Les deux semaines qui suivent sont un cauchemar pour moi, il est insuportable.
La semaine suivante, je l'envoie chez ses parents pour nous resourcer un peu tous les deux chacun de notre côté...
Hier soir vendredi 21 février 2003, ses parents m'appellent, peu avant son retour en train : "Il ne va pas bien, protège toi, quite à appeler 3-4 gars du Samu pour l'emmener. Nous à 4 (en vacances) on a pas pu tenir la semaine"...(j'en ai tenu deux toute seule, en bossant, et enceinte...) Ce n'est pas le genre de ses parents d'aller dans cet extrême là... (ils sont plutôt du genre : "fais en sorte qu'il vois un psy", point) ...Je réfléchi...
Il rentre à la maison, commence à me trier toutes nos photos selon que je soit placée à gauche, à droite ou au milieu... Je lui propose de se faire aider par quelqu'un, "je ne suis pas fou, va dabord toi voir quelqu'un et j'irai"... Ca ne va plus du tout... Je lui dit "viens on va à l'hopital tous les deux, ensemble, parler à quelqu'un..."
Il s'énerve, demande à appeler ma mère. Inconsciamment, il savait qu'elle seule serait capable de voir les choses commes elles étaient (elle travaille dans un centre de réinsertion pour ex-toxico...)
Avec mon frère et mon beau frère, elle vient à la maison. Mon mari s'échappe, on doit prendre les grands moyens pour l'attraper (pour son bien... C'est dur pour moi, ma tête me dit que c'est la seule solution, pour lui, pour son bien, mais mon coeur s'obstine à en vouloir un autre...)... Gendarmerie, blocage du tramway à 20h à la sortie d'un grand magasin... Je suis en contact téléphonique avec mon beau-frère, et j'entend derrière mon mari : "j'ai rien fait, pourquoi vous m'attachez ???" Il devient paranoïaque, il a l'impression que tout le monde lui veut du mal...
Ca fait mal... très mal...
Arrivée à l'hôpital psychatrique, il crie toujours... C'est ma mère qui doit remplir la demande d'hospitalisation par un tiers... Je n'y arrive pas...
Il fait un "délire mystique", il a eu étant petit, une éducation religieuse très poussée. Il est donc persuadé que seul Dieu peut l'aider, qu'accepter l'aide d'"humains" est une insulte à Dieu... Impossible de lui faire entendre raison, même à l'aide "d'arguments bibliques"...
Je l'entend hurler qu'il veut me voir... Je ne peux rien faire... Je suis toute seule avec ma conscience... Et mon coeur...
Il a été transféré dans un autre hôpital psychatrique, j'aurais plus de nouvelles cet après-midi...
Alors combien de parents, de conjoints auront à subir cela ?
Vous pensez que le cannabis est innofensif ? Regardez donc... Vous pensez que ces choses là n'arrivent qu'au "drogués dur" (exta, cocaïne etc), regardez donc !
A combien de petites nièces devront nous expliquer "Tonton ne va pas bien... Mais il ne sera pas toujours comme tu l'a vu la, fais attention à certaines choses quand tu sera plus grande..."
Combien de futurs papa d'à peine 21 ans auront dans leur parcours de vie un "séjour en HP", chose que beaucoup de gens ont tendance à prendre comme un "fait", et non un "épisode" ("il a passé une semaine en psy, il est donc fou jusqu'à la fin de ses jours"...)
Combien de belle-mères devront accepter l'éventualité d'un beau-fils fâché à vie à cause de sa déscision ?
Combien de petit foetus de 6 semaines diront "maman, j'ai mal aussi pour papa" en fesant mal à leur maman ? A tel point qu'elle croie faire une grossesse extra-utérine, et qu'elle finisse aux urgences obstétriques à minuit ? (finalement tout va bien pour le Bébé...)
Combien encore ?
BON DELIRE a vous tous
![Wink ;)](./images/smilies/icon_wink.gif)