Le prix de l'héroïne en chute libre au Pakistan
Les trafiquants se sont débarassés de leurs stocks, et l'après-talibans va favoriser la production.
Par JEAN PIEL
Le samedi 24 et dimanche 25 novembre 2001
Islamabad envoyé spécial.
ans les locaux délabrés de son association, où des affiches jaunies alertent des méfaits de la drogue, Haseeb Rehman s'inquiète du conflit afghan. Pas à cause du sort des populations civiles ou de l'avenir des talibans, mais parce que, depuis les attentats du 11 septembre, le prix de l'héroïne est en chute libre au Pakistan. Président du centre Imran, une ONG qui vient en aide aux toxicomanes à Rawalpindi, banlieue populaire d'Islamabad, Haseeb Rehman constate «qu'aujourd'hui, il est plus facile de trouver de la drogue que de l'alcool au Pakistan. Or, plus l'offre de stupéfiants est importante et les prix sont bas, plus la toxicomanie se développe».
Régions productrices. L'explication se trouve à un millier de kilomètres de là, dans les plaines du Helmand et du Nangarhar, principales régions productrices de pavot en Afghanistan. Là, la politique des talibans, l'attitude des fermiers et les craintes des trafiquants ont entraîné, ces derniers mois, des mouvements de Yo-Yo sur le prix de l'opium. Voulant donner des gages de bonne conduite à la communauté internationale, le mollah Omar, chef suprême des talibans, avait interdit, l'année dernière, la culture du pavot. Interdiction, semble-t-il, respectée. «Au besoin à coups d'amendes, d'emprisonnements et de menaces sur les familles des fermiers», explique un membre d'une ONG française, présente en Afghanistan.
A en croire le Programme des Nations unies pour le contrôle international de la drogue (Pnucid), la production afghane est tombée de 3276 tonnes, en 2000, à 185 tonnes, en 2001. Mais les talibans n'ont pas vraiment perdu dans l'opération. La menace d'une pénurie avait entraîné une hausse vertigineuse du cours de l'opium, d'autant que les talibans, s'ils ont perdu la récolte d'une année, n'ont pas touché aux stocks que détenaient les trafiquants. A Karachi ou Lahore, le kilo était ainsi passé de 30 à 600 dollars (soit de 34 à 685 euros).
Les «étudiants en théologie» au pouvoir à Kaboul prélevaient une taxe sur les récoltes d'opium, appelé le ushr et une autre sur le commerce, le zakhat. «Sur les 2,5 milliards de dollars (2,85 milliards d'euros) que génère chaque année le trafic d'opium, les talibans touchaient environ 75 millions (85 millions d'euros). Ce n'est pas énorme, mais les talibans n'ont pas leur propre réseau d'exportation. Or, c'est là qu'on gagne beaucoup d'argent», explique un policier de la brigade des stupéfiants à Islamabad.
Stocks des trafiquants. Le conflit provoqué par les attentats du 11 septembre a bouleversé la donne. Les frappes américaines menaçaient les filières d'exportation. Les trafiquants se sont donc débarrassés au plus vite de leurs stocks, d'autant que l'insécurité croissante dans le pays leur fait craindre des vols. Résultat: le kilo d'opium est retombé de 600 à 90 dollars le kilo (685 à 103 euros).
Et la production d'opium risque de reprendre à la faveur de l'effondrement des talibans et de l'absence de toute autorité. «Les semis se font en ce moment et les photos-satellites montrent les sillons caractéristiques du pavot, profonds et réguliers pour faciliter l'irrigation», souligne le policier pakistanais de la brigade des stupéfiants déjà cité.
Les fermiers afghans n'ont jamais accepté l'interdiction d'une culture qui assurait les deux tiers de leurs revenus. Et la situation troublée, propre à tout conflit, ne favorise pas les contrôles. Personne ne veut en outre se mettre à dos les tribus pashtounes des régions du Helmand et du Nangarhar, gros producteurs de pavot et dont toutes les parties recherchent l'alliance dans le conflit en cours.
Sous contrôle. Les deux seules provinces afghanes où la production d'opium a augmenté l'année dernière sont le Samangan et le Badakhshan, toutes deux sous contrôle de l'Alliance du Nord, désormais au pouvoir à Kaboul. «Cela m'étonnerait que les Etats-Unis profitent de leur croisade morale contre le terrorisme pour éradiquer une culture qui rapporte tant à ceux qui se battent aujourd'hui pour eux», ironise Haseeb Rehman, avant de partir avec deux éducateurs distribuer soins et nourriture aux toxicomanes de Rawalpindi.
Juste pour dire que meme à 600 EUR le kilo, c'est loin d'etre le prix de l'or.
La hash hollandais vaut bien plus cher.
Alors délire ou pas, moi je ne syuis certain de rien....