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Capital symbolique du Cannabis

MessagePosté: 03 Fév 2004, 11:44
par Petitgris
Salut à tous,

Je voulais me permettre une petite digression (vous êtes prévenus, faites péter les dictionnaires) sur un truc à caractère sociologique qui me turlupine.
Quoiqu’on en dise, le cannabis se banalise petit à petit dans nos bonnes sociétés. Maintenant, et c’est là le sens de ma remarque, cette banalisation s’accompagne d’une vision normée de sa consommation et de ses utilisateurs.
Je précise : aujourd’hui, le cannabis ne suscite plus les indignations horrifiées des premières heures de la lutte contre la Drogue (un mot de merde, comme je l’ai déjà indiqué), à part chez charlyUMP et quelques prohibitionnistes patentés (l’humanité est un tout). En gros, il n’est plus si dramatique qu’un adolescent fume quelques joints avec ses potes…
En revanche, et c’est là l’aspect ambivalent de cette évolution, le cannabis est plus ou moins devenu (dans mon quotidien de parisien du moins– je précise la portée limitée de cette analyse) une option de djeune qui paraît tout de suite plus suspecte quand elle touche un adulte.
Ce petit « relâchement » n’est donc finalement pas une avancée si décisive que cela dans l’acceptation de ce produit.
Ainsi, on a glissé vers deux attitudes majoritaires et pas si engageantes que ça.
En gros, voilà les cas d’école :

- Soit c’est un ado et comme on dit, « ça lui passera, c’est de son âge ».
- Soit c’est un adulte et là, les insinuations deviennent plus pressantes, « Ah, tu fumes toujours ? » plus d’autres perles sur une thématique allant du simple « blocage » à tous les affres de la « puérilité ».

J’ai vu beaucoup de gens autour de moi qui, prenant de l’âge, se résignent, se forcent parfois à changer de pratique (stopper la fume et se rabattre sur la tise), plus pour répondre à cette insidieuse pression sociale, qui fait du consommateur d’herbe un perpétuel ado en devenir et non un adulte « fini » et responsable, que par choix délibéré. C’est remarquable sur l’ironie que certains anciens fumeurs peuvent avoir sur leurs anciennes habitudes cannabiques. Ainsi, le cannabis ne serait, d’après ces consciences sevrées, qu’un dérivatif puéril qui ne saurait s’inviter au delà du vingtième printemps. « J’ai passé l’âge » restant une des illustrations sobres de ce point de vue.
C’est ce qui m’amène à une théorisation révolutionnaire. Contrairement à ce qu’on raconte sur les forums de l’UMP, il faut de la volonté et une sacrée force de caractère pour continuer à se …. droguer.

PS : Je précise que l’auteur de ces quelques lignes n’a rien d’un grabataire (30 ans) et qu’il compte bien tenir bon.

Greetings,

Capital symbolique du Cannabis

MessagePosté: 03 Fév 2004, 11:57
par Anonymous
pas mal vu je trouve, suivant le contexte social du dit "adulte" néanmoins.. :|

Capital symbolique du Cannabis

MessagePosté: 03 Fév 2004, 12:27
par kimon
Exactement, et cela me fait d'autant plus "rire" lorsque ces ados, anciens fumeurs, semblent retrouver la "raison" et se permettent de nous faire la morale.
Cette rédemption est d'autant plus risible que ces personnes diabolisent à leur tour le cannabis, parcequ'il leur a fait rater leurs études, parcequ'ils ont l'impression, à présent, qu'on ne peut pas avoir une vie affective ou professionnelle normale, en étant cannaconsommateur.
...Combien de fois ai-je entendu "le cannabis a gaché ma vie"... . C'est pour cette raison qu'en ce qui me concerne je suis intraitable sur le fait que le cannabis doit être interdit aux mineurs. Il faut être honnête, une consommation de cannabis n'est pas facile à gérer, Et plus il y aura d'adultes capables de le faire, plus l'opinion évoluera...inch'allah.

Re: Capital symbolique du Cannabis

MessagePosté: 03 Fév 2004, 13:36
par Anonymous
Je crois que ton raisonnement tiens la route, mais il y a néanmoins un petit détail qui fausse un petit peu la donne.

Je pense que notre plante chérie est loin d'avoir atteint la normalisation généralisée, que l'alcool ou les médocs "durs" ont acquis depuis belle lurette. Je crois que la vision globale s'est effectivement adoucie dans la conscience collective, mais n'a pas totalement été épurée de ses aspects négatifs.

Nous sommes heureusement bien loin du "la marijuana vous poussera au meurtre" de l'entre-deux guerres aux Etats-Unis ("Grass", documentaire extrêmement bien foutu), ou du pas si lointain que ça "La marijuana vous mènera inévitablement aux drogues dures" qui était encore acquise il n'y a que quelques années. Mais nous ne sommes pas encore au stade où la phrase "qui roule un petit pétard pour aider à digérer ce bon repas?" peut être lâchée à n'importe quelle occasion... Lorsque tu dis "il n’est plus si dramatique qu’un adolescent fume quelques joints avec ses potes", je crois qu'il faut particulièrement insister sur le "si", peut-être le terme le plus important de cette phrase...

Ainsi, je crois que l'opinion qu'un non-fumeur se fait toujours à propos d'un fumeur n'a pas changé: "Ah, il fume... il doit avoir un problème, être mal dans sa peau, en définitive s'il fume c'est qu'il essaye de nous dire quelque chose, il nous appelle à l'aide...". C'est ce qu'ont dit mes parents lorsque je leur ai avoué fumer depuis trois ans cette plante. J'ai eu le "cran" de leur avouer ça à 20 ans, j'en ai presque 24 (et je tiens bon aussi). Et ça a été la base d'un travail écrit dans le cadre d'un cours intitulé "sociologie de la santé", une sorte de sociologie de la médecine.

Cet amalgame entre "fumer" et "appeler à l'aide" est typique d'une vision du canna en tant que drogue. C'est là où le bas blesse: tant qu'on persistera, enfin que les pouvoirs publiques persisteront à accoller ce qualificatif hypocrite au chanvre, l'opinion commune ne changera pas, ne pourra pas changer. Je ne me mets absolument pas en position du sage à la science infuse, c'est néanmoins mon opinion.

Et de là découle tout à fait logiquement la stupéfaction de certains lorsqu'ils apprennent qu'un de leurs amis fument toujours, l'adolescence passée: le problème n'a pas été résolu, l'appel à l'aide a été sans réponse, c'est simple comme bonjour.

Le canna est une drogue, il est normal que lors de la crise d'adolescence l'individu y porte une attention particulière du fait de sa recherche d'identité et du caractère interdit de cette substance, une fois l'adolescence passée l'identité "doit" avoir été trouvée, le cannabis abandonné... Sinon, c'est que ce type doit avoir un sérieux problème. C'est comme ça que j'interprète l'ambiance générale actuelle. Et je ne trouve donc pas cela étonnant outre mesure: même si cela me dérange, je ne peux rien y faire, je n'ai pas assez de pouvoir sur la conscience collective...

Les choses seront peut-être différentes lorsque l'idée qu'on puisse déguster un bon cru bien roulé tout comme l'on déguste un bon ballon de Château Lafitte 1974 sera acquise.

(5 éditions de message... je finirai par y arriver! :wink: )

Capital symbolique du Cannabis

MessagePosté: 03 Fév 2004, 13:42
par Anonymous
Petitgris( un petit gris fait 12gr et un gros gris fait 24gr, juste a titre d'information,ca peut toujours servir :187: ), t'as parfaitement résumé la situation.
Un vieu qui fume ca parait tellement bizarre, tien pourquoi fume t il tjrs? alors qu'un jeune on dira plutot" c'est une erreur de jeunesse, tout le monde fait des bêtises".
En fait je pense que malgré tout le canna n'est pas pris au sérieux alors pourquoi faire autant de "foin".

Et tout ces fumeurs qui retournent leurs vestes, ca c'est bien le pire, toujours pret a démolir le canna quand y'a moyen.

Re: Capital symbolique du Cannabis

MessagePosté: 03 Fév 2004, 14:41
par Petitgris
Bien entendu, cette banalisation est toute relative (sinon c’est au cannabistrot que nous tiendrions cette conversation). Et j’ai bien spécifié les limites de cette petite analyse (parisien trentenaire).
On peut aussi faire un parallèle avec l’alcool : la plupart des parents s’inquièterait de voir leur ado de fils (ou de fille) se torcher copieusement et régulièrement la gueule à l’alcool. En revanche, si leur rejeton devenu grand les accompagnait paisiblement pour le pinard du soir, nul n’y trouverait à redire. La spécificité du cannabis et de la plupart des drogues illégales (Reviens, Alexandre ! ! !), c’est qu’elles sont honnies quel que soit l’âge du consommateur. La Responsabilité (le monde des adultes) et la Drogue (décidément, quel mot de merde) sont, pour l’instant incompatibles aux yeux du législateur et du public.
L’imagerie populaire, pour ce qui est de la fumette, c’est plutôt le jeune de banlieue ou ses icônes (Joey Starr et Doc Gyneco pour les guignols) ou éventuellement le rasta jamaïcain dans sa combi vert-jaune-rouge.
On ne sort pas de cette représentation « juvénile » du produit…
Maintenant, je ne nie pas que protection de notre immature progéniture (« Sauvez nos enfants ! ! ! ») reste (à tort ou à raison) un des piliers de la Prohibition de notre Pantagruelion*.

* Pour briller en société et s’enorgueillir d’une référence littéraire prestigieuse, n’hésitez pas à placer que notre cher Rabelais avait découvert les vertus merveilleuses de cette plante et qu’il la désignait de ce doux nom – ce qui, soit dit en passant, prouve l’attachement devait ressentir pour elle.
Reviens François ! ! !

Re: Capital symbolique du Cannabis

MessagePosté: 03 Fév 2004, 15:17
par Anonymous
De la même génération que p'tit gris et de même coquille... celle qui cache le ver sournois qui vérole notre société bien pensente :lol:
Je ne peux m'enpêcher d'avoir une pensée sincère pour tous ceux qui sont décédés des suites d'un alcoolisme légal.
Cancer, cirose, delirium... la liste est longue et est connue :!:
J'ignore comment notre société pourra plus tard juger ceux d'entre nous qui on perdu un parent du fait des drogues légales et qui par la suite préfère un p'tit joint de qualité à de l'alcool ou à des médicament.
Méditation pour alexandre :(

Re: Capital symbolique du Cannabis

MessagePosté: 03 Fév 2004, 16:35
par S0r0N
Je vais me faire l'avocat du diable mais ne faisons-nous pas partie d'une génération génération qui à du mal à devenir complètement adulte ? (nous = les 25-35 ans)
En majorité nous faisons des enfants plus tard que nos parents, nous arrivons sur le marché du travail plus tard aussi. Nous n'avons pas les mêmes préoccupations qu'eux à notre âge ni le même mode de vie. Et quand on regarde la génération de nos grand-parents le fossé se creuse encore plus.

Aujourd'hui les vidéos des merveilleux dessins animés débiles de notre enfance se vendent comme des petits pains. Sans parler de ceux qui sont près à débourser 20 euros pour voir Bernard Minet chanter le générique de bioman en boîte de nuit. Régression quand tu nous tiens :roll: . C'est juste un exemple mais je trouve ça assez représentatif d'un état d'esprit général.

Re: Capital symbolique du Cannabis

MessagePosté: 03 Fév 2004, 17:34
par Anonymous
Tu es un très bon avocat SOrOn :wink:
Tout ce que tu avances est plus que juste, et la liste n'est pas encore complète, mais tu oublies de souligner qu'il ne faut en aucun cas tout foutre sur le dos du cannabis, ce que certaines personnes "de bonne vie et moeurs" tentent de faire, et ce qu'on pourrait être amené à penser lorsqu'on découvre ton message dans un sujet comme celui-ci...

Certains parlent de décadence, je verrai plutôt une évolution, que je ne me résoudrai à qualifier ni de positive, ni de négative... Les choses changent, c'est tout, les modes de vies évoluent avec le temps, comme tu le soulignes si justement nos parents n'avaient pas les mêmes buts, les mêmes occupations, les mêmes idéaux, les mêmes... Leurs parents n'avaient de même pas les mêmes... ainsi que leurs parents... et leurs parents...

Tout fout l'camp!

Re: Capital symbolique du Cannabis

MessagePosté: 03 Fév 2004, 17:40
par Anonymous
S0r0N a écrit:Aujourd'hui les vidéos des merveilleux dessins animés débiles de notre enfance se vendent comme des petits pains. Sans parler de ceux qui sont près à débourser 20 euros pour voir Bernard Minet chanter le générique de bioman en boîte de nuit. Régression quand tu nous tiens :roll:



Heuuuuu... là faut pas se cacher les yeux: essaye de t'intéresser un peu à ce qu'écoutent les mamys et les papys par exemple, on peut pas dire que le progrès est en marche :wink:

Ce que je veux dire c'est que ce n'est pas parce que c'est débile que nous nous y intéressons à nouveau maintenant, c'est parce que ça a fait partie de notre éducation (quoi qu'on en dise), et qu'il est toujours rigolo de reprendre ça avec un peu de recul. Même chose pour la musique, en plus évolutif je dirais. J'aime bien me retaper un petit Benny B de temps à autre, non pas parce que j'aime ça (ça me ferait peur si c'était le cas), mais parce que j'écoutais ça étant plus jeune... Je crois que c'est le cas de tout le monde, pas seulement de la "nouvelle génération".

Capital symbolique du Cannabis

MessagePosté: 03 Fév 2004, 17:55
par Anonymous
ce qui est sur c'est qu'on à perdu nos vrais valeurs en route.
ici la valeur d'une personne se juge à son fric, demande à un sage, un ancien, un shaman ou un moine ce qui fait la valeur, il te diras: "ce que tu as dans le coeur.. ".

Re: Capital symbolique du Cannabis

MessagePosté: 03 Fév 2004, 19:32
par Petitgris
Le gymnosophiste est de retour.
Kimon, tu peux répondre à tes collègues qu'il est toujours plus confortable
d'identifier un gros méchant responsable de tout mais que la vérité est ailleurs.
C'est terrible à dire mais une telle formulation a le chic de téléporter la responsabilité de l'échec sur un bouc émissaire bien commode...
Les romains considéraient le vin comme neutre. Ce n'est pas le produit qui est mauvais en soi (ontologiquement), c'est éventuellement l'usage qu'on en fait.
Manali, mon frêre de coquille, je te salue bien bas (comme tout le monde d'ailleurs).
Soron, le fait que notre génération soit flattée dans le sens de la régression n'est pas contradictoire avec ma petite théorie sociale. J'y vois plus une démarche commerciale putassière (mais il est vrai que la régression est à la mode) pas forcément liée avec ce qui m'occupe.
Piccolo, faut foutre ton disque de Benny B au feu...

Re: Capital symbolique du Cannabis

MessagePosté: 03 Fév 2004, 19:43
par interceptor
Piccolo, faut foutre ton disque de Benny B au feu...


PTDR :ptdr: :mrd:

Re: Capital symbolique du Cannabis

MessagePosté: 03 Fév 2004, 22:07
par Anonymous
Petitgris a écrit:Piccolo, faut foutre ton disque de Benny B au feu...


Rassures-toi, je n'ai fait que downloader quelques chansons en mp3, je les gardes donc jalousement sur quelques Mb de mon disque dur. Et je ne les effacerais pas!

Re: Capital symbolique du Cannabis

MessagePosté: 03 Fév 2004, 22:08
par Anonymous
Mais vous êtes fous?



OOOOH OUI!

:wink: