Pactole citoyen pour le parc éolien
Posté: 11 Aoû 2005, 07:33
Libération : Pactole citoyen pour le parc éolien
Raccourci vers : http://www.liberation.fr/page.php?Article=316412
Pactole citoyen pour le parc éolien
Energie. Dans l'est de la France, 99 particuliers ont financé, par
actionnariat, 10 % du projet d'implantation de 16 éoliennes.
Par Thomas CALINON
mercredi 10 août 2005 (Liberation - 06:00)
Igney (Meurthe-et-Moselle) envoyé spécial
Mieux que le livret A, l'éolienne. A Igney, Foulcrey et Repaix, trois
villages aux confins des départements de la Meurthe-et-Moselle et de la
Moselle, 99 particuliers sont pour la première fois en France actionnaires
d'un parc éolien de 32 mégawatts (MW) dont la construction doit s'achever
fin août pour une mise en service prévue un mois plus tard. Investissant au
minimum les 1 000 euros réclamés par action, ils ont apporté 10 % du
financement d'un projet de 35 millions d'euros.
«Les gens ont bien compris l'intérêt de cette démarche pour le territoire,
se félicite François Pélissier, PDG de la société Erelia et promoteur du
projet. Et puis ce qu'on propose n'est pas ridicule : 7 % de dividendes
garantis par an, c'est quand même pas mal.» Pour ériger ses 16 éoliennes
réparties sur trois crêtes à 350 mètres d'altitude au milieu d'une zone
rurale où dominent agriculture et élevage laitier, Erelia s'est appuyée sur
une charte qualité dont François Pélissier résume la philosophie par la
formule «partage du paysage, partage des richesses».
Equitable. «Au moment du choix de l'implantation des éoliennes, nous avons,
par exemple, proposé un protocole global qui permet un partage le plus
équitable possible des indemnités entre les propriétaires, explique François
Pélissier. Celui qui possède le terrain où l'on monte l'éolienne ne perçoit
pas 100 % des indemnités, mais 70 %. Les 30 % vont aux voisins, s'il y en a,
dans un rayon de 80 mètres.»
C'est le même principe qui a guidé le recours à l'actionnariat des acteurs
locaux, dont le nombre a été limité à 99 afin d'éviter la lourde procédure
d'information prévue par l'Autorité des marchés financiers lorsqu'une
opération d'appel public à l'épargne concerne 100 personnes et plus.
Sur les 35 millions d'euros nécessaires au financement du projet, 80 % sont
couverts par un emprunt bancaire et 10 % proviennent du Fonds
d'investissements de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie
(Fideme).
«Après l'apport des investisseurs de départ, il fallait encore trouver 1,8
million d'euros», raconte François Pélissier. Originaire d'Igney, il a mis à
profit sa connaissance du terroir et son réseau de relations pour convaincre
un nombre suffisant d'actionnaires. «La moitié a mis moins de 100 000 euros
et 10 % plus de 40 000. Ce sont uniquement des particuliers et 90 % d'entre
eux habitent dans les deux communautés de communes concernées par le
projet.»
«Beaucoup parmi les actionnaires sont des agriculteurs. Moi, j'ai toujours
été proche de la nature», explique Jean-Luc Pierrel, 54 ans, un habitant
d'une commune proche d'Igney. En 2001, il a été licencié de chez Bata.
Quatre ans plus tard, il a décidé d'investir «une partie de [ses] indemnités
dans le projet Erelia plutôt que de la laisser aux organismes financiers
traditionnels qui ne garantissent qu'un rendement de 2 % par an. Et c'est
vrai que l'éolien, c'est la solution idoine contre l'effet de serre». Avec
32 MW installés, Erelia devrait fournir au réseau EDF l'électricité
nécessaire pour alimenter 40 000 personnes, soit une économie en CO2 de 45
000 tonnes par an.
Clé de l'acceptation. Fort de cette première expérience de financement local
et citoyen de l'énergie éolienne, François Pélissier estime avoir «fait la
démonstration qu'en France on peut avoir des projets intéressants et qu'il
faut toujours réfléchir en fonction du territoire où l'on veut s'installer».
Rappelant que «l'installation d'éoliennes modernes n'est pas un acte
d'aménagement anodin», les promoteurs du projet Welf pour Wind Energy
Local Financing (1) estiment que la participation financière des riverains
«est un facteur clé de l'acceptation» et constitue «le stade ultime de
l'implication locale en symbolisant un engagement très concret de la
population dans le développement durable». En France, poursuivent-ils, «on
constate un manque évident d'outils financiers que les établissements
bancaires ou assimilés pourraient offrir, tant pour la collecte des fonds
que pour l'accompagnement du montage et de la réalisation de projets faisant
appel à l'investissement citoyen».
Ces outils sont beaucoup plus développés au Danemark et en Allemagne, où
plus de 16 000 MW étaient installés fin 2004, contre 436 de ce côté-ci du
Rhin, selon l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie. Sans
doute la preuve que l'expérience d'Igney mérite d'être renouvelée.
(1) http://www.welfi.info/fr
© libération | designed by neo05
licence | données personnelles | charte d'édition
Syndication RSS 2.0
Raccourci vers : http://www.liberation.fr/page.php?Article=316412
Pactole citoyen pour le parc éolien
Energie. Dans l'est de la France, 99 particuliers ont financé, par
actionnariat, 10 % du projet d'implantation de 16 éoliennes.
Par Thomas CALINON
mercredi 10 août 2005 (Liberation - 06:00)
Igney (Meurthe-et-Moselle) envoyé spécial
Mieux que le livret A, l'éolienne. A Igney, Foulcrey et Repaix, trois
villages aux confins des départements de la Meurthe-et-Moselle et de la
Moselle, 99 particuliers sont pour la première fois en France actionnaires
d'un parc éolien de 32 mégawatts (MW) dont la construction doit s'achever
fin août pour une mise en service prévue un mois plus tard. Investissant au
minimum les 1 000 euros réclamés par action, ils ont apporté 10 % du
financement d'un projet de 35 millions d'euros.
«Les gens ont bien compris l'intérêt de cette démarche pour le territoire,
se félicite François Pélissier, PDG de la société Erelia et promoteur du
projet. Et puis ce qu'on propose n'est pas ridicule : 7 % de dividendes
garantis par an, c'est quand même pas mal.» Pour ériger ses 16 éoliennes
réparties sur trois crêtes à 350 mètres d'altitude au milieu d'une zone
rurale où dominent agriculture et élevage laitier, Erelia s'est appuyée sur
une charte qualité dont François Pélissier résume la philosophie par la
formule «partage du paysage, partage des richesses».
Equitable. «Au moment du choix de l'implantation des éoliennes, nous avons,
par exemple, proposé un protocole global qui permet un partage le plus
équitable possible des indemnités entre les propriétaires, explique François
Pélissier. Celui qui possède le terrain où l'on monte l'éolienne ne perçoit
pas 100 % des indemnités, mais 70 %. Les 30 % vont aux voisins, s'il y en a,
dans un rayon de 80 mètres.»
C'est le même principe qui a guidé le recours à l'actionnariat des acteurs
locaux, dont le nombre a été limité à 99 afin d'éviter la lourde procédure
d'information prévue par l'Autorité des marchés financiers lorsqu'une
opération d'appel public à l'épargne concerne 100 personnes et plus.
Sur les 35 millions d'euros nécessaires au financement du projet, 80 % sont
couverts par un emprunt bancaire et 10 % proviennent du Fonds
d'investissements de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie
(Fideme).
«Après l'apport des investisseurs de départ, il fallait encore trouver 1,8
million d'euros», raconte François Pélissier. Originaire d'Igney, il a mis à
profit sa connaissance du terroir et son réseau de relations pour convaincre
un nombre suffisant d'actionnaires. «La moitié a mis moins de 100 000 euros
et 10 % plus de 40 000. Ce sont uniquement des particuliers et 90 % d'entre
eux habitent dans les deux communautés de communes concernées par le
projet.»
«Beaucoup parmi les actionnaires sont des agriculteurs. Moi, j'ai toujours
été proche de la nature», explique Jean-Luc Pierrel, 54 ans, un habitant
d'une commune proche d'Igney. En 2001, il a été licencié de chez Bata.
Quatre ans plus tard, il a décidé d'investir «une partie de [ses] indemnités
dans le projet Erelia plutôt que de la laisser aux organismes financiers
traditionnels qui ne garantissent qu'un rendement de 2 % par an. Et c'est
vrai que l'éolien, c'est la solution idoine contre l'effet de serre». Avec
32 MW installés, Erelia devrait fournir au réseau EDF l'électricité
nécessaire pour alimenter 40 000 personnes, soit une économie en CO2 de 45
000 tonnes par an.
Clé de l'acceptation. Fort de cette première expérience de financement local
et citoyen de l'énergie éolienne, François Pélissier estime avoir «fait la
démonstration qu'en France on peut avoir des projets intéressants et qu'il
faut toujours réfléchir en fonction du territoire où l'on veut s'installer».
Rappelant que «l'installation d'éoliennes modernes n'est pas un acte
d'aménagement anodin», les promoteurs du projet Welf pour Wind Energy
Local Financing (1) estiment que la participation financière des riverains
«est un facteur clé de l'acceptation» et constitue «le stade ultime de
l'implication locale en symbolisant un engagement très concret de la
population dans le développement durable». En France, poursuivent-ils, «on
constate un manque évident d'outils financiers que les établissements
bancaires ou assimilés pourraient offrir, tant pour la collecte des fonds
que pour l'accompagnement du montage et de la réalisation de projets faisant
appel à l'investissement citoyen».
Ces outils sont beaucoup plus développés au Danemark et en Allemagne, où
plus de 16 000 MW étaient installés fin 2004, contre 436 de ce côté-ci du
Rhin, selon l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie. Sans
doute la preuve que l'expérience d'Igney mérite d'être renouvelée.
(1) http://www.welfi.info/fr
© libération | designed by neo05
licence | données personnelles | charte d'édition
Syndication RSS 2.0