans lequel il se place d'un point de vue sanitaire, non moral, et veut poser le problème de l'ensemble des drogues : le cannabis, mais aussi l'alcool et les drogues légales... C'est déjà un bon point de départ pour discuter.
Là ou Sarko est très moraliste et déclare par contre que "l'alcool n'est pas une drogue". Ben voyons...

http://www.dailymotion.com/relevance/se ... e-cannabis

> Dominique Voynet se prononce "pour la dépénalisation, et pour un discours juste sur les drogues". Beaucoup plus réaliste, et une vision plus responsabilisante sur l'usage des drogues.

http://www.dailymotion.com/relevance/se ... t-cannabis
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